«Pas de solution à la crise dans les intérêts du peuple au sein du système capitaliste !»
Extraits de l'interview
de la secrétaire générale du Comité central du KKE, Aleka Papariga,
dans le programme matinal de la chaîne de télévision ANT1
Q: Que propose le KKE,
c'est un parti qui ne cherche pas à conquérir le pouvoir bourgeois.
Il ne dit pas « Votez pour nous, nous formerons un gouvernement et cela
va changer ». Que proposez-vous afin de nous sortir de l'impasse ?
Aleka Papariga: Quand nous
disons aux gens que le système capitaliste – et nous disons cela
au sujet du système capitaliste Européen qui est en fin de cycle –
ne peut objectivement aujourd'hui apporter de solutions, il a donné
tout ce qu'il avait à donner, ce qui signifie qu'ils ne faut pas attendre
du KKE qu'il participe au système politique bourgeois, dans un gouvernement
de gestion du système qui n'a plus rien à offrir.
Donc, vous parlez de
renverser le système.
Bien entendu.
Cela ne vous intéresse
pas de participer à une coalition gouvernementale?
La question n'est pas de
savoir si cela nous intéresse. Les conséquences en seraient désastreuses
pour notre peuple. Et nous serions nous-mêmes confrontés à une grosse
contradiction qui est d'une part que nous lancerions des mots d'ordre
qui vont dans les intérêts du peuple et invoquerions nos 90 ans d'histoire
et d'autre part nous nous assiérions pour négocier la suppression
des primes de Pâques et de Noël. La question n’est pas ce que nous
voulons.
Si les gens votaient
pour vous et vous permettaient de réaliser un gros score, je fais une
hypothèse, que leur diriez-vous : « Je ne vais pas gouverner, car
je vous ferais du mal, puisque je ne peux pas gouverner dans le cadre
du système capitaliste » ?
Le peuple Grec, lorsqu'il
donnera une telle majorité au KKE, sera prêt à se jeter dans la bataille.
Nous expliquons notre ligne politique dans son intégralité. Nous ne
sortons pas dans la rue pour dire qu'un gouvernement peut imposer deux
ou trois bonnes solutions. C'est le genre de mensonges que sortent les
autres partis. Et, selon moi, nous devons dire soit que les politiciens
et les cadres sont incompétents, chose que je ne crois pas, soit qu'ils
mentent consciemment.
Si nous pouvions nous prémunir
des conséquences de la crise et résoudre les problèmes que connaît
le peuple, en participant à un gouvernement, nous y participerions.
Nous avons de l'audace et nous prenons des risques. Mais c'est impossible.
Que ces partis qui parlent de gouvernements progressistes de gauche
ou de centre-gauche, ou de centre-droit nous expliquent qu'ils vont
former un gouvernement. Le jour suivant, ils auront à faire face à
plus de mémorandums, de prêts, à la Fédération hellénique des
entreprises, aux fédérations patronales. Vous savez ce qui se passe
actuellement ? Même lorsque dans un secteur ou une usine, la lutte permet
de faire pression sur le patron et le contraint à un petit recul, la
fédération patronale lui saute dessus et lui dit surtout de ne pas
reculer car cela créerait une brèche dans d'autres entreprises. Ainsi,
le travailleur n'a pas seulement à affronter son propre patron, mais
aussi les propriétaires de capital et des moyens de production dans
son ensemble.
Élections. Si nous
jetons un œil aux sondages, nous n'aurons pas de gouvernement sans
coalition. Quelle place jouerez-vous dans ce processus ? Est-ce que le
KKE va encore une fois clamer haut et fort qu'il est le seul à représenter
la gauche ?
Nous le disons pas de la
manière dont vous le dites. Nous cherchons à exprimer objectivement,
par nos positions, les intérêts de la classe ouvrière et d'une grande
partie des travailleurs indépendants et d'une grande partie des paysans,
mais pas tous les indépendants ni tous les paysans. Nous identifions
des forces sociales. Nous nous adressons au travailleur, tant à ceux
qui votent Nouvelle démocratie que ceux qui votent PASOK. Nous ne voyons
que des forces sociales, car, quand vous parlez en termes de gauche,
de droite, de centre, aujourd'hui vous ne dites rien.
Les gens n'ont rien à
perdre ; au contraire, ils ont quelque chose à gagner si un gouvernement
faible sort des élections. Plus fort sera le gouvernement, plus dur
et résolu il sera contre le peuple.
Soyons réalistes sur les
prochaines élections. Il est possible que le peuple en sorte grandi
et puisse être en mesure de faire obstacle au travail du prochain gouvernement.
Le peuple ne doit pas avoir peur. Si il n'est pas possible de former
un gouvernement avec un seul parti, ils s'entendront entre eux. Ils
s'y préparent déjà. N'écoutez pas M.Samaras, n'écoutez pas ce que
M.Papandreou ou le prochain leader du PASOK disent. Certains sont déjà
prêts à y apporter leur contribution. Nous espérons qu'un moment
viendra où la formation d'un gouvernement sera impossible et le peuple
interviendra. Ce qui est compte, c'est que nous n'ayons pas un gouvernement
fort. Nous ne pouvons pas avoir de gouvernement dans les intérêts
du peuple.
C'est assez habile,
d'un point de vue politique. Vous dites qu'il ne
peut y avoir de gouvernement progressiste, excluant la possibilité
d'un gouvernement non seulement avec votre parti mais aussi avec M.Tsipras
(SYRIZA) et M.Kouvelis (Gauche démocratique).
Nous l'affirmons clairement.
On ne fait pas simplement allusion.
Donc vous l'affirmez
clairement.
Il ne peut y avoir de gouvernement
progressiste qui puisse coexister avec les monopoles, non seulement
dans l'économie mais partout, qui entamerait des négociations au sein
de l'UE – car c'est ce qu'ils disent : qu'ils vont mener les négociations
dans un esprit combatif, mais cela ne peut se produire. Ces deux choses
sont incompatibles. Mais nous pouvons avoir un mouvement fort, le lendemain
des élections.
Les gens nourrissent
des attentes envers vous. Ils disent que le KKE pourrait se trouver
devant une situation historique qu'il n'a peut-être jamais connu depuis
la fin de la dictature, pouvant faire sentir sa présence sur la base
des voix qu'il pourrait gagner et ils veulent connaître les propositions
du KKE pour une sortie de crise. C'est ce qu'attendent des gens qui
n'ont pas de lien idéologique avec le KKE.
Nous avons une proposition
de sortie de crise. Je ne vais pas juste vous dire que nous l'avons
distribué sous forme de tracts. Nous organisons des rassemblements,
des réunions dans toute la Grèce. Nous ne pourrions en réalité vous
la présenter en une minute. Si il s'agit de dire qu'il peut y avoir
une sortie de crise alors que tout restera à l'identique et qu'un gouvernement
qui sortira des élections changera tout par des lois votés au parlement,
et bien cela est impossible. Autrement dit, il ne peut y avoir d'issue
dans les intérêts du peuple dans le cadre du système actuel.
Vous parlez de renverser
le système.
Oui, mais cela ne se fera
pas en un soir ni en une seule offensive. Nous disons la chose suivante :
dans chaque bataille, le peuple doit concrétiser des avancées par
des victoires, même partielles, conquises dans la lutte. Nous ne pouvons
pas exclure la possibilité d'une rupture radicale dans les années
à venir. Les gens décideront d'eux-mêmes et dans le même temps ils
doivent y être prêts et exercer une pression décisive, en empêchant
le pire et en remportant des acquis. Nous ne pouvons pas fixer de date
pour la transformation du système politique, nous ne pouvons pas fixer
un délai d'une, deux ou trois années car cela dépend de la majorité
du peuple, cela n'est pas du ressort du seul KKE. Si le peuple n'en
prend pas la décision, il n'y aura pas de changement.
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