Intervention d'Anthikos Mpellas, cadre du KKE en France, le 13 octobre au séminaire international de Vennissieux sur les 90 ans du PCF
Chers camarades,
Nous voudrions remercier les camarades
de Vénissieux pour leur invitation. A l’occasion nous voudrions vous
informer des résultats des élections régionales/municipales qui se
sont passées le week-end dernier en Grèce. En prenant compte des grandes
et dures luttes qui ont précédé contre les mesures impopulaires qu’a
imposées au peuple le gouvernement social-démocrate du PASOK avec
l’UE et le FMI, les élections ont eu un caractère politique intense. Le
KKE ne s’est pas seulement fixé comme perspective d’éviter les
mesures d’austérité mais a aussi constamment projeté le besoin
pour un autre pouvoir et pour une économie sans monopoles et exploiteurs
afin de vraiment changer la vie du peuple. Le KKE a était leader dans
ces luttes du mouvement ouvrier-syndical avec le Front de Lutte Syndicale,
le PAME.
Le KKE est le seul parti à avoir augmenté son nombre de votes et ses pourcentages. Le KKE a eu:
- Augmentation de 3,3% (+75.000 votes) par rapport aux élections parlementaires de 2009, ainsi qu’une
- Augmentation de 3,6% (110.000 votes) par rapport aux élections municipales de 2006.
- Le KKE a élu 40 conseillers dans des Conseils Régionaux et plus de 500 conseillers dans des Conseils Municipaux. Dans deux municipalités les candidats du KKE sont passes au deuxième tour des élections. D’une autre part le PASOK a perdu 1 million de votes.
L’opposition néolibérale de
la Nouvelle Démocratie a reculé en perdant 500.000 votes alors que
le milieu de l’opportunisme (SYN/SYRIZA), qui est en pleine crise
idéologique-politique, et qui pendant tout ce temps a prouvé son manque
de fiabilité en accusant le KKE d’être coincé et sectaire tout
en collaborant et soutenant les choix du gouvernement du PASOK, a concentré
4,5% alors qu’aux élections de l’année dernière il concentrait
un pourcentage de 4,6% (perte environ de 50.000 votes).
Le parti nationaliste et anticommuniste LAOS
a concentré 4% (environ 1,5% de moins par rapport à 2009 et 150.000
de votes en moins). A noter cependant que dans trois régions ce parti
n’avait pas une liste propre à lui-même et a soutenu la ND dans
les deux et le PASOK dans l’autre. Le très grand nombre de l’abstention
(39% alors qu’aux élections de 2009 elle était à 29%) surtout en
Attique (région d'Athènes) et à la municipalité d’Athènes exprime
un mécontentement populaire et une condamnation tant du PASOK que de
la ND.
L’abstention a un fond plus
politique que le même phénomène d’abstention aux élections européennes.
Elle exprime un processus positif d'émancipation du peuple des partis
bourgeois et de la logique de gestion de la crise du système, un processus
qui n'a pas encore abouti.
Il est intéressant de voir le
soutien important porté au KKE non seulement au total, mais plus
spécialement dans les grands centres urbains où la classe ouvrière
de Grèce travaille et vit. Dans la région de l’Attique, une région
de 4 millions d’électeurs, le KKE augmente son pourcentage
de 10,2% à 14,42%. Cela montre au KKE, le parti de la classe ouvrière,
que des conditions importantes existent, pour que le front sociopolitique
de l’alliance populaire se forme et s'établisse. Car d’après nous,
la ligne politique et l’action du KKE aux élections font partie de
sa stratégie, de sa lutte pour le socialisme. Le prochain pas pour
le peuple doit se faire le lundi 15 Novembre
aux mobilisations de plus ample importance auxquelles appelle le KKE
afin d’intensifier l’opposition de la grande majorité du peuple
au Mémorandum et aux mesures d’austérités barbares. Il est d’une
grande importance pour nous de participer à un meeting pour les 90
ans du PCF. Nous retenons l'histoire glorieuse et l’étendue de l’action
des communistes en France, comme l'établissement héroïque de la Commune
de Paris en 1871, premier pouvoir prolétaire au monde et sa sanglante
suppression par la classe bourgeoise. L’histoire du PCF comprend d’importantes
luttes et liens que le parti a construits avec la classe ouvrière de
France et avec les couches populaires pauvres à des moments critiques
de l’Histoire. Ce sont des rangs de ce parti qu’ont découlé des
personnalités communistes comme Eluard, Aragon et Picasso. Le PCF a
aussi une contribution historique particulière dans l’expression
de la solidarité mondiale, dans la lutte contre les colonies, dans
l’accueil et soutien de communistes persécutes, de guérillas et
de mouvements de libération nationale. Les liens historiques du PCF
et du KKE se sont confirmés lors de moments critiques. Les communistes
grecs n’oublient pas par exemple l’importante visite de solidarité
de Paul Eluard en Grèce, ainsi que la solidarité des communistes français
pendant que la lutte des classes s’intensifiait en Grèce avec la
lutte féroce du DSE.
A l’occasion des 90 ans du PCF
et ayant traversé le carrefour de la contrerévolution, il est mature
de tirer quelques conclusions sur le parcours du mouvement communiste,
maintenant que l’expérience internationale et nationale est grande.
Dans un premier temps nous nous tenons devant le problème politique
fondamental d’un parti communiste, sa stratégie. Sa capacité à
répondre à son devoir essentiel, traiter correctement la question
du pouvoir politique, du développement de la théorie du communisme
scientifique. Le bilan critique –loin du nihilisme- se concentre sur
la capacité du Parti Communiste à confirmer son rôle idéologique
politique distincte et son rôle d’organisateur dans chaque phase
de la lutte.
Ce bilan s’exprime, par conséquence,
par l’analyse objective des contrastes socio- économiques, l’alignement
des forces de classes, par la corrélation politique et par la tactique
de l’adversaire des classes.
L'action distincte du Parti Communiste
garantit une politique d'alliance qui ne sape pas les intérêts stratégiques
de la classe ouvrière, au nom de quelques succès temporaires. Les
alliances, un élément intégrale de la stratégie, présupposent des
compromis qui ne doivent pas nuire à la mise en avant de la stratégie
du Parti Communiste. De plus, l'évolution historique a prouvé, parfois
de façon douloureuse, que si l'état bourgeois n'est pas démoli par
les forces révolutionnaires, la possibilité d'établissement et de
solidification du pouvoir successeur est mise en cause. Concernant cette
question, la classe bourgeoise dispose d'une résolution et d'une expérience
très grande.
L'histoire de notre parti, du
KKE, a été marquée par la lutte pour maintenir son existence,
tant contre l'attaque de la bourgeoisie que contre la sape de l'opportunisme,
les essais les plus importants comprenant celle des décennies 1950
et 1960, ainsi que celle de la fin des années '80 au début 1991. Dans
les deux cas, une soi-disant ''coalition de gauche'' de partis et d'organisations
(des communistes, des sociaux-démocrates etc.) a été utilisé comme
moyen , une coalition que les forces opportunistes ont voulu transformer
en parti unifié afin que, évidemment, le KKE cesse d'exister, que
l'avant-garde consciente de la classe ouvrière, qui se bat pour renverser
le capitalisme et construire la société socialiste, se liquide dans
des schémas opportunistes confus. Au fait, dans le premier cas, dans
les années 1950-1960, le KKE avait dissout ses cellules pendant 10
ans. Dans les deux cas, ils ont échoué à promulguer la mutation du
KKE, son intégration dans le système politique bourgeois et finalement,
sa dissolution.
Le KKE a défendu les principes
fondamentales et les caractéristiques d'un parti communiste, l'idéologie
du socialisme-communisme scientifique, le marxisme-léninisme, l'internationalisme
prolétarien, le centralisme démocratique, les lois scientifiques du
socialisme-communisme, des lois qui étaient le premier cible de l'attaque
anticommuniste et opportuniste. Le KKE, malgré l'obstination des opportunistes,
de l'impérialisme, contre le courant international opportuniste, a
pu finalement se tenir debout, tout en conquérant sa constitution révolutionnaire.
Ce fait est d'une importance historique significative, ça traverse
l'histoire de 90 ans de notre parti. Ce fait a constitué le départ
pour un nouveau début du KKE, le départ pour l'effort d'une contribution
encore plus importante de sa part à l'œuvre difficile de l'unité
idéologique et politique du mouvement communiste international.
Le KKE est contre le nihilisme
concernant la construction socialiste dans le 20ème siècle, et avec
la résolution de son 18ème congrès, il a mis en avant l'offre du
mouvement ouvrier et communiste à l'humanité et l'actualité intemporelle
de la lutte des classes comme la seule force motrice pour la libération
de la classe ouvrière, avec l'abolition de la propriété aux moyens
de production. Notre parti a enrichi son programme politique et plus
particulièrement, les volets qui parlent de la conquête du pouvoir
et de la construction du socialisme- communisme. Un des devoirs les
plus importants du front idéologique communiste est de réhabiliter,
aux yeux des travailleurs, la vérité pour le socialisme du 20ème
siècle, de façon objective, sans idéalisations, épargnée de la
diffamation de la classe bourgeoise. Mais la campagne de diffamation
et la croisade anticommuniste qui a comme pointe la propagande anti-staliniste,
en visant ainsi la période qu'ont été posés les fondements de la
construction socialiste, ne peut cacher la vérité pour longtemps.
La vérité ne peut non plus être déformée par l'effort de dévalorisation
du socialisme du 20ème siècle à travers des théories opportunistes.
L'anticommunisme, qui comprend, entre autres, la réécriture de l'Histoire,
montre que la classe bourgeoise a peur.
La défense des lois scientifiques
du socialisme et, en même temps, la défense de ce que le socialisme
du 20ème siècle a offert à l'humanité, constituent, pour le KKE,
un critère pour les relations avec les autres partis communistes et
ouvriers, pour la constitution d'un pôle communiste dans le mouvement
international.
De plus, c'est nécessaire aujourd'hui
qu'une réponse soit donnée aux theories concernant des « modèles
» du socialisme adaptés aux particularités « nationales », le défaitisme
de parler constamment des « erreurs » que les pays socialistes et
le mouvement avaient commis, des théories qui sont étroitement liées
à la reproduction du point de vue du socialisme avec un marché, comme,
par exemple, en Chine, où les relations de production capitalistes
sont dominantes.
Le KKE a pu se tenir debout, parce
qu'il est resté fidèle au marxisme-léninisme, parce qu'il a des racines
très profondes dans la classe ouvrière, parce qu'il a une très grande
expérience des luttes de classe très durs et de diverses formes. Une
expérience de lutte contre des courants opportunistes qui ont essayé
auparavant de le dissoudre. En lui exerçant une pression suffocante,
ils ont essayé de l’agglutiner au chariot de l'UE. Or, le KKE a insisté
sur le fait que l'UE est une union inter-étatique du capital, une puissance
impérialiste, un ennemi de la classe ouvrière des peuples européens
et des peuples en général. Par conséquence, le KKE a voté contre
le Traité de Maastricht pour l'intégration européenne capitaliste,
un traité pour lequel ont voté pour la ND, le PASOK et le Synaspismos.
La lutte du KKE contre l'UE, pour que la Grèce en sorte, constitue
aujourd'hui un élément de fiabilité et une confirmation de ses estimations
politiques lesquelles de plus en plus d'ouvriers et des couches populaires
pauvres constatent. La lutte contre l'UE est directement liée à la
lutte pour le pouvoir du peuple.
Les efforts de l'ennemi de classe
et de l'opportunisme de porter un coup au KKE et son idéologie, ne
cesseront pas. Les attaques constantes contre notre Parti, comme quoi
il est dogmatique, bloqué au passé, sectaire et isolé, ont un seul
but: Transformer le KKE en un parti qui posera aucun danger pour le
capital et son pouvoir.
Le Parti Communiste est le fruit
de la classe ouvrière, le fruit de la fusion du mouvement ouvrier avec
la théorie du socialisme scientifique et il maintient sa vivacité
de jeunes quand il exprime les besoins modernes de la classe ouvrière
et se bat pour le renversement de la barbarie capitaliste. Sa création
a marqué le début de l'émancipation de la classe ouvrière du capital
et des partis bourgeois. Pour la première fois, il est apparu dans
la société humaine un parti qui fixait comme but stratégique l'abolition
de l'exploitation d'homme par homme, contre le réformisme qui proclamait
que la classe ouvrière arriverait au socialisme à travers des réformes.
Le véritable renouvellement s’identifie
à la capacité du Parti à corriger ses erreurs afin de mieux répondre
à ses devoirs de la lutte des classes. Notre Parti a d’ailleurs concentré
une riche expérience de son action et de l’évolution du dit « eurocommunisme
» du courant de « renouvellement » du mouvement communiste. Ce courant
a violemment touché le mouvement communiste en Europe, comme ici en
France, et consiste en des méthodes et principes sociaux-démocratiques.
Avec comme ligne politique « l’unité de la gauche » pour la conquête
d’une « majorité parlementaire gauche » et avec pour outil, le
dialogue social et le parlementarisme bourgeois, qui constitue l'expression
d'une politique de gestion du système.
L’opportunisme a une base objective.
Il nait et se reproduit grâce aux petits bourgeois qui se détruisent
et s’incrustent dans les lignes de la classe ouvrière, grâce à
de nouvelles sections salariées de scientifiques, ainsi que grâce
aux grandes dimensions que prend « l’aristocratie ouvrière » ,
due à une part des profits excessifs que le capital offre pour racheter
une couche de forces ouvrières et populaires dans le mouvement syndical
et dans l’Administration Locale. Les divers programmes de l’UE contribuent
à cela. De plus, la faiblesse des forces de lutte à s’adapter aux
nouvelles données et aux exigences de la lutte des classes pousse au
développement de l’opportunisme. Et c’est pour cela que la composition
du point de vue sociale, du point de vue des classes de leur Parti Communiste,
ainsi que les liens qu’il entretient avec la classe ouvrière et les
autres couches populaires pauvres, doivent être au centre de l’attention
des communistes. C’est ce qu’a prouvé l’expérience du parcours
de nombreux Partis Communistes, comme celui de l'Italie, de l'Espagne
et du PCF, en Europe et ailleurs. Leur renouvellement tellement loué
pendant des décennies, qui s’est exprimé avec le rejet de tout caractéristique
de la physionomie pouvant rappeler un Parti Communiste, a conduit à
la paralysie du mouvement ouvrier, au changement de la composition de
sa base sociale et à l'incorporation de ces partis au PGE, le mécanisme
de mutation des Partis Communistes de l’UE.
Aujourd’hui, l’opportunisme
s’aide encore plus du rapport de force négative, des nouvelles difficultés
que créent dans la vie des travailleurs la totalité de l’attaque
du capital et de ses parties. Une attaque qui, comme a été démontré
et comme nous avions prévu, ne concernait pas seulement la Grèce,
mais les autres pays de l’UE aussi, avec l’exemple flagrant de la
France. Pour faire face à l’opportunisme, parallèlement à un puissant
front idéologique, il existe le besoin de la politisation essentielle
des luttes de la classe ouvrière et des couches populaires. Des luttes
défensives au nom de « l’unité » ne suffisent pas. Il faut se
rassembler dans une ligne de lutte anti-impérialiste antimonopoliste
en mettant en avant la perspective et le débouché que recherche l’ouvrier
plus que jamais dans les grandes impasses du capitalisme, surtout en
période de crise. Le débouché d’une économie et d’un pouvoir
ouvrier populaire, une autre voie de développement, qui, pour les communistes,
est clairement le socialisme.
Le KKE a insisté et insiste
encore que les renversements antirévolutionnaires des années 1989-1991
n'annulent pas le caractère de notre époque comme une époque de passage
du capitalisme au socialisme.
Il a été confirmé
qu'il n'existe pas une troisième voie de développement, ni un développement
qui profite à toutes les classes. Soit le développement servira à
l'impérialisme, à savoir la gestion du système capitaliste, soit
au peuple !
Le devoir principal de l'avant-garde
ouvrière politique à chaque pays est de veiller, de se préparer
idéologiquement, politiquement et en termes d'organisation, pour des
grands conflits et renversements, de faire monter le niveau de conscience
politique de la classe ouvrière. Il ne faut pas que le PC guide les
masses aux déchaînements aveugles et anodins, mais qu'il se confronte
au pouvoir du capital. Il faut qu'il mette en avant, avec toute sa ligne
de lutte, le problème politique du pays, à savoir que les moyens de
production les plus importants appartiennent aux monopoles. C'est sur
cette ligne de lutte que le parti doit forger l'unité en termes de
classe de la classe ouvrière, ses alliances sociales et politiques
avec les couches populaires pauvres de la ville et de la campagne, son
unité internationaliste sans pour autant sous-estimer le champ de lutte
nationale. La lutte de classe persistante à chaque pays est le condition
pour qu'il existe une action persistante et efficace à l'international.
Le 21ème siècle sera le siècle
du ravitaillement du mouvement communiste, le siècle des nouvelles
révolutions sociales qui amèneront la classe ouvrière et les autres
forces populaires au pouvoir avec une plus grande maturité et stabilité.
Les contradictions sociales sont irréconciliables et s'accentuent,
malgré l'obstination des apologistes du capitalisme.
La classe ouvrière et les couches
populaires pauvres ne resteront pas bloqués au passé. La classe ouvrière
et les couches populaires pauvres, et notamment leurs générations
les plus jeunes, ne méritent qu'un seul avenir, ce dont l'impérialisme
a peur:
L'avenir socialiste- communiste.
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