Les thèses du parti communiste de Grèce sur l'avenir de l'Europe
Discours du SG du CC du KKE, Aleka Papariga,
à la conférence du Mouvement "Action: Thessalonique 2003"
sur l'avenir de l'Union européenne
C'est par une rétrospective historique remontant au début du 20e siècle, lorsque commence le débat théorique sur la création de l'actuelle Union européenne (UE), que le SG du CC du Parti communiste de Grèce (PCG), Aleka Papariga, a introduit son discours à la conférence du Mouvement "Action: Thessalonique 2003" sur l'avenir de l'UE.
L'Histoire enseigne ...
Comme l'a fait observé A. Papariga, "le débat théorique sur la création de l'UE a été engagé au début du 20e siècle, mais ce projet a été suspendu en raison de la Deuxième Guerre Mondiale. Depuis lors et jusqu'à aujourd'hui, il est officiellement établi que l'Union constitue une union d'Etats capitalistes, comme en atteste le fait que pas le moindre effort n'est fait pour dissimuler son caractère de classe. Lorsque, d'ailleurs, au tout début des concertations, l'URSS a manifesté un intérêt à y participer, elle en a été exclue tout justement parce que la Communauté n'acceptait pas le système socio-économique socialiste".
"L'impulsion pour la création de la CEE - a-t-elle poursuivi - a été donnée par le Plan Marshall, en 1948, qui fut intitulé plan pour la "reconstruction de l'Europe".
Les Etats-Unis voulaient d'une part une Europe unie afin qu'elle intervienne et entrave le développement socialiste, alors que d'autre part ils savaient qu'avec le temps l'Union européenne deviendrait un facteur antagoniste à leurs propres intérêts. Finalement, c'est l'intérêt stratégique de classe qui a prévalu, qui consistait au renforcement du capitalisme européen, à créer une main de fer contre les mouvements populaires.
Tout au long du parcours, et alors que le processus d'unification avance - souligne A. Papariga - se confirment, comme facteurs inhérents du capitalisme, le développement deséquilibré, d'où le fossé qui se creuse, l'accumulation et la concentration du capital, tout comme les contradictions internes inévitables, toujours présentes aujourd'hui. La domination des intérêts des forces européennes dirigeantes aux dépens des autres pays capitalistes, mais aussi l'influence omniprésente des Etats-Unis s'accentuent.
L'invasion américano-britannique en Irak n'a pas provoqué la fracture au sein de l'UE, et entre les Etats-Unis et l'axe franco-allemand. Elle a simplement amené en surface la fracture qui préexistait.
Les contradictions au sein de l'UE et entre les forces impérialistes européennes et les Etats-Unis ne cesseront d'exister. Certains ponts d'amitié et de coopération pourront être lancés face à l'ennemi commun, à savoir les peuples, mais ils s'effondreront lorsque les rivalités internes pour la redistribution des marchés reprendront de nouvelles proportions. La preuve en est la décision de l'Allemagne, de la France, de la Belgique et du Luxembourg d'aménager l'Union européenne de sécurité et de défense. Bien qu'ils affirment qu'elle aura un rôle complémentaire à l'OTAN, il est clair pourtant que cette décision constitue un essai de sevrage du système militaire des Etats-Unis. Les conflits locaux pour les marchés placeront inévitablement les peuples devant le danger d'un embrasement généralisé. Aucun traité et accord européens ne sera capable d'arrêter une guerre, lorsque les antagonismes intra-européens et mondiaux culmineront. La paix impérialiste qui succède à la guerre n'est pas moins douloureuse, à savoir une paix de type cimetière, comme en Irak, en Yougoslavie, etc. L'édifice européen est régi, par conséquent, à la fois par la tendance à l'unification, et en même temps par la différenciation-éclatement.
La guerre et le superprofit capitaliste vont de pair. L'UE ne peut pas garantir la paix et la sécurité en faveur des peuples.
Les Etats-Unis ne renoncent pas facilement à l'hégémonie mondiale, mais même s'ils la perdent, une nouvelle force impérialiste prendra leur place. La question n'est pas, par conséquent, de savoir qui de l'impérialisme américain ou européen vaincra, mais comment tous les deux perdront face aux mouvements populaires, comment les mouvements populaires exploiteront les contradictions impérialistes.
Le monde multipolaire que défendent en parole les forces impérialistes européennes n'est rien d'autre qu'une coexistence et une confrontation au sein des divers centres impérialistes, une confrontation qui se déroulera parfois par des moyens économiques et politiques, parfois aussi par des moyens militaires et des guerres''.
L'"autre" dosage de politique européenne - Opposition vaporeuse
Par la suite, le SG du CC du PCG a noté: "De nos jours, les divers états-majors économiques des Etats membres, tout comme d'ailleurs les états-majors internationaux du capital s'efforcent de trouver, face à l'accroissement de la pauvreté et du chômage, face aux problèmes auxquels est confrontée la reproduction du système capitaliste, un moyen d'équilibre entre deux tendances conflictuelles. Ils tentent c'est-à-dire de concilier l'inconciliable; d'une part, réussir à contenir une nouvelle chute brutale du pouvoir d'achat des salariés, répartir le chômage, et d'autre part contenir la tendance à la baisse du taux moyen de profit.
Ce problème se pose aussi en Grèce, à cause notamment des prémisses de crise qui existent, ce qui apparaît dans la stagnation de l'industrie de transformation, dans la chute de l'indice de production de biens issus d'investissements, dans la stagnation du PIB et dans la baisse de la compétitivité, l'accroissement de la pauvreté, la détérioration du niveau de vie.
Les propositions qui voient le jour en Europe, et également en Grèce, ne s'écartent pas bien sûr du cadre de la politique néolibérale. Elles s'inscrivent dans la logique de la voie unique et sont incapables de briser le cycle de la crise.
Les propositions par ailleurs provenant de l'espace de la dite tendance gauche de la socialdémocratie ou de la tendance du "renouveau" n'échappent pas non plus à cette même logique dont l'essentiel et le fondamental sont: la libération des marchés et la stimulation de la production capitaliste privée grâce à l'intervention de l'Etat et un certain renforcement de la production du secteur public. Elles n'échappent pas au régime des relations de travail libéralisées, au dit équilibre entre plein-emploi et flexibilité du travail. Si les travailleurs se laissent piéger dans la logique de ce qui est réalisable en ne s'attaquant pas à la politique généralisée gérée par un gouvernement de coalition de centre-gauche ou de centre-droit devant apporter des solutions à leurs problèmes, alors ce qui les attendra ce ne sera rien d'autre que de la déception, la passivité et l'intégration''.
Le débat sur la création de partis européens
Se référant en outre au débat sur la création de partis européens, A. Papariga a averti qu'est flagrante la tentative de créer des partis à l'intérieur de la cage capitaliste, mais aussi de déprécier le champ de lutte national.
"L'elargissement de l'UE porte plus directement sous les feux de l'actualité un débat qui a débuté de manière programmée et planifiée au sein de l'Union pour la création de partis européens à l'intérieur et à l'extérieur du parlement, lesquels porteront le sceau de la légalité, en tant que partis qui dirigent les peuples dans l'effort de faire passer coûte que coûte la politique du capital; en tant que partis dont l'opposition sera suffisamment anodine, en ce sens qu'ils ne renieront pas les principes sacro-saints de l'UE et de ses unions alliées. Ces partis sont même appelés à servir l'image illusoire du pluralisme démocratique, à jeter de la poudre aux yeux des peuples.
Le cadre institutionnel qui est aménagé utilise de nombreux appâts pour imposer l'existence de partis européens qui auront toutes les caractéristiques d'un organisme bureaucratique avec à leur tête l'élite dirigeante ayant un chèque en blanc pour faire tout ce qu'elle veut, plus précisément de faire tout ce que veut le système. A cette fin sont utilisées comme armes les facilités au sein du Parlement européen, des subventions financières, et qui sait encore quel autre artifice qui sera posé sur la table des négociations afin de créer des partis uniformes intégrés dans la cage du capitalisme. Le but ne pourrait être plus clair que cette volonté de faire passer au second plan, de déprécier le champ de lutte national, toute liberté de mouvement des partis au plan national, d'imposer un ordre des choses nouveau où les partis européens seront moins vulnérables aux pressions et mouvements populaires.
Bien sûr, la question de l'action commune paneuropéenne, de la coordination, des relations internationalistes plus étroites, constituent une nécessité aussi pour les partis communistes, anti-impérialistes, radicaux qui ne se complaisent pas à être intégrés, qui ne veulent pas renier des valeurs et des idéaux ayant inspiré des peuples et des mouvements sur le continent européen et dans le monde. Si pour les partisans de l'UE il est nécessaire d'exploiter ou de créer de toute pièce des partis sous son obédience, il est plus que jamais nécessaire pour le mouvement populaire d'aménager les conditions d'une action paneuropéenne commune distincte, une lutte de classe commune.
Indépendamment donc des interventions de l'UE dans le système politique de chaque pays, il faut engager un vrai débat sur comment coordonner les forces de classe combattantes au niveau européen, et comment elles pourront faire face au crescendo de l'autoritarisme de l'UE, désormais politiquement et étatiquement hyperconcentré, qui se manifeste aussi via l'institutionnalisation de partis politiques européens.
Le PCG , de par sa nature et ses caractéristiques, a été et est toujours ouvert à la réflexion et à la recherche d'une coordination et action commune, à la recherche des formes adéquates qui prennent en compte la réalité actuelle, lesquelles bien sûr ne suppriment pas les responsabilités propres de chaque parti dans le champ d'action national.
Nous sommes pour la formation d'un pôle communiste distinct qui contribuera, en même temps et parallèlement, à constituer une alliance anti-impérialiste élargie.
L'internationalisation ne signifie pas nivellement national, mais des relations d'interaction et de dialectique de l'action au plan national et mondial.
Nous avons une certaine expérience à ce sujet, à la fois positive et négative, riche de succès mais aussi de difficultés.
Nous estimons que les partis communistes, associations, groupes et mouvements, pouvons engager un tel débat, sans qu'il s'intègre dans les règles et les limitations politiques de l'UE qui est d'ailleurs l'ennemie de toute idée d'émancipation et de regroupement contre le nouvel ordre actuel.
En même temps, dans le cadre du Parlement européen, il est possible de construire des coopérations et regroupements pour faire face à la dévalorisation des groupes parlementaires qui luttent contre la politique anti-populaire, rassembler tous ceux qui s'intéressent à combattre l'autoritarisme qui se renforcera aussi au sein même du PE dans les années à venir".
Notre position à la question
L'AVENIR DE L'EUROPE
En exposant la position du PCG à la question de savoir quel peut être l'avenir de l'Europe, le SG du CC du PCG a souligné: "Notre position résulte de notre évaluation sur le caractère de l'UE, en tant qu'accord interétatique capitaliste, qui sert la reproduction du système, la concentration capitaliste encore plus poussée. A la forme capitaliste de socialisation, nous y opposons la forme socialiste. L'unification capitaliste européenne n'est pas une voie unique, tout simplement parce que le capitalisme n'est pas une voie unique pour le peuple. L'unification ne "vivra" pas éternellement. L'Europe, elle, sera unie soit sous le capitalisme, soit sous le socialisme. Il n'y a pas de troisième voie, de voie intermédiaire.
Dans l'avenir immédiat, l'Europe aura à faire face à de nombreux problèmes, alors qu'iront croissant les clivages et les déséquilibres, et que se formeront de nombreux groupes et sous-groupes d'Etats membres et que se développeront avec plus d'intensité les contradictions en son sein.
Le mouvement populaire de chaque pays ne doit pas rester indifférent aux contradictions intra-impérialistes, mais ni prendre parti pour l'un des antagonistes et contre l'autre. Le mouvement populaire doit en profiter, puisque de toute façon les contradictions existent objectivement, il doit aménager les conditions pour la victoire finale, en tenant compte que les contradictions intra-impérialistes contribuent elles aussi, outre le facteur fondamental de la lutte des classes, à affaiblir l'adversaire.
L'avenir de l'Europe est lié indissociablement avec l'avenir du mouvement populaire dans chacun des Etats-membres, grâce au renversement du rapport de forces à l'intérieur du plus grand nombre possible de pays, et aussi entre les plus puissants et les moins puissants. Plus se renforcera la mouvement anti-capitaliste, anti-impérialiste, plus se multiplieront les opportunités de changement au niveau du pouvoir et plus l'UE s'affaiblira. Dans cette lutte peuvent s'unir des forces qui se fixent pour perspective l'Europe socialiste, ainsi que des forces qui peuvent avoir des désaccords sur le socialisme voire une conception différente sur la future Europe, dès lors que leur conception est opposée aux intérêts des monopoles, de l'impérialisme. Ce qui nous unit, c'est l'opposition et la rupture avec l'UE.
Ce qui importe, c'est que le mouvement populaire de chaque pays progresse dans une voie de revendication de changements au niveau du pouvoir, en opposition intégrale et claire aux intérêts des monopoles et de l'impérialisme. Le désengagement des centres capitalistes et impérialistes doit constituer l'objectif de lutte de tous les peuples et mouvements européens, afin qu'il y ait une concentration des forces dans cette voie. La concentration des forces dans l'objectif du désengagement en association, bien sûr, avec des changements à l'intérieur de chaque pays, contribueront à construire le pôle opposé à la hauteur de l'adversaire, au niveau des mouvements populaires, au niveau gouvernemental, où il n'existe pas aujourd'hui.
Le désengagement ne signifie pas l'isolement national et la rupture dans les relations économiques internationales. C'est au contraire un désengagement pour revendiquer des relations économiques sur base de l'intérêt mutuel des pays. Parallèlement à la tendance au désengagement, se développera la tendance à la coopération mutuelle entre les pays désengagés, mais aussi la coopération avec des pays tiers qui évoluent eux aussi, à divers degrés, sur une trajectoire similaire, ce qui garantira l'internationalisation de la lutte de classes, la mondialisation des phénomènes et des tendances.
La tendance de se soustraire aux unions impérialistes se généralisera tôt ou tard, la tendance à des coopérations bilatérales, régionales ou multilatérales deviendra réalité tôt ou tard. La question est de savoir ce que fait chacun des mouvements pour aider à ce que cela se fasse.
Les peuples peuvent s'engourdir, reculer, mais en fin de compte ils ne se suicident jamais''.
à la conférence du Mouvement "Action: Thessalonique 2003"
sur l'avenir de l'Union européenne
C'est par une rétrospective historique remontant au début du 20e siècle, lorsque commence le débat théorique sur la création de l'actuelle Union européenne (UE), que le SG du CC du Parti communiste de Grèce (PCG), Aleka Papariga, a introduit son discours à la conférence du Mouvement "Action: Thessalonique 2003" sur l'avenir de l'UE.
L'Histoire enseigne ...
Comme l'a fait observé A. Papariga, "le débat théorique sur la création de l'UE a été engagé au début du 20e siècle, mais ce projet a été suspendu en raison de la Deuxième Guerre Mondiale. Depuis lors et jusqu'à aujourd'hui, il est officiellement établi que l'Union constitue une union d'Etats capitalistes, comme en atteste le fait que pas le moindre effort n'est fait pour dissimuler son caractère de classe. Lorsque, d'ailleurs, au tout début des concertations, l'URSS a manifesté un intérêt à y participer, elle en a été exclue tout justement parce que la Communauté n'acceptait pas le système socio-économique socialiste".
"L'impulsion pour la création de la CEE - a-t-elle poursuivi - a été donnée par le Plan Marshall, en 1948, qui fut intitulé plan pour la "reconstruction de l'Europe".
Les Etats-Unis voulaient d'une part une Europe unie afin qu'elle intervienne et entrave le développement socialiste, alors que d'autre part ils savaient qu'avec le temps l'Union européenne deviendrait un facteur antagoniste à leurs propres intérêts. Finalement, c'est l'intérêt stratégique de classe qui a prévalu, qui consistait au renforcement du capitalisme européen, à créer une main de fer contre les mouvements populaires.
Tout au long du parcours, et alors que le processus d'unification avance - souligne A. Papariga - se confirment, comme facteurs inhérents du capitalisme, le développement deséquilibré, d'où le fossé qui se creuse, l'accumulation et la concentration du capital, tout comme les contradictions internes inévitables, toujours présentes aujourd'hui. La domination des intérêts des forces européennes dirigeantes aux dépens des autres pays capitalistes, mais aussi l'influence omniprésente des Etats-Unis s'accentuent.
L'invasion américano-britannique en Irak n'a pas provoqué la fracture au sein de l'UE, et entre les Etats-Unis et l'axe franco-allemand. Elle a simplement amené en surface la fracture qui préexistait.
Les contradictions au sein de l'UE et entre les forces impérialistes européennes et les Etats-Unis ne cesseront d'exister. Certains ponts d'amitié et de coopération pourront être lancés face à l'ennemi commun, à savoir les peuples, mais ils s'effondreront lorsque les rivalités internes pour la redistribution des marchés reprendront de nouvelles proportions. La preuve en est la décision de l'Allemagne, de la France, de la Belgique et du Luxembourg d'aménager l'Union européenne de sécurité et de défense. Bien qu'ils affirment qu'elle aura un rôle complémentaire à l'OTAN, il est clair pourtant que cette décision constitue un essai de sevrage du système militaire des Etats-Unis. Les conflits locaux pour les marchés placeront inévitablement les peuples devant le danger d'un embrasement généralisé. Aucun traité et accord européens ne sera capable d'arrêter une guerre, lorsque les antagonismes intra-européens et mondiaux culmineront. La paix impérialiste qui succède à la guerre n'est pas moins douloureuse, à savoir une paix de type cimetière, comme en Irak, en Yougoslavie, etc. L'édifice européen est régi, par conséquent, à la fois par la tendance à l'unification, et en même temps par la différenciation-éclatement.
La guerre et le superprofit capitaliste vont de pair. L'UE ne peut pas garantir la paix et la sécurité en faveur des peuples.
Les Etats-Unis ne renoncent pas facilement à l'hégémonie mondiale, mais même s'ils la perdent, une nouvelle force impérialiste prendra leur place. La question n'est pas, par conséquent, de savoir qui de l'impérialisme américain ou européen vaincra, mais comment tous les deux perdront face aux mouvements populaires, comment les mouvements populaires exploiteront les contradictions impérialistes.
Le monde multipolaire que défendent en parole les forces impérialistes européennes n'est rien d'autre qu'une coexistence et une confrontation au sein des divers centres impérialistes, une confrontation qui se déroulera parfois par des moyens économiques et politiques, parfois aussi par des moyens militaires et des guerres''.
L'"autre" dosage de politique européenne - Opposition vaporeuse
Par la suite, le SG du CC du PCG a noté: "De nos jours, les divers états-majors économiques des Etats membres, tout comme d'ailleurs les états-majors internationaux du capital s'efforcent de trouver, face à l'accroissement de la pauvreté et du chômage, face aux problèmes auxquels est confrontée la reproduction du système capitaliste, un moyen d'équilibre entre deux tendances conflictuelles. Ils tentent c'est-à-dire de concilier l'inconciliable; d'une part, réussir à contenir une nouvelle chute brutale du pouvoir d'achat des salariés, répartir le chômage, et d'autre part contenir la tendance à la baisse du taux moyen de profit.
Ce problème se pose aussi en Grèce, à cause notamment des prémisses de crise qui existent, ce qui apparaît dans la stagnation de l'industrie de transformation, dans la chute de l'indice de production de biens issus d'investissements, dans la stagnation du PIB et dans la baisse de la compétitivité, l'accroissement de la pauvreté, la détérioration du niveau de vie.
Les propositions qui voient le jour en Europe, et également en Grèce, ne s'écartent pas bien sûr du cadre de la politique néolibérale. Elles s'inscrivent dans la logique de la voie unique et sont incapables de briser le cycle de la crise.
Les propositions par ailleurs provenant de l'espace de la dite tendance gauche de la socialdémocratie ou de la tendance du "renouveau" n'échappent pas non plus à cette même logique dont l'essentiel et le fondamental sont: la libération des marchés et la stimulation de la production capitaliste privée grâce à l'intervention de l'Etat et un certain renforcement de la production du secteur public. Elles n'échappent pas au régime des relations de travail libéralisées, au dit équilibre entre plein-emploi et flexibilité du travail. Si les travailleurs se laissent piéger dans la logique de ce qui est réalisable en ne s'attaquant pas à la politique généralisée gérée par un gouvernement de coalition de centre-gauche ou de centre-droit devant apporter des solutions à leurs problèmes, alors ce qui les attendra ce ne sera rien d'autre que de la déception, la passivité et l'intégration''.
Le débat sur la création de partis européens
Se référant en outre au débat sur la création de partis européens, A. Papariga a averti qu'est flagrante la tentative de créer des partis à l'intérieur de la cage capitaliste, mais aussi de déprécier le champ de lutte national.
"L'elargissement de l'UE porte plus directement sous les feux de l'actualité un débat qui a débuté de manière programmée et planifiée au sein de l'Union pour la création de partis européens à l'intérieur et à l'extérieur du parlement, lesquels porteront le sceau de la légalité, en tant que partis qui dirigent les peuples dans l'effort de faire passer coûte que coûte la politique du capital; en tant que partis dont l'opposition sera suffisamment anodine, en ce sens qu'ils ne renieront pas les principes sacro-saints de l'UE et de ses unions alliées. Ces partis sont même appelés à servir l'image illusoire du pluralisme démocratique, à jeter de la poudre aux yeux des peuples.
Le cadre institutionnel qui est aménagé utilise de nombreux appâts pour imposer l'existence de partis européens qui auront toutes les caractéristiques d'un organisme bureaucratique avec à leur tête l'élite dirigeante ayant un chèque en blanc pour faire tout ce qu'elle veut, plus précisément de faire tout ce que veut le système. A cette fin sont utilisées comme armes les facilités au sein du Parlement européen, des subventions financières, et qui sait encore quel autre artifice qui sera posé sur la table des négociations afin de créer des partis uniformes intégrés dans la cage du capitalisme. Le but ne pourrait être plus clair que cette volonté de faire passer au second plan, de déprécier le champ de lutte national, toute liberté de mouvement des partis au plan national, d'imposer un ordre des choses nouveau où les partis européens seront moins vulnérables aux pressions et mouvements populaires.
Bien sûr, la question de l'action commune paneuropéenne, de la coordination, des relations internationalistes plus étroites, constituent une nécessité aussi pour les partis communistes, anti-impérialistes, radicaux qui ne se complaisent pas à être intégrés, qui ne veulent pas renier des valeurs et des idéaux ayant inspiré des peuples et des mouvements sur le continent européen et dans le monde. Si pour les partisans de l'UE il est nécessaire d'exploiter ou de créer de toute pièce des partis sous son obédience, il est plus que jamais nécessaire pour le mouvement populaire d'aménager les conditions d'une action paneuropéenne commune distincte, une lutte de classe commune.
Indépendamment donc des interventions de l'UE dans le système politique de chaque pays, il faut engager un vrai débat sur comment coordonner les forces de classe combattantes au niveau européen, et comment elles pourront faire face au crescendo de l'autoritarisme de l'UE, désormais politiquement et étatiquement hyperconcentré, qui se manifeste aussi via l'institutionnalisation de partis politiques européens.
Le PCG , de par sa nature et ses caractéristiques, a été et est toujours ouvert à la réflexion et à la recherche d'une coordination et action commune, à la recherche des formes adéquates qui prennent en compte la réalité actuelle, lesquelles bien sûr ne suppriment pas les responsabilités propres de chaque parti dans le champ d'action national.
Nous sommes pour la formation d'un pôle communiste distinct qui contribuera, en même temps et parallèlement, à constituer une alliance anti-impérialiste élargie.
L'internationalisation ne signifie pas nivellement national, mais des relations d'interaction et de dialectique de l'action au plan national et mondial.
Nous avons une certaine expérience à ce sujet, à la fois positive et négative, riche de succès mais aussi de difficultés.
Nous estimons que les partis communistes, associations, groupes et mouvements, pouvons engager un tel débat, sans qu'il s'intègre dans les règles et les limitations politiques de l'UE qui est d'ailleurs l'ennemie de toute idée d'émancipation et de regroupement contre le nouvel ordre actuel.
En même temps, dans le cadre du Parlement européen, il est possible de construire des coopérations et regroupements pour faire face à la dévalorisation des groupes parlementaires qui luttent contre la politique anti-populaire, rassembler tous ceux qui s'intéressent à combattre l'autoritarisme qui se renforcera aussi au sein même du PE dans les années à venir".
Notre position à la question
L'AVENIR DE L'EUROPE
En exposant la position du PCG à la question de savoir quel peut être l'avenir de l'Europe, le SG du CC du PCG a souligné: "Notre position résulte de notre évaluation sur le caractère de l'UE, en tant qu'accord interétatique capitaliste, qui sert la reproduction du système, la concentration capitaliste encore plus poussée. A la forme capitaliste de socialisation, nous y opposons la forme socialiste. L'unification capitaliste européenne n'est pas une voie unique, tout simplement parce que le capitalisme n'est pas une voie unique pour le peuple. L'unification ne "vivra" pas éternellement. L'Europe, elle, sera unie soit sous le capitalisme, soit sous le socialisme. Il n'y a pas de troisième voie, de voie intermédiaire.
Dans l'avenir immédiat, l'Europe aura à faire face à de nombreux problèmes, alors qu'iront croissant les clivages et les déséquilibres, et que se formeront de nombreux groupes et sous-groupes d'Etats membres et que se développeront avec plus d'intensité les contradictions en son sein.
Le mouvement populaire de chaque pays ne doit pas rester indifférent aux contradictions intra-impérialistes, mais ni prendre parti pour l'un des antagonistes et contre l'autre. Le mouvement populaire doit en profiter, puisque de toute façon les contradictions existent objectivement, il doit aménager les conditions pour la victoire finale, en tenant compte que les contradictions intra-impérialistes contribuent elles aussi, outre le facteur fondamental de la lutte des classes, à affaiblir l'adversaire.
L'avenir de l'Europe est lié indissociablement avec l'avenir du mouvement populaire dans chacun des Etats-membres, grâce au renversement du rapport de forces à l'intérieur du plus grand nombre possible de pays, et aussi entre les plus puissants et les moins puissants. Plus se renforcera la mouvement anti-capitaliste, anti-impérialiste, plus se multiplieront les opportunités de changement au niveau du pouvoir et plus l'UE s'affaiblira. Dans cette lutte peuvent s'unir des forces qui se fixent pour perspective l'Europe socialiste, ainsi que des forces qui peuvent avoir des désaccords sur le socialisme voire une conception différente sur la future Europe, dès lors que leur conception est opposée aux intérêts des monopoles, de l'impérialisme. Ce qui nous unit, c'est l'opposition et la rupture avec l'UE.
Ce qui importe, c'est que le mouvement populaire de chaque pays progresse dans une voie de revendication de changements au niveau du pouvoir, en opposition intégrale et claire aux intérêts des monopoles et de l'impérialisme. Le désengagement des centres capitalistes et impérialistes doit constituer l'objectif de lutte de tous les peuples et mouvements européens, afin qu'il y ait une concentration des forces dans cette voie. La concentration des forces dans l'objectif du désengagement en association, bien sûr, avec des changements à l'intérieur de chaque pays, contribueront à construire le pôle opposé à la hauteur de l'adversaire, au niveau des mouvements populaires, au niveau gouvernemental, où il n'existe pas aujourd'hui.
Le désengagement ne signifie pas l'isolement national et la rupture dans les relations économiques internationales. C'est au contraire un désengagement pour revendiquer des relations économiques sur base de l'intérêt mutuel des pays. Parallèlement à la tendance au désengagement, se développera la tendance à la coopération mutuelle entre les pays désengagés, mais aussi la coopération avec des pays tiers qui évoluent eux aussi, à divers degrés, sur une trajectoire similaire, ce qui garantira l'internationalisation de la lutte de classes, la mondialisation des phénomènes et des tendances.
La tendance de se soustraire aux unions impérialistes se généralisera tôt ou tard, la tendance à des coopérations bilatérales, régionales ou multilatérales deviendra réalité tôt ou tard. La question est de savoir ce que fait chacun des mouvements pour aider à ce que cela se fasse.
Les peuples peuvent s'engourdir, reculer, mais en fin de compte ils ne se suicident jamais''.
e-mail:cpg@int.kke.gr