18e Congrès: Thèses du CC du KKE sur le socialisme
18e Congrès du Parti
communiste de Grèce
18-22 février 2009
Thèses du
CC du KKE sur le socialisme
Octobre 2008
Table des matières
A. La contribution du système socialiste
B. Positions théoriques sur le socialisme comme première étape, à la base du communisme.
C. Le socialisme en URSS Les causes de la victoire de la contre-révolution. Évaluation de l'économie au cours de la construction socialiste en URSS. Conclusions sur le rôle du Parti communiste dans le processus de construction socialiste.
- Le développement du pouvoir soviétique.
- La stratégie du mouvement communiste international et ses évolutions.
- Évaluation de la position du KKE.
D. La nécessité et l’actualité du socialisme - Enrichissement de notre conception programmatique du socialisme.
- La nécessité et l’actualité du socialisme.
- Enrichissement de notre conception programmatique du socialisme.
Épilogue.
A. La contribution du système socialiste
1. Dès la moitié
du 19e siècle, le
développement du capitalisme et la lutte des classes ont propulsé
inévitablement le communisme sur le devant de la scène
historique. Le Manifeste du Parti communiste, écrit par K. Marx et Fr.
Engels il y a 160 ans, en 1848, représente le premier programme du
communisme scientifique. La Commune de Paris en
Malgré
tous les problèmes rencontrés par les pays socialistes, le
système socialiste du 20e siècle a démontré sa supériorité sur
le système capitaliste, principalement par les nombreux avantages qu'il
procurait dans le travail et la vie des gens.
L'Union
soviétique et le système socialiste mondial représentaient
le seul réel contrepoids à l'agression impérialiste.
L'Union
soviétique a joué un rôle décisif dans la victoire
des peuples antifascistes lors de
Les
victoires de l'Armée rouge ont donné un élan significatif
au développement des mouvements antifascistes de libération
nationale dirigés par les partis communistes. Dans de nombreux pays d'Europe centrale et
orientale, avec la contribution décisive de l’Armée rouge, la
lutte antifasciste a aboutit au renversement de la domination bourgeoise.
Le
système socialiste a fourni des exemples historiques de
solidarité internationale aux peuples en lutte contre l'exploitation,
l'occupation étrangère et les interventions impérialistes;
il a contribué de manière décisive à la chute du
système colonial et à la limitation des confrontations militaires
et des conflits.
Les
conquêtes des travailleurs dans les pays socialistes ont
été une référence pendant plusieurs
décennies et ces réalisations ont contribué au
détachement de la classe ouvrière et du mouvement populaire au
sein des sociétés capitalistes. L'équilibre
international des forces qui s’est instauré au terme de
L'abolition
des rapports de production capitaliste a libéré l'humanité
du joug de l'esclavage salarial et a ouvert la voie à la production et
au développement des sciences pour satisfaire les besoins du peuple. Ainsi, chacun disposait d'un emploi garanti, des
soins de santé et de l’enseignement gratuits, des services publics
à faible coût, d'un logement et d'un accès aux
activités intellectuelles et culturelles.
En 1913,
sous l’Empire russe, les agriculteurs, ouvriers et employés
détenaient 53 % du revenu national, tandis que les classes exploitantes
en détenaient 47 %, soit près de
L'élimination
du terrible héritage de l’analphabétisme, combinée
à l’augmentation générale du niveau d’instruction, ainsi
que la disparition du chômage constituent des acquis uniques du
socialisme. En Union
soviétique, selon un recensement de 1970, plus de 75 % des travailleurs des villes et
50 % des habitants de la campagne avaient terminé des études de
niveau secondaire ou supérieur.[2]
Durant
les 24 années qui ont précédé l'attaque nazie,
l'URSS a accomplit des étapes importantes dans son développement
industriel et économique, en tentant de surmonter le retard
hérité du capitalisme.
La
révolution culturelle en tant que partie intégrante de la
construction socialiste a permis aux travailleurs d’apprendre les
réalisations de la société humaine.
En 1975
en Union soviétique, la législation garantissait une semaine de
travail ne pouvant dépasser les 41 heures[3],
l'une des moins élevées dans le monde. Tous les travailleurs avaient droit à des
jours de repos hebdomadaires et à des congés payés
annuels.
Le temps
libre a été élargi et son contenu modifié. Le temps libre ne servait plus à la
reproduction des forces de travail, afin de les maintenir aptes à
l'exploitation capitaliste. Les travailleurs ont eu
l'occasion d’augmenter leur niveau d’instruction et de culture, pour participer
au pouvoir des travailleurs et à la direction de la production.
La
sécurité sociale des travailleurs était d'une importance
primordiale pour l'Etat socialiste. Un
système universel de pensions de retraite a été mis sur
pied, caractérisé par un âge précoce de la retraite
(55 ans pour les femmes et 60 ans pour les hommes). Le financement de ce
système était garanti par le budget de l'Etat et les cotisations
des entreprises et des institutions. Des
conditions semblables étaient d’application dans les autres Etats
socialistes européens.
Le
pouvoir socialiste a jeté les bases de l'abolition des
inégalités pour les femmes en surmontant les réelles difficultés
qui existaient objectivement. Il a assuré, dans la
pratique, le caractère social de la maternité et des soins aux
enfants. L’instauration de l'égalité des
droits entre hommes et femmes d'un point de vue économique, politique et
culturel ne signifiait pas qu'il était possible d'éliminer toutes
les formes d'inégalité des relations entre les sexes,
établies depuis des années.
La
dictature du prolétariat, le pouvoir révolutionnaire des
travailleurs, en tant qu’Etat exprimant les intérêts de la majorité
sociale des exploités, et non plus de la minorité des exploiteurs, s’est
révélé come une forme supérieure de
démocratie. Pour la
première fois dans l'Histoire, l'unité de production pouvait
devenir le noyau de
La propagande bourgeoise et
opportuniste, en parlant de manque de liberté et de régimes
antidémocratiques, donne une vision de la
« démocratie » et de la « liberté » dans un
contexte bourgeois. Elle identifie la démocratie au parlementarisme
bourgeois et la liberté à l'individualisme bourgeois et à
la propriété privée capitaliste. L'essence réelle
de la liberté et de la démocratie dans le capitalisme, c'est la
coercition économique qu'est l'esclavagisme salarial et la dictature du
capital dans la société en général et particulièrement
dans les entreprises capitalistes. Notre approche critique à propos du
contrôle et de la participation des travailleurs et du peuple n'a
absolument aucun rapport avec l’approche bourgeoise et opportuniste de la
démocratie en URSS.
La
Révolution d'Octobre a inauguré un processus
d'égalité entre les nations et les peuples dans le cadre d'un
Etat multinational gigantesque et a indiqué la voie pour la
résolution du problème national en supprimant l'oppression
nationale sous toutes ses formes et manifestations. Cependant, ce processus a été
sapé par la réduction des relations entre les communistes et a
été complètement arrêté par les
évolutions contre-révolutionnaires dans les années 80.
Les États socialistes ont
consenti de grands efforts pour développer des formes de
coopération et de relations économiques basées sur le
principe de l'internationalisme prolétarien. La création en 1949
du Conseil d'assistance économique mutuelle ou CAEM [mieux connu sous l'acronyme
anglais Comecon]
traduisait
la volonté de créer un nouveau type de relations internationales,
basé sur les principes d'égalité, d’intérêts
réciproques et d’entraide entre les Etats qui construisaient le
socialisme. Une étude plus approfondie serait nécessaire sur
l’évolution des relations entre les Etats membres du Comecon ainsi que sur les
relations économiques entre Etats membres du Comecon et les Etats
capitalistes, en particulier durant la période de recul dans la
construction socialiste.
Les
progrès indéniables accomplis par les Etats socialistes, par
rapport à leur point de départ et par rapport à la vie des
travailleurs des pays capitalistes, prouvent que le socialisme a un potentiel
intrinsèque d’améliorer considérablement et de
manière continue la vie de l'humanité et le développement
humain.
Le niveau
de développement du socialisme était différent au sein de
chaque Etat révolutionnaire ouvrier et dépendait dans une grande
mesure du niveau de développement capitaliste au moment de la prise du
pouvoir. C'est une question qu'il ne
faut pas perdre de vue lorsqu'on procède à des analyses et
à des comparaisons.
Le fait
le plus significatifi cependant, est le bond historique tenté et
accompli grâce à la Révolution d'Octobre en Russie. Il a
donné une importante impulsion au développement de
l’humanité, en tant que principale force productive, à ses
réalisations scientifiques et technologiques, et à
l'amélioration de son niveau de vie, d’instruction et de culture.
L'élément
historique nouveau était le fait que la croissance concernait l’ensemble
des masses en opposition avec la croissance capitaliste, liée à
l'exploitation et à l'injustice sociale, avec l’extermination massive
des peuples indigènes d'Amérique et d'Australie, l'esclavagisme
aux Etats-Unis dans les siècles précédents, l'exploitation
coloniale, l’anarchie de la production, les destructions causes par les grandes
crises économiques, les guerres impérialistes, le travail des
enfants, etc.
Il faut
juger de la contribution et de la supériorité de la construction
socialiste en URSS en tenant compte de la stratégie impérialiste
d'encerclement qui a provoqué des catastrophes majeures, des obstacles
et des menaces continues. La
stratégie impérialiste a pris de multiples formes au cours des
différentes périodes du pouvoir révolutionnaire des
travailleurs (attaque impérialiste directe en 1918 et 1941, proclamation
de la Guerre froide en 1946, différences dans les relations
diplomatiques par rapport aux autres Etats d'Europe centrale et orientale).
Cette
affirmation ne supprime pas la nécessité de concentrer notre
attention sur les conditions internes, les relations économiques et
politiques et le rôle décisif du facteur subjectif dans la
domination, le développement et la suprématie des nouvelles
relations sociales.
B. Positions théoriques sur le socialisme
comme première étape, à la
base du communisme
2. Le socialisme est la
première étape de la formation socio-économique
communiste. Il n'est pas une formation socio-économique en soi. C’est une forme « immature », le
début du communisme.
L’établissement complet
du communisme requiert le dépassement des éléments
immatures qui caractérisent son premier stade: le socialisme.
Le communisme immature
signifie que les relations communistes ne dominent pas totalement dans la
production et la répartition.
La loi fondamentale du mode de
production communiste est en vigueur : « produire pour satisfaire
l’entièreté des besoins sociaux ».
Les
moyens de production sont socialisés. Mais au début, il reste
des formes de propriété individuelle et de groupe, qui
constituent la base de l'existence des relations monnaie-marchandises.
Une grande partie de la
production sociale pour la consommation individuelle est distribuée sur
la base du travail, et non des besoins, en suivant le principe « à chacun selon son travail tandis que
chacun travaille selon ses capacités ». Dans les conditions du communisme
développé, le principe qui prédomine est : « de chacun selon ses capacités,
à chacun selon ses besoins » pour l'ensemble de la production
sociale.
Sous le socialisme, il reste
encore des inégalités sociales, différentes couches
sociales, des différences significatives et même des
contradictions comme celles entre ville et campagne, entre travailleurs
intellectuels et manuels, ouvriers hautement ou peu spécialisés. Ces inégalités doivent être
complètement éliminées de manière progressive et
planifiée.
Tant que le développement socialiste reste immature, le niveau
d'éducation et technologique des masses ouvrières est tel qu’il
ne leur permet pas d'occuper un rôle essentiel dans l'organisation du
travail, dans la perception des différentes étapes du processus
de production et dans le travail de direction. Dans ces conditions, les travailleurs qui
occupent un poste de gestionnaire ont tendance à séparer
l'intérêt individuel et l'intérêt de l'unité
de production de l'intérêt social, alors que les travailleurs qui
exercent un travail intellectuel et qui ont une spécialisation
scientifique élevée ont tendance à réclamer une
plus grande partie de la production sociale puisque « la position communiste »
envers le travail n’est pas encore dominante.
Pour assurer l’extension, le
développement et la domination du mode de production communiste, la
lutte de la classe ouvrière doit se poursuivre – sous de nouvelles
conditions et avec d'autres formes et d'autres outils que ceux qui ont existé
sous le capitalisme et pendant la première période du pouvoir
révolutionnaire, quand les relations capitalistes sont abolies. C'est un combat continu pour
l’élimination de toute forme de propriété de groupe et
individuelle et de la conscience petite-bourgeoise qui a des racines
historiques profondes. C'est une lutte pour la création d’une
conscience sociale analogue et une attitude qui corresponde au caractère
social du travail. Pour cette raison, un Etat qui
représente le pouvoir révolutionnaire de la classe ouvrière,
la dictature du prolétariat, est indispensable.
Le bond réalisé lors de la période
révolutionnaire du passage du capitalisme au communisme
développé est qualitativement supérieur à tous les
précédents puisque les relations communistes, qui ne sont pas des
rapports d’exploitation, ne sont pas formées au sein du cadre
capitaliste.
C'est un combat des « germes » du nouveau système
contre les « vestiges » de l'ancien système, encore
présents dans toutes les sphères de la vie sociale. La lutte pour la transformation de toutes les
relations économiques et, par conséquent, de toutes les relations
sociales, en relations communistes signifie que la révolution sociale ne
peut se limiter à la seule prise du pouvoir ou à la seule mise en
place d'une base économique initiale, mais s'étend à toute
la période socialiste.
3. La construction socialiste est
un processus unique, qui commence par la prise du pouvoir par la classe
ouvrière. Initialement, un nouveau mode de production est
créé, qui se traduit par l’abolition complète des
relations capitalistes, du rapport entre capital et salariat. Ensuite, les
communistes élaborent de nouvelles relations humaines à un niveau
qui garantisse le triomphe irréversible.
Durant la construction socialiste, il existe l'éventualité
d'une inversion du processus et d'un retour au capitalisme. Ceci
représente la défaite de la lutte pour le développement
total des nouvelles relations communistes contre les vestiges des anciennes
relations capitalistes. Un tel retour n'est pas un phénomène
inhabituel dans le développement social et, en tout cas, il constitue un
phénomène temporaire au cours de son histoire. Dans l’histoire,
il est un fait indéniable qu’aucun système
socio-économique ne s’est immédiatement consolidé. Le
passage d’une phase inférieure du développement à une
phase supérieure n'est pas un processus ascendant rectiligne. L'histoire
même de l’apparition du capitalisme nous le démontre.[4]
4. Nous estimons comme
erronée l’approche qui parle de « sociétés
transitoires », car elle assigne des caractéristiques autonomes
et une existence à long terme à la période de « transition du capitalisme au
socialisme » (construction de la base du nouveau système
socio-économique). En partant de ce point de vue, les systèmes actuels en Chine et
au Vietnam sont perçus comme des « sociétés
multi-sectorielles » en transition où les relations communistes
coexistent avec des relations d’exploitation dans la production pour des
décennies.
Rappelons les caractéristiques spécifiques de cette
période que la littérature marxiste appelle « périodes transitoires » durant lesquelles la
révolution socialiste tente de vaincre, tandis que le risque de guerre
civile se développe, et que s’engage une lutte aiguë entre les
relations communistes naissantes et les relations capitalistes d’exploitation,
qui n'ont pas encore été abolies. La durée de cette période
dépend du retard dont le socialisme a hérité du
capitalisme. L'expérience historique
nous montre que cette période ne peut durer très longtemps. En URSS, cette période s’est
terminée vers le milieu des années 30. La lutte contre les relations capitalistes et
les difficultés dans la construction des bases du socialisme
étaient aiguisées par l'héritage féodal et
patriarcal des anciennes colonies de la Russie tsariste. A l'époque,
Lénine a souligné que dans les pays où l'industrie est
plus développée, les mesures transitoires vers le socialisme sont
limitées, voire inutiles dans certains cas.
Cette période de transition n'est pas indépendante du
processus de construction socialiste puisque c'est à ce moment que sont
posés les fondements du développement de la société
communiste, dans sa première phase.
5. La mise en place d'un système de
production communiste commence par la socialisation des moyens de production
concentrés, par la planification centralisée, par la
répartition de la force de travail dans les différents secteurs
et par la répartition planifiée du produit social.
Sur la base
de ces nouvelles relations économiques, les forces productives se
développent de manière fulgurante : l'homme et les moyens de production,
l'organisation de la production et de toute l'économie. Une accumulation socialiste, un niveau de
prospérité sociale sans précédent, sont atteints. Ce nouveau niveau permet l’extension graduelle
des nouvelles relations au sein des forces productives qui,
précédemment, n'étaient pas assez mûres pour faire
partie de la production sociale directe.
De
plus, sont édifiées les conditions matérielles qui
permettent la suppression de l’inégalité dans la
répartition du produit social entre les travailleurs des secteurs de
l'Etat (social).
Pour que les relations
communistes dominent pleinement, le passage à un niveau supérieur
de la nouvelle formation socio-économique requiert l’abolition, non
seulement de la propriété capitaliste, mais également de
toute forme de propriété individuelle et de groupe, des moyens de
production et du produit social ; sans oublier l'abolition totale de la
distinction entre ville et campagne, c'est-à-dire l’élimination
complète des classes, l’élimination des différences entre
les travailleurs intellectuels et travailleurs manuels, l'une des sources les
plus profondes de l'inégalité sociale[5],
et l’élimination complète des conflits nationaux.
Selon la loi sociale universelle
selon laquelle les rapports de production correspondent au niveau de
développement des forces productives, chaque nouveau niveau historique
de développement des forces productives atteint par la construction
socialiste exige une nouvelle « révolutionnarisation » des
rapports de production et de toutes les relations économiques. Et ce,
afin qu'ils se transforment en relations communistes par une politique
révolutionnaire. Comme nous le montre la pratique, le retard et
davantage le déclin du développement des relations communistes
mène à un renforcement des contradictions forces productives -
rapports de production. Sur cette base, les différenciations et les
inégalités sociales peuvent se transformer en contradictions
sociales, aiguisées par la lutte de classe. Sous le socialisme, il
existe une base objective, qui, sous certaines conditions, permet à des
forces sociales d’agir comme vecteurs de relations d’exploitation, comme cela
s’est produit en URSS dans les années 80.
6. Le développement du mode
de production communiste dans son premier stade, le socialisme, est un
processus visant à éliminer la distribution du produit social
sous la forme monétaire. La production communiste, même sous son
étape immature, est une production directement sociale : la division du
travail n'est pas soumise à l'échange, elle n'est pas
façonnée par le marché, et les produits du travail
consommés individuellement ne sont pas des marchandises.
La division du travail dans la
production socialisée est basée sur un plan qui organise la
production et qui détermine ses proportions dans le but de satisfaire
les besoins sociaux et la distribution des produits (biens de consommation). En
d'autres termes, c'est une répartition planifiée et
centralisée du travail socialisé qui assimile directement, et non
à travers le marché, le travail individuel comme part du travail
socialisé global. La conception de base consiste à diviser le
temps de l’ensemble de la société, avec la proportion de travail
nécessaire à chaque poste, pour satisfaire les différents
besoins sociaux.
Ce plan ne doit pas être
considéré comme un outil techno-économique mais
plutôt comme une relation communiste de production et de distribution,
entre les travailleurs, les moyens de production et les organismes socialistes.
Il inclut un choix délibéré des motivations et objectifs
de la production, non dans le but d'un échange de marchandises mais de
satisfaire l’étendue des besoins sociaux (loi économique
fondamentale du mode de production communiste).
Un des problèmes
essentiels de la planification centralisée est la question complexe de
l'évaluation des besoins sociaux, surtout dans un environnement
international, alors que le capitalisme en propose une vision
déformée.
Les besoins sociaux sont
déterminés sur base du niveau de développement des forces
productives atteint au cours d'une période historique donnée. Ces
besoins doivent être compris dans leur contexte historique ; ils
évoluent en fonction du développement des forces productives. De
même, il faut développer la manière dont la loi
fondamentale du communisme est appliquée afin de surmonter les lacunes
et les inégalités existant dans la satisfaction des besoins
sociaux.
7. Une caractéristique de la première étape des
relations communistes est la répartition d’une partie des produits
« selon le travail ». La « mesure » du travail a
généré un débat théorique et politique. La
répartition d'une partie de la production sociale « selon le
travail » (qui du point de vue de la forme ressemble à
l'échange de marchandises) est un vestige du capitalisme. Le nouveau
mode de production ne l’a pas encore exclue, parce qu'il n'a
développé suffisamment les capacités humaines de
production, ni les moyens de production dans leur dimension adéquate, ni
une large utilisation des nouvelles technologies. La productivité du
travail ne permet pas encore une réduction importante du temps de
travail, l’élimination des travaux lourds et de leur caractère
unilatéral, de façon à abolir la nécessité
du travail obligatoire.
La distribution planifiée
de la force de travail et des moyens de production entraîne la
répartition également planifiée du produit social. Cette
répartition ne peut se faire à travers le marché,
basé sur les lois et les catégories de l'échange de
marchandises.
Selon Marx, le mode de répartition
va changer en fonction de l’évolution du corps social productif et du
degré de développement historique des forces productives[6]
(Ex. : En URSS, ils étaient à un certain niveau dans les
années 30 et à un autre dans les années 50 et 60).
Le marxisme définit
clairement le temps de travail comme la mesure de la participation individuelle
de chaque producteur au travail commun. Par conséquent, le temps de
travail se définit également comme la mesure de la part des biens
de consommation individuelle répartis en fonction du travail fourni.[7]
Une autre part (éducation, soins de santé, etc.) est
déjà distribuée en fonction des besoins.
Le « temps » comme
mesure du travail dans la production sociale, doit être compris « uniquement en parallèle avec
la production de marchandises».[8]
Le « temps de travail »
sous le socialisme n'est pas le « temps
de travail socialement nécessaire », qui est une mesure de la
valeur d'échange des marchandises dans
La part du produit social
réparti « selon le
travail » est déterminée en fonction de la contribution
individuelle à l'ensemble du travail social, sans distinction entre
travail simple ou complexe, manuel ou non. La mesure de la contribution
individuelle est le temps de travail, établi par le plan en fonction de
l'ensemble des besoins de la production sociale, des conditions
matérielles du processus de production, qui comprend le travail « individuel », les besoins
spécifiques de main d'œuvre dans certains secteurs, les besoins
sociaux spécifiques tels que ceux des mères, des personnes
handicapées, etc., et l’attitude individuelle face à
l'organisation et à l'exécution du processus de production. En d’autres
termes, il faut lier le temps de travail aux objectifs, tout comme à
l’économie des matériaux, à l’application de technologies
plus productives, à une organisation plus rationnelle du travail et
à un contrôle ouvrier dans l'administration et la gestion.
Le développement
planifié des forces productives dans le mode de production communiste
devrait libérer de plus en plus de temps de travail, qui servira
à élever le niveau de culture et d'éducation des
travailleurs et à leur permettre de participer à l’exercice du
pouvoir et de la gestion de la production, etc. Le développement global
de l'homme en tant que force productive construisant un nouveau type de
société et des relations communistes (y compris la position
communiste envers le travail directement social) est une relation à
double sens. Selon la phase historique, l'un ou l'autre aspect primera.
Le développement de la
planification centralisée et l'extension de la propriété
sociale dans tous les secteurs rendent progressivement la monnaie inutile, en
lui enlevant son contenu en tant que forme de la valeur.
Le moyen de résoudre les
différences entre ville et campagne, entre production industrielle et
rurale est l’union des paysans-producteurs, qui exploitent en commun de larges
étendues de terre, afin de produire un produit social grâce
à une mécanisation moderne et d’autres moyens scientifiques et
technologiques pour améliorer la productivité, la création
d'infrastructures puissantes pour la protection du produit contre les
aléas climatiques, la soumission du travail social à la
production de matières premières et à leur transformation
industrielle pour les organisations socialistes unifiées. Ce
système aiderait à transformer l'ensemble de la production
agricole en une part de la production socialisée.
C. Le socialisme en URSS
Les causes de la victoire de la contre-révolution
9. Nous avons
étudié l'expérience de l’URSS parce qu'elle constitue
l'avant-garde de la construction socialiste. Il sera nécessaire
d’étudier aussi le cours du socialisme dans les autres pays
européens, ainsi que l’évolution du pouvoir socialiste dans les
pays d’Asie (Chine, Vietnam, R.P.D. de Corée) et à Cuba.
La validation du caractère
socialiste de l'URSS est basé sur : la suppression des relations de
production capitalistes, l’existence d’une propriété socialiste
et soumise (en dépit des contradictions), la planification
centralisée, le pouvoir des travailleurs et les réalisations sans
précédent au bénéfice de tous les travailleurs.
Tout cela n’est pas
réfuté par le fait que, après un certain temps, le Parti
ait progressivement perdu ses caractéristiques révolutionnaires,
ce qui a permis aux forces contre-révolutionnaires de dominer le Parti
et le gouvernement dans les années 80.
Nous caractérisons les
évolutions de 1989-1991 comme une victoire de la
contre-révolution, comme un renversement de l’édification
socialiste, un recul social. Ce n'est pas par hasard que ces
évènements aient été soutenus par la
réaction internationale et que la construction socialiste, en
particulier durant la période de la suppression des relations
capitalistes et de l’instauration du socialisme, jusqu'à
Nous refusons le terme d’« effondrement » parce qu'il
sous-estime l’activité contre-révolutionnaire et la base sociale
sur laquelle elle a pu se développer et dominer, à cause des
faiblesses et des dérives du facteur subjectif pendant la construction
socialiste.
La victoire de la
contre-révolution en 1989-1991 ne prouve pas l’absence d’un niveau
minimal de développement des conditions matérielles pour commencer
l’édification socialiste en Russie.
Marx signale que « l'humanité ne pose jamais que
des problèmes qu'elle peut résoudre ; car, à y
regarder de plus près, il se trouvera toujours que le problème
lui-même ne surgit que là où les conditions
matérielles pour le résoudre existent déjà ou du
moins sont en voie de devenir ». (Préface de
Critique de l’Economie politique) A partir du moment où la classe ouvrière, la principale
force productive, lutte pour accomplir sa mission historique et quand la
révolution se déclare, c'est que les forces productives se sont
développées au niveau du conflit avec les rapports de production,
avec le mode capitaliste de production. En d'autres termes, les conditions
matérielles du socialisme, sur lesquelles les conditions révolutionnaires
se fondent, existent.
A partir des
éléments statistiques de l'époque, nous pouvons constater
que les relations capitalistes de production, au stade monopoliste de leur
développement, dominaient en Russie. C'est sur cette base
matérielle que s’est appuyé le pouvoir révolutionnaire
pour socialiser les moyens de production concentrés.[10]
La classe ouvrière de
Russie, et surtout le secteur industriel, a fondé des Soviets, en tant
qu’unités organisationnelles pour l’action révolutionnaire, sous
la direction du PC (Bolchevik), dans sa lutte pour la conquête du
pouvoir. Le Parti bolchevik, sous la direction de Lénine, était
théoriquement préparé à la révolution
socialiste : analyse de la société russe, théorie du
maillon faible dans la chaîne impérialiste, évaluation de
la situation révolutionnaire, théorie de la dictature du
prolétariat. Le Parti a montré une remarquable capacité
à utiliser une stratégie et une tactique adéquates
à chaque stade du développement de la lutte des classes :
alliances, slogans, manœuvres, etc.
Cependant, le socialisme a
été confronté à des difficultés
supplémentaires, dues au fait que la construction socialiste a
commencé dans un pays avec un faible niveau de développement des
forces productives (Lénine le définit comme moyennement faible)
comparé aux pays capitalistes avancés[11]
et une grande disparité de développement en raison de la large
survivance de relations précapitalistes.
La construction socialiste a
commencé après les énormes destructions de
La gigantesque croissance
économique et sociale réalisée dans ces conditions, prouve
la supériorité des rapports communistes de production.
Les développements ne
confirment pas les évaluations de certains courants opportunistes et
petit-bourgeois. Les points de vue sociaux-démocrates considérant
la révolution socialiste en Russie immature n'ont pas été
confirmés. Les positions trotskistes sur l’impossibilité de
construire le socialisme en URSS ont été réfutées.
C’est un point de vue sans fondement et subjectif que de penser que la
société qui est née après la Révolution
d’Octobre n'était pas socialiste ou qu'elle a rapidement
dégénéré dans ses premières années et
par conséquent que l’interruption des 70 années d'existence de
l'URSS était inévitable.
Nous sommes contre les
théories qui déclarent que ces sociétés
n'étaient rien d'autre qu’un « nouveau
système d’exploitation » ou une forme de « capitalisme d'Etat », comme le
prétendent certains courants opportunistes.
En outre, les évolutions
ne valident ni la position globale des tendances « maoïstes »
concernant la construction socialiste en URSS, ni la définition de
l'URSS comme social-impérialiste, ni le rapprochement avec les
Etats-Unis, ni l’inconsistance des questions de la construction socialiste
chinoise (ex. la reconnaissance de la bourgeoisie nationale comme alliée
de la construction socialiste, etc.).
Notre propre analyse critique
intègre la défense de la construction du socialisme en URSS et
dans les autres pays.
10. Par notre
étude de la contre-révolution en URSS, nous donnons la
priorité aux facteurs internes (sans ignorer l’effet des facteurs
externes) parce que le renversement contre-révolutionnaire n’est pas le
résultat d'une intervention militaire impérialiste, mais
plutôt de l’intérieur et du sommet, à travers la politique
du PC.
En nous basant sur la
théorie du communisme scientifique, nous avons dégagé une
étude selon les axes suivants :
-
L'économie, c'est à dire, les évolutions dans les
rapports de production et de distribution sous le socialisme, comme base et
solution aux contradictions et aux disparités sociales.
-
Le fonctionnement de la dictature du prolétariat et le rôle
du PC dans la construction socialiste.
-
La stratégie et les évolutions du mouvement communiste
international.
11. L’avancée
de la construction d'une nouvelle société en Union
soviétique était déterminé par la capacité
du PC bolchevik à remplir son rôle de guide
révolutionnaire. Tout d'abord, il fallait élaborer et
développer la stratégie révolutionnaire requise pour
chaque étape, pour affronter l'opportunisme et répondre
efficacement à toutes les nouvelles exigences et défis du développement
du socialisme-communisme.
Les fondations de la nouvelle
société se sont constituées jusqu'à
Après
Évaluation de l'économie au cours de la construction socialiste en URSS
12. Avec la
configuration du 1er Plan de la planification centralisée,
les questions suivantes étaient déjà au coeur du
débat théorique et de la lutte politique en matière
économique. La production socialiste est-elle marchande ? Quel est
le rôle de la loi de la valeur, des relations marchandise-monnaie dans la
construction socialiste ? Les discussions et polémiques ont
été interrompues par
Nous estimons erronée
l’approche théorique selon laquelle la loi de la valeur serait une loi
de mouvement du mode de production communiste dans sa première phase,
approche qui était dominante dans les années 50 en URSS et dans
la majorité des PC. Cette position a été renforcée
en raison de l’extension de la production marchande non capitaliste qui
objectivement a entraîné le passage planifié des relations
précapitalistes dans la production agricole à des relations
coopératives marchandise-monnaie. Sur cette base matérielle, ont
pesé les lacunes et les faiblesses théoriques,
représentées par le facteur subjectif de l’élaboration et
la mise en place de la planification centralisée. Une base
théorique avait été créée pour une politique
opportuniste, qui a affaibli la planification centralisée, a
érodé la propriété sociale et renforcé les
forces contre-révolutionnaires.
13. Durant la
première période de la construction socialiste, jusqu’à
Durant la période
1917-1940, le pouvoir soviétique a généralement
enregistré des succès. Il a réalisé
l'électrification et l'industrialisation de la production, l'extension
des transports, la mécanisation d’une grande partie de la production
rurale. Il a entamé la planification de la production et a atteint des
rythmes spectaculaires de croissance dans la production industrielle socialiste.
Il a développé avec succès les capacités de
production domestiques dans tous les secteurs industriels. Des
coopératives agricoles (kolkhozes) et des fermes d'Etat (sovkhozes) ont
été créées et ainsi les bases de l’expansion et de
la prédominance des relations communistes dans la production agricole.
La « révolution culturelle »
était réalisée. La formation d'une nouvelle
génération de spécialistes et de scientifiques communistes
a débuté. La plus grande réalisation a été
l'abolition totale des relations capitalistes de production grâce
à la suppression de l'embauche de main d’œuvre extérieure.
Ainsi ont été posées les fondations pour le
développement du communisme.
14. Dans un
pays comme la Russie de 1917-1921, la mise en oeuvre de certaines « mesures transitoires » était
indispensable dans la perspective d’abolir complètement les relations
capitalistes.
Les facteurs qui ont contraint le
PC bolchevik à appliquer une politique provisoire de maintien, dans une
certaine mesure, des relations de production capitalistes étaient les
suivants : la composition des classes, où les
éléments ruraux petit-bourgeois était majoritaires, le
manque de mécanismes de distribution, d’approvisionnement et de
contrôle, les petites structures de production arriérées
et, principalement, la dégradation dramatique des conditions
alimentaires et d’existence, en raison des destructions de la guerre civile et
de l'intervention impérialiste. Tous ces facteurs ont pesé sur le
développement de la planification centralisée à long et
à moyen terme.
La Nouvelle politique
économique (NEP) appliquée après la guerre civile, avait
pour objectif fondamental de redresser l'industrie ravagée par la guerre
et, sur cette base, de construire des rapports de production dans l'agriculture
qui allaient « attirer » les paysans vers les coopératives. Elle recommandait une
politique de concessions temporaires au capitalisme. Un certain nombre
d'entreprises ont été confiées à des capitalistes
(sans qu’ils aient le droit de propriété sur ces entreprises), le
commerce s’est développé et les échanges entre la
production agricole et l'industrie socialisée étaient
régulés sur base de « l’impôt
en nature ». Les paysans avaient la possibilité de mettre sur le marché
leur surplus de production agricole.
Ces manœuvres et concessions
temporaires aux relations capitalistes, nécessaires sous certaines
circonstances et conditions spéciales, ne constituent pas une
caractéristique inévitable du processus de construction
socialiste. C’est une falsification d’utiliser la NEP pour justifier le retour
en arrière historique du socialisme au capitalisme dans les
années 80, réalisé par la politique de la
perestroïka.
15. La
nouvelle phase de développement des forces productives à la fin
des années
Le premier plan quinquennal a
débuté en 1928, après 7 années de victoire de la
révolution (la guerre civile s’est terminée en 1921). Le pouvoir
soviétique a eu des difficultés à élaborer un plan
central de l'économie socialiste dès le début,
principalement en raison de la subsistance de relations capitalistes (NEP) et
d’un nombre particulièrement élevé de producteurs
individuels, surtout des paysans. Des faiblesses se rencontraient
également dans le facteur subjectif, le Parti, qui ne disposait pas de
cadres spécialisés pour guider l’organisation de la production et
était ainsi contraint, durant un certain temps, de dépendre quasi
exclusivement des spécialistes bourgeois.
Les conditions spécifiques
(encerclement impérialiste, menace de guerre combinée avec le
grand retard) ont imposé un rythme accéléré dans la
promotion de la collectivisation, qui a aiguisé la lutte de classe,
surtout dans les zones rurales.
En dépit des erreurs et de
certaines exagérations bureaucratiques dans le développement du
mouvement de collectivisation de la production agricole, également
signalées par les décisions du Parti[15],
l’orientation du pouvoir soviétique dans le renforcement et la
généralisation de ce mouvement suivait une direction correcte.
Elle visait à développer une forme transitoire de
propriété (coopérative) qui contribuerait à la
transformation de la petite production marchande individuelle en production
socialisée.
16. La politique d’« attaque du socialisme contre le
capitalisme » s’est menée dans des conditions de lutte de
classe intense. Les koulaks (la classe bourgeoise rurale), qui tiraient profit
de la NEP (les NEPmen) et une partie
de l'intelligentsia originaire des anciens exploiteurs ont réagi sous
diverses formes, notamment par des actions de sabotage de l'industrie (par ex.
le procès de Chakhty[16])
et des actions contre-révolutionnaires dans les villages. Ces
intérêts anti-socialistes de classe, déterminées par
les classes se reflétaient au sein du PC où des courants
opportunistes se développaient.
Les deux tendances principales
« d’opposition » (Trotski et Boukharine) actives à cette
époque avaient pour base commune qu’elles se focalisaient sur les
éléments arriérés de la société
soviétique et, dans les années 30, leurs vues ont convergé
sur la façon d’aborder les problèmes de l'économie
soviétique. Leurs positions ont été rejetées par le
PC (bolchevik) et n’ont pas été confirmée par la
réalité.[17]
En chemin, plusieurs forces opportunistes se sont
alliées avec des forces ouvertement contre-révolutionnaires qui
ont organisé des projets de renversement du pouvoir soviétique,
en coopération avec des services secrets de l’impérialisme.[18]
Le fait que certains cadres dirigeants du Parti et
du pouvoir soviétique aient dirigé des courants opportunistes
prouve que même des cadres d’avant-garde peuvent fléchir devant
l'intensité de la lutte de classe et finalement se couper du mouvement
communiste pour passer du côté de la contre-révolution.
17. Deux courants de base se sont
développés dans la théorie et politique des cadres et des
économistes du Parti. Le courant constant de pensée et de
politique marxistes, sous la direction de Staline, reconnaissait que la loi de
la valeur ne concordait pas avec les lois fondamentales de fonctionnement de la
production socialiste, qui n'est pas une production de marchandises. Il
soutenait que le fonctionnement de la loi de la valeur (des rapports
marchandise-monnaie) en URSS avait ses racines dans la production agricole
coopérative et individuelle. La loi de la valeur ne régule pas la
production et la distribution socialistes. Les produits de consommation sont
produits et consommés comme des marchandises.[19]
Les moyens de production ne sont pas des marchandises, malgré le fait
qu'ils semblent être des marchandises « dans la forme mais pas dans le contenu ». Ils deviennent des
marchandises seulement dans le commerce extérieur.[20]
La polémique a été engagée contre les
économistes « de
marché » et les dirigeants politiques qui considéraient
que les produits de la production socialiste étaient des marchandises,
soit destinées à la consommation individuelle, soit au processus
de production, et qui soutenaient que la loi de la valeur est en
général également une loi de l'économie socialiste.
Le rejet des positions de Voznesensky (à la tête du GOSPLAN[21])
est caractéristique. Ce dernier disait que « la loi de la valeur opère non seulement dans la distribution des
produits, mais également dans la distribution du travail lui-même
entre les divers secteurs de l'économie nationale de l'URSS. Dans cette
sphère, le plan de l'Etat utilise la loi de la valeur afin de garantir
la bonne distribution du travail social entre les différentes branches
de l'économie dans l'intérêt du socialisme. »[22]
D’autre part, une critique pertinente a été adressée
aux économistes qui soutenaient l'abolition complète de la
répartition sous forme monétaire sans tenir compte des
limitations objectives rencontrées alors par la base productive de la
société.
Dans son œuvre Les problèmes économiques du socialisme en URSS[23],
J.V. Staline souligne, à juste titre, que sous le socialisme, la
contradiction entre les forces productives développées et les
rapports de production retardataires devient évidente. Il considérait
qu’en URSS, la propriété coopérative (kolkhozes) et la
circulation des produits de consommation individuelle sous la forme de
marchandises commençaient à freiner le développement
dynamique des forces productives, parce qu'elles entravaient le développement
complet de la planification centrale dans l’ensemble de
Le courant constant a soutenu
l'accélération de la socialisation de la production agricole par
la fusion des petits kolkhozes avec les plus grands[25]
et la transformation progressive des kolkhozes en sovkhozes, avec comme premier
pas, l’attribution de toute la production agricole à l’Etat.
Concernant la question conflictuelle des
proportions entre la Subdivision 1 de la production sociale (production des
moyens de production) et la Subdivision 2 (production de marchandises), ce
courant soutenait, à juste titre, que le critère principal de la
distribution proportionnelle planifiée du travail et de la production
entre les différentes secteurs de l'industrie socialiste était la
priorité à la Subdivision 1. De celle-ci dépend
l'élargissement de la croissance et de l'accumulation socialiste (la
richesse sociale), indispensables à l’expansion future de la
prospérité sociale.
Un point faible du courant révolutionnaire
était l'interprétation incomplète des relations de
distribution de la part du produit social réparti en fonction du
travail.
18. Après
La nécessité a mûri,
consciente, bien planifiée, théoriquement et politiquement
préparée, que les relations communistes s'élargissent et
dominent entièrement dans les secteurs de la production sociale où,
précédemment, leur prédominance était encore
impossible (du point de vue de leur maturité matérielle, de la
productivité du travail).
La résistance sociale (paysans kolkhoziens,
cadres dirigeants de l'industrie) à cette perspective s’est
exprimée au niveau idéologique par la lutte interne dans le
Parti. Le débat intense, qui a conduit à l'acceptation
théorique de la loi de la valeur en tant que loi du socialisme,
signifiait des choix politiques avec des répercussions plus directes et
plus puissantes sur le développement du communisme, comparé
à la période d'avant guerre quand le retard matériel
rendait l’effet de ces positions théoriques plus indolore.
Après le 20e Congrès du
PCUS, des choix politiques ont été adoptés, qui ont
étendu les relations marchandises-monnaie (potentiellement
capitalistes), au nom de la correction des faiblesses de la planification
centrale et de la gestion des institutions socialistes (entreprises).
Des méthodes et moyens
dépassés ont été utilisés comme solutions
aux problèmes qui surgissaient dans l’économie. La promotion de
la politique du « marché », au lieu de renforcer la
propriété sociale et la planification centrale, a renforcé
la tendance inverse – dans l’homogénéisation de la classe
ouvrière (grâce à l'élargissement de la
faculté et de la possibilité de spécialisations multiples,
d’alternance dans la division technique du travail), le contrôle ouvrier
et la participation dans l’organisation du travail en vue de développer
l’autogestion communiste – avec naturellement un effet correspondant sur la
conscience sociale. L’expérience du passé et l’efficacité
de l’usine soviétique n’ont plus été mises en valeur, ni
le mouvement stakhanoviste du contrôle de la qualité, ni
l'amélioration de l'organisation et de l'administration, ni les inventions
pour économiser les matières, le temps de travail, etc.
Les économistes « de
marché » (Lieberman, Nemtsinov, Trapeznikov, etc.) ont
interprété de façon erronée les problèmes
économiques existants, non comme des faiblesses subjectives dans la planification[27],
mais comme des conséquences de la faiblesse objective de la planification centralisée
à répondre au développement du volume de production et aux
nouvelles capacités, ainsi qu'au développement des besoins
diversifiés.
Ils ont prétendu que la cause
théorique était le déni volontariste du caractère
marchand de la production sous le socialisme, la dépréciation du
développement de l'agriculture et la surestimation de la
possibilité d'intervention subjective dans l'administration
économique.
Ils ont soutenu qu'il était impossible pour
les organes centraux de déterminer la qualité, la technologie et
les prix de toutes les marchandises et des salaires mais, que l’utilisation des
mécanismes de marché était également
nécessaire en fonction des objectifs d'une économie
planifiée. Ils ont prétendu que les problèmes d'adaptation
du volume et de la structure de la production aux besoins de consommation et
que les problèmes de proportion intersectorielles pouvaient être
résolus grâce à l’effet de la demande et des prix qui sont
déterminés sur la base de la loi de la valeur.
Peu à peu, à un niveau
théorique, ont dominé les théories de « la production socialiste de marchandises » ou du « socialisme de marché »,
l'acceptation de la loi de la valeur comme une loi du mode communiste de
production, qui s'opère même pendant la phase de la construction
socialiste développée. Ces théories constituaient la base
de la configuration de la politique économique.[28]
19. La politique d'affaiblissement de
la planification centrale et de la propriété sociale s’est
aggravée après le 20e Congrès. Au lieu de
préparer la transformation des kolkhozes en sovkhozes, en 1958, les
tracteurs et autres machines[29]
sont devenus propriétés des kolkhozes[30],
alors que leur production était désormais suffisante et
correspondait environ à 10 tracteurs par kolkhoze. En pratique, la
directive promulguée au début des années 50, à
l'initiative des communistes, pour l’instauration d’un large mouvement
kolkhozien d’unification des petits kolkhozes en de plus grands, a été
révisée.
En 1957, les ministères sectoriels qui
dirigeaient la production industrielle en URSS et dans chaque république
ont été dissous et des organes d'administration régionale,
les sovnarkhozes ont
été créés. Ainsi s’est affaiblie la direction
centrale de la planification.[31]
Non seulement, ces changements n’ont pas
résolu les problèmes, mais, au contraire, ils ont porté
à la surface ou ont créé de nouveaux problèmes,
comme la pénurie de fourrages, la stagnation technologique dans les kolkhozes.
Au milieu des années 60, les erreurs de
nature subjective dans la direction du secteur agricole de l'économie
ont été identifiées comme la cause des problèmes.[32]
Figuraient parmi les réformes : la
réduction de la quantité de produits livrés à
l'Etat par les kolkhozes[33],
la possibilité de revendre les surplus à des prix plus
élevés, la suppression des restrictions sur les échanges
des ménages kolkhoziens et de l’impôt sur la
propriété individuelle d'animaux. Les dettes des emprunts des
kolkhozes envers la banque d’Etat ont été effacées, les
délais de remboursement des dettes de crédits financiers ont
été allongés et la vente directe de fourrages aux
propriétaires d’animaux autorisée. Ainsi s’est maintenue et
renforcée la part de la production agricole, provenant des
ménages ruraux individuels et des kolkhozes, vendue librement sur le
marché[34],
alors que le retard de la production du bétail s’est approfondi et que
l'inégalité dans la satisfaction des besoins en produits ruraux
entre les différentes régions et républiques de l'URSS a
augmenté.
Une politique analogue de renforcement du
caractère marchand, au détriment du caractère directement
social, connue comme la « réforme
Kossyguine »[35],
a été aussi mise en oeuvre dans l'industrie (le « système d'autogestion des
entreprises », de nature substantielle et non formelle). Ils ont ainsi
prétendu qu’ainsi serait appréhendée la réduction
des rythmes de croissance de la productivité annuelle du travail et de
la production industrielle annuelle, observée au début des années
60, résultat des mesures de sape de la planification centrale dans la
direction du secteur de l’industrie (sovnarkhozes,
1957).
La première vague de réformes a
été lancée entre le 23e (1966) et le 24e
(1971) Congrès.
Conformément au nouveau système, les
rémunérations supplémentaires (primes) des directeurs
n’étaient pas calculées sur la base de la réalisation du
plan en terme de volume de production[36],
mais plutôt en fonction de la réalisation du plan de ventes et
proportionnel au taux de profit de l'entreprise. Une partie de la prime des
ouvriers provenait également du profit, de même que
l’élargissement de la satisfaction des besoins de logement, etc. Ainsi,
le profit est devenu un incitant à
La possibilité a été
accordée d'effectuer des échanges horizontaux
marchandises-monnaie entre les entreprises, de conclure des accords directs
avec des « unités de
consommation et des organisations commerciales », de fixer les prix,
de déterminer le profit sur base de ces échanges, etc.
Le Plan central déterminerait le montant
total de la production et des investissements seulement pour les nouvelles
entreprises. La modernisation des anciennes entreprises devait être
financée par les profits des entreprises.
Ce recul théorique et la politique analogue
de régression en URSS sont venus lors d’une nouvelle phase de
développement ultérieur des forces productives qui exigeait des
stimulations et des indices plus efficaces de la planification centrale,
sectorielle et intersectorielle et à sa concrétisation au niveau
des entreprises. Il fallait donc un développement correspondant de la
planification centrale pour diriger le renforcement du mode communiste de
production.
Avec ces réformes de marché et le
détachement de l’unité de production socialiste de la
planification centrale, s’est affaibli le caractère socialiste de la
propriété des moyens de production. Il est devenu possible de
violer le principe de la répartition « selon
le travail ».
Parallèlement, ont été
rejetées des propositions et des projets de valorisation des ordinateurs
et de l’informatique[37]
qui auraient pu contribuer à améliorer le traitement des
données techniques, afin d’améliorer l’analyse et le
contrôle de la production grâce à des indicateurs physiques.
Le 24e Congrès du PCUS, avec les
directives pour l’élaboration du 9e Plan quinquennal
(1971–1975), a renversé la priorité proportionnelle de la
Subdivision 1 en faveur de la Subdivision 2. Ce renversement de proportion
avait été proposé lors du 20e Congrès
mais n’avait pas été accepté. La modification a
été justifiée comme un choix pour renforcer le niveau de
consommation populaire. En réalité, c'était un choix qui
violait la loi économique et il a eu des conséquences
négatives sur la croissance de la productivité du travail. Le
développement de la productivité du travail –
élément fondamental pour permettre l'augmentation de la richesse
sociale, la satisfaction des besoins et le développement de l'homme en
général – présuppose le développement des moyens de
production. La planification aurait dû affronter avec une plus grande
efficacité le besoin suivant : l'introduction de la technologie
moderne dans l'industrie, les services de transport, le stockage et la
distribution des produits.
Ce choix de renverser les proportions non seulement
n’a pas contribué en pratique à confronter les contradictions
exprimées (par exemple, le surplus de revenus et la pénurie de
biens de consommation comme les appareils électroménagers, les
télévisions couleur), mais a écarté la
planification centrale de la satisfaction de son objectif principal
(l'augmentation de la prospérité sociale). Il a aiguisé
davantage la contradiction entre le niveau de développement des forces
productives et le niveau des relations communistes dans la production et la
distribution.
La période au cours de laquelle Iouri
Andropov était le Secrétaire général du CC du PCUS
(novembre 1982–février 1984), qui a précédé la
politique de la perestroïka, a été trop brève pour
être jugée de manière complète. Cependant, selon les
textes et documents du PCUS de cette époque, on retrouve des
références au besoin d'intensifier la lutte contre les visions
bourgeoises et réformistes de la construction du socialisme, ainsi que
la nécessité de la vigilance face au sabotage de
l'impérialisme.
Les années 80, au niveau politique, ont
connu une nouvelle orientation opportuniste avec les décisions du 27e
Congrès (1986). Ensuite, s’est développée la
contre-révolution avec l’adoption de la loi (1987) qui légitimait
institutionnellement les relations capitalistes, par l'acceptation des diverses
formes de propriété.
Au début des années
20. L’orientation qui dominait n’est
pas seulement jugée aujourd'hui d'un point de vue théorique, mais
également par ses résultats. Après environ deux
décennies d'application des réformes, les problèmes
s'étaient clairement aggravés. La stagnation est apparue pour la
première fois dans l'histoire de la construction socialiste. La grande
majorité des entreprises gardaient un retard technologique. Il y avait
des pénuries de nombreux biens de consommation, d’autres problèmes
du « marché », car les entreprises provoquaient une
augmentation artificielle des prix, en laissant des marchandises dans les
entrepôts ou en les distribuant en quantités
contrôlées.
L'interaction toujours croissante
d'éléments du marché affaiblissait directement la
production sociale du socialisme. Elle a engendré la chute de la
dynamique du développement socialiste et a renforcé
l’intérêt individuel et de groupe à court terme (avec des
différences importantes de salaires entre les travailleurs dans chaque
entreprise, entre les travailleurs et l'organe de direction, entre les
différentes entreprises) au détriment des intérêts
généraux de
Ces réformes ont permis que des sommes
d'argent accumulées principalement de manière illégale
(contrebande, etc.) soient investies dans le marché « noir »
(illégal). Cela concernait en particulier les cadres des organes de
l'administration et des entreprises, les cadres du commerce extérieur.
La Justice de l'URSS a également fourni des données sur cette
économie dite « parallèle ». Selon ces informations,
une partie importante de la production agricole coopérative ou d’Etat a
été détournée vers les consommateurs de
manière illégale.
La différenciation des revenus individuels
entre les producteurs agricoles individuels et les kolkhoziens s’est
élargie, tout comme leur opposition à la tendance
d’élargir le caractère social de la production agricole. Les
paysans qui s'enrichissaient étaient renforcés jusqu’à
devenir une couche de la société empêchant la construction
socialiste.
Les différences sociales
dans l'industrie étaient encore plus marquées à cause de
la concentration des « profits
d’entreprise ». Le « capital
fantôme » résultait non seulement des profits des
entreprises, mais aussi du marché noir, des opérations
criminelles comme le détournement du produit social ; il
recherchait un fonctionnement légal comme capital de production,
c'est-à-dire la privatisation des moyens de production, la restauration
du capitalisme. Les détenteurs de ce capital ont constitué la
force sociale motrice de
21. Le rôle indispensable du Parti dans le processus de construction
socialiste s'exprime dans sa direction du pouvoir ouvrier et dans la
mobilisation des masses pour participer à cette direction.
La classe ouvrière constitue la force
dirigeante de ce nouveau pouvoir avant tout grâce à son Parti.
La lutte pour l’édification et le
développement d'une nouvelle société est menée par
le pouvoir ouvrier révolutionnaire avec comme noyau dirigeant le parti
communiste, qui utilise les lois motrices de la société socialiste-communiste.
L'être humain, qui devient maître des processus sociaux, passe
graduellement du royaume de la nécessité au royaume de
Par conséquent, la nature scientifique et de
classe de la politique du PC est une condition déterminante de la
construction socialiste. Dans la mesure où ces caractéristiques
sont perdues, l'opportunisme s'installe et, avec le temps, s’il n’est pas pris
en compte, il se développe comme une force
contre-révolutionnaire.
Le devoir de développer les relations
communistes de production et de distribution requiert le développement
de la théorie du communisme scientifique, grâce à la
valorisation du travail scientifique du PC, selon des objectifs de classe, et
grâce à l'étude des lois du développement de la
formation socio-économique communiste. L'expérience a
montré que les partis au pouvoir, en URSS et dans d'autres Etats
socialistes, n'ont pas effectué avec succès cette tâche.
La conscience de classe dans l’ensemble de la
classe ouvrière ne se développe pas de manière
spontanée et uniforme. La croissance de la conscience communiste des
masses de la classe ouvrière est d’abord déterminée par
l’ensemble du renforcement des relations communistes de production et par le
niveau de la participation ouvrière dans la direction du PC, qui est la
structure principale de diffusion de la conscience révolutionnaire parmi
les masses. Avec cette base matérielle, il faut aussi que s’implante le
travail idéologique, l’impact du parti révolutionnaire qui
confirme son rôle dirigeant, dans la mesure où il mobilise la
classe ouvrière pour la construction socialiste.
La conscience de l'avant-garde doit toujours
devancer la conscience de la masse de la classe ouvrière, formée
par les relations économiques. De là résulte la
nécessité pour le Parti lui-même d'avoir un niveau
théorique et idéologique élevés et une
résistance afin de rester solide dans la lutte contre l'opportunisme,
non seulement dans les conditions du capitalisme, mais davantage dans les
conditions de la construction socialiste.
22. Le tournant opportuniste dominant
depuis les années 50 après
La nouvelle phase après
L'adoption des points de vue opportunistes et
révisionnistes par la direction du PCUS et par d'autres PC a finalement
transformé ces partis en structures qui ont dirigé la
contre-révolution dans les années 80.
Le tournant opportuniste qui a eu lieu au 20e
Congrès du PCUS (1956) et la perte graduelle des caractéristiques
révolutionnaires antérieures du Parti – un parti au pouvoir qui
se trouvait toujours dans le collimateur de l’agressivité
impérialiste – rendait plus difficile l’éveil et le travail de
sensibilisation des véritables communistes. C'est pourquoi les forces
communistes ne sont pas parvenues à temps à dévoiler le
caractère traître et contre-révolutionnaire de la ligne qui
dominait la session plénière du CC en avril 1985 et le 27e
Congrès du PCUS (1986). Ils ne sont pas parvenus à constituer
à temps un pôle manifeste de défense du socialisme pour
marquer la différence[39]
et affronter efficacement les forces de
Même si cette tendance ne pouvait être
inversée, particulièrement dans les années 80, il est
certain que la résistance, tant à l’intérieur des partis
au pouvoir que dans le cadre du mouvement communiste international, va
contribuer, même dans un contexte différent, à mener la
lutte actuelle pour la reconstruction du mouvement international et va
créer les conditions requises au dépassement de la crise
profonde.
Nous ne considérons pas comme
inévitable le développement rapide et le triomphe des
idées révisionnistes et des politiques opportunistes, ni
l'érosion opportuniste progressive du PCUS et autres PC au pouvoir, ni la
dégénérescence du caractère révolutionnaire
du pouvoir. Nous étudions l’ensemble des facteurs qui ont
contribué à cette évolution. Nous remarquons
notamment :
a) La baisse du niveau
d'éducation politique marxiste à la direction du PC et dans le
Parti en général, en raison des conditions particulières
de la guerre, les lourdes pertes et la brusque augmentation du nombre de
membres du PC ont généré un ralentissement du
développement de l'économie politique du socialisme.
Une recherche est aussi
nécessaire sur les changements dans la composition de classe du Parti,
dans sa structure et son fonctionnement et leurs répercussions au niveau
idéologique et dans les caractéristiques révolutionnaires
du Parti dans son ensemble, de ses membres et ses cadres.
·
La relative dépendance du pouvoir communiste en URSS depuis sa
naissance envers les cadres de l’administration et scientifique d’origine
bourgeoise.
·
L'héritage historique de l'URSS, du point de vue de l'importance
du retard pré-capitaliste et son développement capitaliste
inégal.
·
Les grandes pertes durant
·
Les problèmes et contradictions dans l'intégration des
pays d'Europe d’Europe centrale et orientale au système socialiste.
·
La crainte d'une nouvelle guerre, due aux interventions
impérialistes en Corée, etc., la Guerre froide, le doctrine
Hallstein en Allemagne de l’Ouest (la non-reconnaissance de la RDA
qualifiée de « zone
d'occupation soviétique »).
b) L'intervention politique
différenciée de l'impérialisme international, avec le
soutien de la social-démocratie, dans les pays de construction
socialiste, avec des échanges commerciaux plus flexibles vers des Etats
d'Europe centrale et orientale, mais aussi avec une pression idéologique
et politique directe contre l'URSS.
c) Les problèmes de
stratégie et la dissolution du mouvement communiste international.
23. La base théorique de
l'analyse du développement du pouvoir soviétique est que le
pouvoir, sous le socialisme, c’est la dictature du prolétariat. C'est le
pouvoir de la classe ouvrière, qui ne le partage avec aucune autre (ce
qui n'est pas le cas dans les autres types de pouvoir). La dictature du
prolétariat est l'organe de la classe ouvrière dans la lutte de
classe qui continue sous d'autres moyens et formes.
La classe ouvrière, comme charpente des
relations communistes instaurées, comme propriétaire collectif
des moyens de production socialisés est la seule classe qui peut diriger
la lutte pour le triomphe des relations communistes, la
« disparition » des classes et le
« dépérissement » de l'Etat.
A travers son pouvoir révolutionnaire, la
classe ouvrière en tant que classe souveraine, forme des alliances avec
les autres couches populaires qui ne sont pas encore des travailleurs de la
production sociale (par exemple, les petits producteurs des coopératives
à la ville ou à la campagne, les indépendants du secteur
des services, les scientifiques, les intellectuels et techniciens de la gestion
de la production, d’origine bourgeoise ou des classes moyennes). A travers
cette alliance, la classe ouvrière cherche à diriger ces couches
dans la construction socialiste, vers le triomphe absolu des relations
communistes.
La nécessité de la dictature du
prolétariat résulte de la poursuite de la lutte des classes au
niveau international. Elle se maintiendra jusqu’à ce que l’ensemble des
relations sociales soit communiste, c'est-à-dire aussi longtemps que
l'Etat sera nécessaire comme mécanisme de domination politique.
24. Les choix politiques qui
concernent la superstructure, les institutions de la dictature du
prolétariat, du contrôle ouvrier, etc., sont étroitement
liés aux choix politiques au niveau de l'économie.
Une question importante à étudier est
celle de l’évolution des soviets en tant que forme de dictature du
prolétariat. Dans
Dans la Constitution de 1936, la
représentation directe a été établie sur base du
critère géographique (l’unité électorale est
devenue la région et la représentation était
proportionnelle au nombre d'habitants). La tenue d’élections au sein des
assemblées électorales a été abolie et
remplacée par des zones électorales. Le droit de vote a
été accordé à tous par bulletins de vote secrets.
Les changements inscrits dans la Constitution de
1936 visaient à résoudre certains problèmes[41]
comme le manque de communication directe entre les cadres du parti et des
soviets avec la base ouvrière, le fonctionnement des soviets, l’attitude
bureaucratique, etc., ainsi que garantir la stabilité du pouvoir
soviétique à la veille de la guerre.
Il est nécessaire d’étudier plus
profondément le déclassement de l'unité de production en
tant que noyau d'organisation du pouvoir de la classe ouvrière, suite
à la suppression de l’élection indirecte via des congrès
et des assemblées. Il faut étudier les effets négatifs sur
la composition de classe des organes supérieurs de l'Etat et sur
l'application du droit de révoquer les délégués
(qui, selon Lénine, constitue un élément fondamental de la
démocratie sous la dictature du prolétariat).
25. Après le 20e Congrès
(1956), les compétences des soviets locaux ont été
renforcées dans les questions qui concernaient l’autosuffisance et
l’autogestion des entreprises socialistes. Ainsi, le centralisme
démocratique a reculé au niveau politique, en parallèle
avec le déclin de la planification centrale au niveau économique.
Des mesures, visant à renforcer l’installation des cadres des soviets,
ont été prises, comme l’augmentation graduelle des années
de service dans les institutions et l’augmentation de la possibilité
d'exemption des délégués de leurs tâches dans la production.
Au 22e Congrès
du PCUS (1961), ont été adoptées les analyses non
objectives au sujet du « socialisme
irréversible » et de « la
fin de la lutte de classe ». Au nom des « contradictions non antagoniques » entre les classes et
catégories sociales, l'Etat de l'URSS a été
qualifié d’« Etat de tout le
peuple » (entériné par la révision de la
Constitution de 1977) et le PCUS de « parti
du peuple tout entier ».
Cette évolution a
contribué au déclin des caractéristiques de l'Etat ouvrier
révolutionnaire, à la détérioration du
caractère de classe du Parti et de ses cadres, à la perte de la
vigilance révolutionnaire et idéologique, justifiée par la
thèse de « l’irréversibilité
du socialisme ».
Avec la perestroïka et la
réforme du système politique de 1988, le système des
soviets a été réduit en un organe bourgeois.
La direction du PCUS a
adopté des orientations qui affaiblissaient le caractère social
de la propriété et favorisait l'intérêt individuel
et de groupes limités, ce qui a créé un sentiment
d’aliénation de la propriété sociale et l’érosion
de
La classe ouvrière, les masses populaires en
général, n’ont pas tourné le dos au socialisme. Il est
caractéristique que les slogans utilisés durant la
perestroïka étaient « révolution
dans la révolution », « davantage de démocratie »,
« davantage de socialisme », car une grande partie du peuple, qui
constatait les problèmes, voulait des changements au sein du socialisme.
C’est pourquoi les mesures comme l’affaiblissement des relations communistes et
le renforcement des relations marchandises-monnaie, ensuite la restauration de
la propriété privée des moyens de production, ont
été présentées comme des mesures en vue renforcer
le socialisme.
Le
thème spécifique d’une future étude comparative et
concluante sera les formes d'organisation de la participation ouvrière,
leurs droits et leurs obligations, à diverses périodes du pouvoir
soviétique – les Comités ouvriers[42]
sous Lénine, le mouvement stakhanoviste, en opposition aux
« conseils d’autogestion » sous Gorbatchev – par rapport à la
planification centrale et à la réalisation du caractère
social de la propriété des moyens de production.
Dans le cadre de l'étude
de la construction socialiste dans d’autres pays d'Europe et d'Asie, nous
devons examiner : sous quelle forme s'est exprimé, dans les
démocraties populaires, le pouvoir de la classe ouvrière et l'alliance
de la classe ouvrière avec les couches petites-bourgeoises et leurs
conflits ; les influences nationalistes bourgeoises dans certaines
orientations de partis au pouvoir, par exemple le PC de Chine, l’Union des
Communistes yougoslaves ; comment l’unification, après 1945, avec
des sections de la social-démocratie, a-t-elle affecté le
caractère des PC au pouvoir, par exemple le Parti ouvrier unifié
polonais, le Parti socialiste unifié d’Allemagne, le PC de Tchécoslovaquie,
le Parti socialiste ouvrier hongrois.
27. Dans la lutte de classe au niveau mondial et dans
la disposition des rapports de forces, les évolutions du mouvement
communiste international et les questions de sa stratégie ont joué
un rôle sérieux[43].
Des problèmes
d’unité idéologique et stratégique se sont
manifestés durant toute l’histoire de l’Internationale Communiste (IC),
concernant le caractère de la révolution, le caractère de
la guerre[44]
survenue après la montée du fascisme en Allemagne, et l’attitude
envers la social-démocratie.
Les groupes opportunistes dans le
PC bolchevik (trotskistes, boukhariniens) étaient mêlés
à la lutte qui se développait au sein de l’IC à propos de
la stratégie du mouvement communiste international.
A la fin des années 20,
Boukharine, en tant que Président de l’IC, a soutenu les forces dans les
PC et dans l’IC qui surestimaient la « stabilisation
du capitalisme » et l’improbabilité d’un nouvel élan
révolutionnaire, qui exprimaient un esprit de compromis avec la
social-démocratie, surtout avec son « aile
gauche », etc.
L’affaiblissement de l’action de
l’IC en tant que centre uni est apparu des années avant son
autodissolution (mai 1943).[45]
Une évolution négative pour le mouvement international a
été l’absence d’un centre d’élaboration coordonnée
d’une stratégie révolutionnaire pour la transformation de la
lutte contre la guerre impérialiste ou l’occupation
étrangère en une lutte pour le pouvoir, devoir unique qui
concernait chaque PC dans les conditions de son propre pays.[46]
Indépendamment des causes
qui ont mené à la dissolution de l’IC, il y avait un besoin
objectif pour le mouvement communiste international d’élaborer une
stratégie révolutionnaire unie, de planifier et de coordonner son
action.
Une étude plus profonde de
la dissolution de l’IC doit prendre en considération une série
d’évolutions[47],
comme : l’arrêt de l’Internationale syndicale rouge, en 1937, parce
que la majorité de ses centrales s’est alliée aux syndicats
réformistes de masse, ou a adhéré à ces
syndicats ; la décision du 6e Congrès de l’IC de
la Jeunesse (1935), selon laquelle la lutte contre le fascisme et la guerre
exigeait un changement de caractère des unions de la jeunesse
communiste, base sur laquelle se sont réalisées des unification
d’organisations de jeunesse communistes avec des jeunesses socialistes (par
exemple en Espagne, en Lettonie, etc.).
La guerre a créé
les conditions d’une grande intensification des contradictions de classe
à l’intérieur de nombreux pays, mais la lutte antifasciste a
conduit au renversement du pouvoir bourgeois, grâce à
l’intervention décisive de l’Armée Rouge, seulement dans les pays
d’Europe centrale et orientale.
Dans l’Occident capitaliste, les
PC n’ont pas élaboré une stratégie de transformation de la
guerre impérialiste ou de la lutte de libération en une lutte de
conquête du pouvoir. La stratégie du mouvement communiste n’a pas
mis en valeur le fait que la contradiction entre Capital et travail
était une caractéristique intégrale de la guerre de libération
antifasciste dans une série de pays, afin de poser la question du
pouvoir, puisque le socialisme et la perspective du communisme constituent la
seule alternative à la barbarie capitaliste. Il y a eu un recul de la thèse
selon laquelle, entre le capitalisme et le socialisme, il n’y a pas de
système social intermédiaire, et par conséquent pas de
pouvoir politique intermédiaire entre le pouvoir bourgeois et le pouvoir
révolutionnaire de la classe ouvrière.
Cette thèse reste vraie,
indépendamment des rapports de forces, indépendamment des
problèmes qui peuvent agir comme catalyseurs pour
l’accélération des développements, par exemple
l’intensification des contradictions inter-impérialistes, la guerre impérialiste,
les changements de forme du pouvoir bourgeois qui peuvent être
instaurés.
28. Après la fin de
Dans ces conditions, les
conséquences négatives de l’érosion opportuniste
croissante de certains partis du mouvement communiste international sont
devenues encore plus évidentes. L’absence d’une unité
organisationnelle entre les PC, suite à la dissolution de l’IC, et
l’unité idéologique sérieusement affaiblie n’ont pas permis
d’élaborer une stratégie unifiée indépendante du
mouvement communiste international, face à la stratégie de
l’impérialisme mondial.
Le Bureau d’information des PC,
le Kominform, créé en
1947[48]
et dissous en 1956, ainsi que les conférences internationales des PC qui
ont eu lieu par la suite, n’ont pas pu traiter efficacement ces
problèmes.
Le système
impérialiste international restait puissant après la guerre, en
dépit du renforcement incontestable des forces du socialisme.
Immédiatement après la fin de la guerre, l’impérialisme
sous l’hégémonie des Etats-Unis, a commencé la « Guerre froide ». Il
s’agissait d’une stratégie soigneusement élaborée pour
saper le système socialiste.
La « Guerre Froide » comprenait notamment l’organisation d’une
guerre psychologique, l’intensification des dépenses militaires pour
épuiser économiquement l’URSS, des réseaux de sape et de
subversion du système socialiste de l’intérieur, des provocations
ouvertes et l’incitation à des développements
contre-révolutionnaires (par exemple en Yougoslavie en 1947-48, en
République Démocratique Allemande en 1953, en Hongrie en 1956, en
Tchécoslovaquie en 1968, etc.). Une politique économique et
diplomatique différenciée a été suivie à
l’égard des États socialistes pour qu’ils brisent leur alliance
avec l’URSS, pour renforcer les conditions de leur érosion opportuniste.
En même temps, le système impérialiste, avec les Etats-Unis
comme force principale, a constitué des alliances militaires,
politiques, économiques et des organisations internationales de
financement (Otan, Communauté européenne, FMI, Banque mondiale,
accords de commerce international), qui assuraient la coordination des
États capitalistes, réglaient certaines contradictions entre eux,
afin qu’ils servent l’objectif stratégique commun d’étouffer le
système socialiste. Ils ont organisé des interventions
impérialistes, des provocations systématiques et diverses et des
campagnes anticommunistes. Ils ont utilisé les armes idéologiques
les plus modernes pour manipuler les peuples, pour créer un climat
hostile contre les États socialistes et le mouvement communiste en
général. Ils ont utilisé les déviations
opportunistes et les problèmes d’unité idéologique du
mouvement communiste international. Ils ont soutenu économiquement,
politiquement et moralement toute forme de mécontentement ou de
désaccord avec le PCUS et l’URSS. Ils ont dépensé des
milliards de dollars de leurs budgets d’Etat dans ce but.
29. La ligne de la « coexistence
pacifique », comme elle a été développée
durant les premières années de l’après-guerre, dans une certaine
mesure au 19e Congrès (octobre 1952)[49]
et principalement au 20e Congrès du PCUS (1956)[50],
reconnaissait la barbarie capitaliste et l’agressivité des Etats-Unis et
de
Les deux branches du mouvement
communiste (au pouvoir ou non) ont surestimé la puissance du
système socialiste et sous-estimé le dynamisme du capitalisme
dans la reconstruction d’après-guerre. En parallèle, la crise
dans le mouvement communiste international s’est approfondie ; elle s’est
manifestée au départ par la rupture des relations entre le PCUS
et le PC de Chine et, plus tard, par la constitution du courant de l’« eurocommunisme ».
En Europe occidentale, dans les
rangs de nombreux PC, sous le prétexte des spécificités
nationales de chaque pays, le courant opportuniste de l’« eurocommunisme » niait les lois
scientifiques de la révolution socialiste, la dictature du
prolétariat et la lutte révolutionnaire en général.
Il adoptait la « voie
parlementaire » vers le socialisme, c’est-à-dire la
stratégie sociale-démocrate réformiste. En
général dans les PC, dominait l’analyse selon laquelle la
social-démocratie se divisait en aile « droite » et « gauche » ;
ce qui a affaibli particulièrement la lutte idéologique contre
L’attitude de nombreux PC face
à la social-démocratie faisait partie de la stratégie du
« gouvernement antimonopoliste »,
une sorte d’étape entre le socialisme et le capitalisme qui s’est
exprimée également à travers les gouvernements qui ont
géré le capitalisme en alliance avec
Cette stratégie s’est imposée
surtout après le 20e Congrès du PCUS (février
1956) avec sa thèse relative aux « diverses
formes de passage vers le socialisme, sous certaines conditions ».
Cette thèse constituait une révision fondamentale des conclusions
de l’expérience révolutionnaire soviétique. Elle
sous-estimait la stratégie unifiée du capitalisme contre les
États socialistes et le mouvement ouvrier dans les pays capitalistes.
Les contradictions entre les pays capitalistes, qui bien sûr comportaient
une part de dépendance, comme c’est le cas dans la pyramide
impérialiste, n’ont pas été correctement analysées.
Ainsi les PC ont choisi une politique d’alliance également avec des
forces bourgeoises caractérisées comme ayant une « conscience nationale », en
opposition à celles au service de l’impérialisme étranger.
De tels points de vue se sont maintenus dans une partie du mouvement communiste
qui, lors de la scission des années 60, s’est orientée vers le PC
de Chine.
L’interaction entre ce nouvel
opportunisme dans les PC des pays capitalistes et les PC au pouvoir s’est
renforcée dans les conditions de la peur d’une attaque nucléaire
contre les pays socialistes, de l’exacerbation de la lutte de classe à
l’intérieur des États socialistes (Europe centrale et orientale)
et des nouvelles guerres impérialistes (par exemple contre la
Corée, le Vietnam). La tactique flexible de l’impérialisme a
contribué au développement de l’opportunisme dans les PC des
États socialistes, à l’affaiblissement de la construction
socialiste, et à l’érosion de la lutte révolutionnaire en
Europe capitaliste et dans le monde. Ainsi s’est renforcée, directement
et indirectement, la pression impérialiste sur les États
socialistes.
Évaluation de la
position du KKE
30. Le 14e Congrès du KKE (1991) et
la conférence nationale de 1995 ont formulé l’autocritique
suivante : nous n’avons pas évité, en tant que parti,
l’idéalisation et l’embellissement du socialisme, tel qu’il a
été construit au 20e siècle. Nous avons
sous-estimé les problèmes que nous avons observés, les
attribuant principalement à des facteurs objectifs, les justifiant comme
des problèmes de croissance du socialisme, ce qui a été
prouvé comme non conforme à la réalité.
Notre capacité à
tirer des conclusions correctes a été restreinte du fait que
notre Parti n’a pas prêté l’attention nécessaire au besoin
d’acquérir un haut niveau théorique, de promouvoir l’étude
créative et l’assimilation de notre théorie, de mettre en valeur
la riche expérience de la lutte de classe révolutionnaire, de
contribuer, notamment avec nos propres forces, au développement
créatif des positions idéologiques et politiques, sur base de
l’évolution des circonstances. Dans une large mesure, en tant que parti,
nous avons adopté des points de vue théoriques et des choix
politiques erronés du PCUS.
Nous nous sommes adaptés
et nous avons toléré le caractère formel des relations
apparues entre les partis communistes, l’adoption sans critique des
thèses du PCUS en matière de théorie ou d’idéologie.
À partir de notre expérience, la conclusion qui se dégage
est que le respect de l’expérience des autres partis doit être
associée à la critique objective de leur politique et de leur
pratique, avec un esprit critique de camarades concernant les erreurs et
l’opposition aux déviations.
La conférence de 1995
critiquait le fait que notre parti avait accepté sans critique la
politique de la perestroïka, estimant qu’il s’agissait d’une
réforme politique au bénéfice du socialisme. Ce fait
reflétait également le renforcement de l’opportunisme dans les
rangs du parti à cette époque.
La confrontation critique de la
position du KKE face à la construction socialiste n’enlève rien
au fait que notre parti, avec une conscience internationaliste, a
défendu à travers son histoire le processus de construction du socialisme-communisme
au 20e siècle, même au prix de la vie de milliers de
ses membres et de ses cadres. Il a propagé de façon militante
l’idée du socialisme. La défense de la contribution du socialisme
au 20e siècle était et reste le choix conscient de
notre parti hier et aujourd’hui après les développements
négatifs.
Le KKE n’est pas passé du
côté de ces forces qui, issues du mouvement communiste, au nom de
la critique de l’URSS et d’autres pays, sont allées jusqu’à la
négation, au refus de leur caractère socialiste, à
l’adoption de la propagande de l’impérialisme ; il n’a pas non plus
révisé sa position de défense de ces pays, en dépit
de leurs faiblesses.
D. La nécessité et l ’actualité du socialisme - Enrichissement de
notre conception programmatique du socialisme
31. Le programme du parti mentionne : « Les bouleversements
contre-révolutionnaires ne changent pas le caractère de
l'époque. Le 21e siècle il sera le siècle d'un
nouvel essor du mouvement révolutionnaire mondial et d'une nouvelle
série de révolutions sociales. »
Les luttes qui se limitent
à préserver certaines conquêtes, même si elles sont
nécessaires, ne peuvent donner des solutions réelles. La seule
issue et la perspective inévitable, c’est le socialisme, en dépit
de la défaite à la fin du 20e siècle.
La nécessité du
socialisme émerge de l’intensification des contradictions du monde
capitaliste contemporain, du système impérialiste. Elle
découle du fait qu’au stade impérialiste de développement
du capitalisme, caractérisé par la domination des monopoles, les
conditions matérielles ont pleinement mûri jusqu’au niveau
où le passage à un système socio-économique
supérieur est nécessaire. Le capitalisme a socialisé la
production à une échelle sans précédent. Cependant,
les moyens de production, les produits du travail socialisé restent
propriété privée capitaliste. Cette contradiction est la
source de tous les phénomènes de crises des
sociétés capitalistes modernes : chômage et
pauvreté, qui prennent des dimensions explosives lors des crises
économiques ; durée du temps de travail élevée
en dépit de la forte augmentation de la productivité du
travail ; non-satisfaction des besoins sociaux contemporains en matière
d’éducation et de spécialisation professionnelle ainsi qu’en
matière de prévention et de soins de santé, conformes aux
avancées scientifiques et technologiques modernes ; destruction
manifeste de l’environnement avec des conséquences sur la santé
publique et la santé des travailleurs ; manque de protection contre
les catastrophes naturelles, en dépit des possibilités
technologiques modernes ; destructions par les guerres
impérialistes, commerce de drogues et d’organes humains, etc.
En même temps, cette
contradiction capitaliste montre l’issue : l’adéquation des rapports
de production au niveau de développement des forces productives ;
l’abolition de la propriété privée de tous les moyens de
production, en commençant par les plus concentrés, leur
socialisation, leur utilisation planifiée dans la production sociale avec
pour objectif de satisfaire les besoins sociaux ; la planification
centrale de l’économie par le pouvoir révolutionnaire ouvrier
socialiste, le contrôle ouvrier. L’objectif socialiste est
réaliste, parce qu’il est fondé sur l’évolution
capitaliste elle-même. Sa détermination ne dépend pas du
rapport de forces, des conditions sous lesquelles se développe l’action
révolutionnaire, qui peuvent accélérer ou ralentir les
évolutions.
La victoire de la
révolution socialiste, initialement dans un pays ou dans un groupe de
pays, résulte du fonctionnement de la loi du développement
économique et politique inégal du capitalisme.[52]
Les conditions pour que la révolution socialiste soit à l’ordre
du jour ne mûrissent pas simultanément au niveau mondial. La
chaîne impérialiste se brisera à son maillon le plus
faible.
Le devoir spécifique « national » de chaque PC est
la réalisation de la révolution socialiste et de la construction
socialiste dans son pays, en tant que partie du processus
révolutionnaire mondial. Ceci contribuera à la création
d’un « socialisme
intégré » dans le cadre de « la coopération révolutionnaire
prolétarienne de tous les pays ».[53]
La thèse léniniste
concernant le maillon faible ne néglige pas le rapport dialectique entre
national et international dans le processus révolutionnaire, qui est
aussi exprimé par le fait que le passage à la phase
supérieure du communisme requiert la prédominance mondiale du
socialisme, ou du moins dans les pays capitalistes développés et
importants du système impérialiste.
32. Le niveau de maturation des conditions
matérielles pour le socialisme diffère selon les
sociétés capitalistes, c’est un résultat de la loi du
développement inégal du capitalisme. L’indicateur de base du développement
des relations capitalistes est l’extension et la concentration du travail
salarié.
Dans les conditions de
l’impérialisme, le retard du capitalisme peut mener à une
intensification soudaine des contradictions, par conséquent à une
crise révolutionnaire, mais aussi à la possibilité de
Dans chaque cas cependant, le
passé capitaliste dont le pouvoir ouvrier révolutionnaire
hérite, ne justifie pas la mise en question des lois de la
révolution et de la construction socialiste. Celles-ci sont
généralement applicables dans tous les États capitalistes,
malgré les spécificités historiques qui ont
inévitablement jalonné la voie de la construction socialiste au
20e siècle et qui subsisteront dans la construction
socialiste future.
33. Le 15e Congrès du KKE a
défini la prochaine révolution en Grèce comme socialiste.
Il a aussi défini le caractère anti-impérialiste,
anti-monopole et démocratique du Front (AADM), comme l’alliance de la
classe ouvrière avec les couches populaires. Les congrès
suivants, surtout le 16e, ont enrichi le contenu programmatique du
Front.
Dans le programme du KKE, nos
thèses de base concernant le socialisme ont été
exprimées. Nous pouvons
aujourd’hui les enrichir, en utilisant les conclusions sur la construction
socialiste en URSS pendant le 20e siècle[55],
basées sur les thèses marxistes léninistes
développées dans le 2e chapitre.
34. Le haut niveau de monopolisation, surtout ces
dernières années, constitue la condition matérielle pour
la socialisation des moyens de production dans l’industrie, le commerce et le
tourisme, afin que la richesse produite devienne propriété
sociale. Toute forme d’entreprise privée dans les domaines de la
santé, de la protection sociale, de la sécurité sociale et
de l’éducation, sera directement abolie.
La propriété
sociale et la planification centrale créeront la possibilité
d’éliminer le chômage.
La planification centrale de
l’économie, basée sur la propriété sociale des
moyens de production réunis, constitue les rapports de production
communistes. Les plans d’État couvriront les objectifs à long
terme, moyen terme et court terme dans la planification de la construction
socialiste et dans la prospérité sociale.
La mise en œuvre de la
planification centrale sera organisée par secteur, à travers une
structure d’Etat unique, avec des branches régionales et par secteur. La
planification sera basée sur un ensemble d’objectifs et de
critères comme :
·
Dans l’énergie : développement des infrastructures
pour satisfaire les besoins de la production planifiée
centralement ; réduction du niveau de dépendance
énergétique du pays ; garantir suffisamment la consommation
populaire bon marché ; sécurité des travailleurs du
secteur, des zones résidentielles, protection de la santé
publique et de l’environnement. Dans cette direction, la politique
énergétique aura pour axes : valorisation de toutes les
sources d’énergie domestiques (par exemple lignite,
hydro-électrique, éolienne, etc.) ; recherche
systématique et découverte de nouvelles sources ; recherches
réciproques et collaborations inter Etats, mutuellement avantageuses.
·
Dans le transport, la priorité sera donnée au transport en
commun plutôt qu’individuel, au rail dans la partie continentale du pays.
Toutes les formes de transport seront planifiées selon des
critères d’interconnexion et de complémentarité d’action,
avec pour but le déplacement rapide et bon marché des personnes
et des produits, l’économie d’énergie et la protection de
l’environnement, le développement planifié et l’élimination
des inégalités régionales, le contrôle total de la
défense nationale et de
·
La terre sera
socialisée, les grandes exploitations agricoles seront
transformées en unités de production de l’État pour la
production et la transformation de produits agricoles en matière
première ou pour la consommation directe.
·
Les coopératives de production seront encouragées dans la
petite production agricole et la petite production de marchandises en ville.
Les coopératives de production créeront les conditions pour
l’extension des relations communistes dans tous les secteurs de
l’économie avec la concentration de la petite production de
marchandises, son organisation, la division du travail dans la
coopérative, l’augmentation de la productivité du travail et la
valorisation des nouvelles technologies. Un système de distribution des
produits des coopératives sera créé à travers des
magasins d’Etat et des coopératives. La planification centrale
déterminera la proportion de produits distribués via le
marché coopératif (et leur prix) et de ceux qui seront
distribués via les mécanismes d’Etat. Le but est
qu’éventuellement tous les produits des coopératives soient
distribués à travers un système d’État unifié.
L’objectif à atteindre est de progressivement distribuer tout le produit
des coopératives via le système unique de l’Etat.
Les coopératives de
production sont liées à la planification centrale à
travers des plans de production et des plans de consommation de matières
premières, d’énergie, de nouvelles machines et de services.
Les nouvelles réalisations
technologiques et scientifiques seront mises en oeuvre dans le but de
réduire le temps de travail et d’augmenter le temps libre, qui peut
être utilisé pour relever le niveau d’instruction et de culture,
pour l’acquisition des capacités à participer effectivement au
contrôle de la gestion, des institutions du pouvoir.
·
La recherche scientifique sera organisée par des institutions
d’État – établissements d’enseignement supérieur,
instituts, etc. – et servira la planification centrale, la gestion de la
production sociale, dans le but de développer la
prospérité sociale.
35. Une partie du produit social sera réparti,
selon les besoins, de façon équitable, par des services publics
gratuits de santé, d’éducation, de protection sociale, de
sécurité sociale, de loisirs, de protection de l’enfance et des
personnes âgées, ainsi qu’à travers des services très
bon marché (voire même gratuits) comme le transport, les télécommunications,
la fourniture d’énergie et d’eau potable pour la consommation populaire,
etc.
Des infrastructures sociales de
l’État seront créées, qui offriront des services sociaux
de qualité élevée de façon à couvrir les
besoins qui aujourd’hui sont payés par les revenus des individus et
familles (des restaurants d’entreprises, des cantines scolaires, par exemple).
·
Tous les enfants d’âge préscolaire recevront une
éducation préscolaire publique, gratuite et obligatoire.
Un enseignement
général (de base), public et gratuit sera assuré pour tous
pendant 12 ans, à travers un seul type d’école avec une
structure, un programme, une gestion et un fonctionnement unique, ainsi qu’un
équipement technique et du personnel spécialisé et
formé.
·
Un enseignement professionnel, gratuit et exclusivement public sera
assuré après l’enseignement général (de base)
obligatoire.
A travers un
système unifié d’enseignement supérieur public et gratuit,
sera formé le personnel scientifique, apte à enseigner dans les
établissements éducatifs et à fournir les
spécialistes des secteurs de la recherche, de la production sociale et
des services de l’Etat.
·
Un système de prévoyance sociale et de santé
exclusivement public et gratuit sera établi. La production sociale
directe (moyens de production socialisés, planification centrale,
contrôle ouvrier) créera les conditions matérielles afin
que l’économie socialiste, progressivement – selon son niveau de
développement – assure à tous les membres de la
société l’égalité des conditions des soins de
santé et de bien-être social en tant que biens sociaux. Elles sont
fournies comme une condition préalable pour garantir le bien-être
physique et mental, pour le développement intellectuel et culturel de
chaque personne, selon les conditions de travail et de vie, l’environnement
global et les conditions sociales qui influencent sa capacité au travail
et à l’activité sociale.
36. Avec l’élaboration et la mise en œuvre
du premier plan d’État, le fonctionnement des rapports
marchandises-monnaie sera déjà limité. Sa restriction
continuelle dans la perspective de leur élimination est liée avec
l’extension planifiée des relations communistes dans toute la production
et la distribution, avec l’élargissement des services sociaux pour
satisfaire toujours davantage les besoins de la consommation individuelle. La
monnaie perd graduellement sa signification en tant que forme de la
valeur ; sa fonction comme moyen d’échange de marchandises est
transformée en une forme de certification du travail accompli, pour que
les travailleurs puissent avoir accès à la part du produit social
qui est réparti selon leur travail.
L’accès à ces
produits est déterminé par la part individuelle de travail de
chacun dans l’ensemble du travail socialisé. La mesure de la
contribution individuelle est le temps de travail, déterminé par
le plan sur base des éléments suivants : les besoins globaux
de la production sociale, les conditions physiques du processus de production
qui prend en compte le travail « individuel », les besoins
particuliers de la production sociale (par exemple le déplacement de
main d’œuvre vers des régions déterminées, vers des
secteurs prioritaires de production), d’autres besoins particuliers (par
exemple la maternité, les personnes handicapées), la position
d’avant-garde dans l’organisation et l’exécution du travail.
Chaque politique de
répartition des revenus du travail sera élaborée à
partir des principes ci-dessus. Toute déviation, héritage de la
période de différenciation basée sur la « valeur »
(qui classe le travail de spécialisé à non
qualifié), sera traitée d’une façon planifiée, en
donnant la priorité à l’élévation des revenus des
travailleurs les moins payés.
La planification centrale,
à moyen et long terme, vise à développer de manière
générale la capacité au travail spécialisé,
ainsi qu’à l’alternance dans la répartition technique du travail,
au développement généralisé de la
productivité du travail et de la réduction du temps de travail.
·
Le rôle et la fonction de la Banque centrale seront
modifiés. La régulation de la fonction de la monnaie, en tant que
moyen de circulation des marchandises, sera restreinte aux échanges
entre la production socialiste et la production des coopératives
agricoles et en général avec la production de certain biens de
consommation, jusqu’à l’élimination complète de la
production de marchandises. Sur cette base, sera contrôlé le
fonctionnement analogue de certains organismes de crédit d’Etat
spécialisé pour les coopératives agricoles et de certaines
petites entreprises.
Il en sera de même dans les
échanges internationaux – commerce entre Etats, tourisme – tant
qu’existeront des États capitalistes sur terre. C’est pourquoi un
département de planification centrale régulera les
réserves d’or ou d’autres marchandises qui servent de devises
internationales.
Le nouveau rôle de la
Banque centrale sera élaboré dans l’exercice de la
comptabilité sociale générale et sera lié aux
organes et aux objectifs de la planification centrale.
37. La construction socialiste n’est pas compatible
avec la participation du pays à des unions impérialistes, comme
l’Union Européenne ou l’Otan. Le pouvoir révolutionnaire, selon
la situation internationale et régionale, cherchera à
développer les relations internationales, mutuellement avantageuses,
entre la Grèce et les autres pays, en particulier avec des pays qui ont
un niveau de développement, des problèmes et des
intérêts directs qui pourraient rendre la coopération
bénéfique. L’Etat socialiste recherchera la coopération
avec des pays et des peuples qui ont objectivement un intérêt
direct à résister aux centres économiques, politiques et
militaires de l’impérialisme, et surtout avec les autres peuples qui
construisent le socialisme dans leur pays. Il cherchera à utiliser toute
« faille avantageuse » qui existerait dans le « front
impérialiste », en raison des contradictions
inter-impérialistes, de façon à défendre et
à renforcer la révolution et le socialisme. Une Grèce
socialiste, loyale envers les principes de l’internationalisme
prolétarien, constituerait, selon ses capacités, un appui pour
l’anti-impérialisme mondial, pour le mouvement révolutionnaire et
communiste.
38. Le pouvoir ouvrier révolutionnaire, la
dictature du prolétariat, a le devoir de faire échouer les
tentatives de la classe bourgeoise et de la réaction internationale de
restaurer le pouvoir du capital. Il a le devoir de créer une nouvelle
société, grâce à la suppression de l’exploitation de
l’homme par l’homme. Son fonctionnement organisationnel, culturel, politique,
éducationnel et défensif sera guidé par le Parti. Il
exprimera une forme supérieure de démocratie, avec comme
caractéristique de base la participation énergique de la classe
ouvrière, du peuple, à la résolution des problèmes
de base concernant la construction de la société socialiste et le
contrôle du pouvoir et ses institutions. Le Parti est l’organe de base de
la lutte de classe de la classe ouvrière, qui se poursuit sous d’autres
formes et sous de nouvelles conditions.
Le centralisme
démocratique est le principe fondamental de la construction et du
fonctionnement de l’État socialiste, du développement de la
démocratie socialiste, de la gestion de l’unité de production, de
tous les services publics.
Le pouvoir ouvrier
révolutionnaire s'appuiera sur les institutions créées par
la lutte révolutionnaire de la classe ouvrière et de ses
alliés. Les institutions parlementaires bourgeoises seront
remplacées par les nouvelles institutions du pouvoir ouvrier.
Les noyaux du pouvoir ouvrier
seront les unités de production, les lieux de travail, à travers
lesquels s’exercera également le contrôle ouvrier et social de
l’administration. Les représentants des travailleurs dans les organes du
pouvoir seront élus et révoqués (si nécessaire) via
les unités de production. Seront ainsi garantis légalement et
assurés en pratique, l’exercice du contrôle ouvrier et social, la
libre critique des décisions et manœuvres qui entravent la
construction du socialisme, la condamnation des décisions arbitraires
subjectives et les comportements bureaucratiques des responsables, ainsi que
d’autres phénomènes négatifs et déviations aux
principes socialistes et communistes.
La représentation des
paysans coopérateurs et des petits producteurs de marchandises est
garantie par leur alliance avec la classe ouvrière. La composition des
organes supérieurs est établie par l’élection de
représentants des organes inférieurs, via des instances
adéquates. Elles s’assureront que la majorité des
représentants de ces organes soient issus des travailleurs des
unités de production socialistes et des services sociaux publics.
L’organe suprême du pouvoir
est un organe exécutif – il légifère et gouverne
à la fois – et une répartition entre les compétences
législatives et exécutives est y effectuée en son sein. Ce
n’est pas un Parlement, les représentants ne sont pas permanents, ils
peuvent être révoqués, ils ne sont pas coupés de la
production, mais détachés pour la durée de leur mandat, en
fonction des nécessités de leurs tâches de
délégués. Ils ne tirent aucun avantage financier
particulier de leur participation dans les organes du pouvoir. C’est via cet
organe suprême que sont choisis le gouvernement et les responsables des
diverses organes exécutifs (ministères, administrations,
comités, etc.).
Une Constitution
révolutionnaire et une législation révolutionnaire seront
élaborées, correspondant aux nouveaux rapports sociaux –
propriété sociale, planification centrale, contrôle ouvrier
– et qui défendront la légalité révolutionnaire. De
même, une loi sur le Travail, une loi sur la Famille et toute la
consolidation juridique des nouveaux rapports sociaux seront établis. Un
nouveau système judiciaire sera élaboré, basé sur
des institutions populaires révolutionnaires d’exercice de
Parmi les fonctions du pouvoir
ouvrier révolutionnaire, figure la réforme radicale d’une partie
du mécanisme administratif de l’État bourgeois,
inévitablement hérité durant la première phase du
socialisme. Le temps de travail, les droits et obligations des travailleurs
seront réglés par la législation révolutionnaire.
La direction du Parti, sans aucun privilège, garantira la réforme
révolutionnaire de l’administration publique.
Les nouveaux organes
révolutionnaires de sécurité et de défense
s’appuieront sur la participation ouvrière et populaire, mais aussi sur
du personnel permanent spécialisé.
A la place de l’armée
bourgeoise et des corps de répression, qui auront été
totalement dissous, de nouvelles institutions seront créés, sur
base de la lutte révolutionnaire armée, pour écraser la
résistance des exploiteurs et défendre
39. Le KKE, en tant qu’avant-garde de la classe
ouvrière, a le devoir de guider la lutte pour la transformation
complète de tous les rapports sociaux en rapports communistes.
Son rôle
révolutionnaire et d’avant-garde est garanti à travers l’effort
permanent d’assimilation et de développement de la théorie
marxiste-léniniste, du communisme scientifique, grâce à
l’assimilation des conquêtes scientifiques modernes et l’analyse de
classe des problèmes qui surgissent au cours du développement de
la formation socio-économique communiste.
A chaque phase, il est important
de garantir la composition prolétarienne du Parti, car la
société socialiste n’est pas homogène et présente
des contradictions sociales.
Le rôle
révolutionnaire et d’avant-garde du Parti est confirmé par sa
capacité à mettre en oeuvre la participation et le contrôle
ouvrier, surtout dans l’unité de production et le service public, afin
que la classe ouvrière se développe et devienne le sujet de
l’autogestion communiste.
Le rôle du Parti n’est pas
simplement idéologique et pédagogique. Il est le parti de la classe
qui détient le pouvoir. Le rôle dirigeant dans l’exercice du
pouvoir est sa tâche principale. Par conséquent, le PC doit avoir
une relation organisationnelle directe avec toutes les structures de la
dictature du prolétariat. Il doit se soucier de toutes les questions
politiques importantes qui concernent l’exercice du pouvoir ; il doit
mobiliser la classe ouvrière dans le contrôle du pouvoir et dans
la gestion de
En tant que Parti, nous poursuivrons
l'étude et la recherche afin d'améliorer la rédaction de
nos conclusions, y compris sur des questions que nous n'avons pas encore
approfondies. Il est tout aussi important que notre présente réflexion
sur le socialisme-communisme soit assimilée par tous les membres du
Parti et par les jeunes de la KNE.
C'est cette tâche qui
déterminera la capacité du Parti à lier pleinement sa
stratégie à la lutte quotidienne, sa capacité à
formuler des objectifs concernant les problèmes directs des
travailleurs, en lien avec la stratégie de conquête du pouvoir
ouvrier révolutionnaire et la construction socialiste.
19 octobre 2008
CC du KKE
========
***
Many thanks to the PADS,
[1]
Faculté économique de l'Université Lomonosov de Moscou, Economie politique, T.5, Ed. Gutemberg,
1980, p. 604-605.
[2]
Faculté économique de l'Université Lomonosov de Moscou, Economie politique, T.4, Ed. Gutemberg,
1980, p. 150.
[3]
La Grande encyclopédie soviétique, T. 31, p. 340, mentionne la
loi intitulée : « Principes fondamentaux de la législation
du travail en URSS et dans les Républiques unies ».
[4] Les relations capitalistes de production, en tant que
nouvelle forme historique d'exploitation de l’homme par l’homme, avec la
relation travail - capital, sont apparues et se sont étendues durant la
seconde moitié du 14e siècle dans les villes du Nord
de l’Italie (par ex. Gênes, Venise etc.). Pour une série de
raisons, elles n’ont cependant pas pu amener un niveau supérieur de
croissance et ainsi elles n'ont pas pu triompher, ce qui a
entraîné le retour aux relations féodales. La croissance
des relations capitalistes ultérieurement en Angleterre et aux Pays-Bas
au 16e siècle a porté l'ordre bourgeois en avant, a
conduit à une série de révolutions bourgeoises
jusqu'à à ce que, finalement, à travers un processus de
confrontation et de compromis avec le féodalisme, il consolide
définitivement son pouvoir au 19e siècle. L'histoire du monde de l'Académie
des sciences de l'URSS, volume III, 2 p. 943-983, décrit de
manière détaillée la progression de l’extension des
relations capitalistes dans les villes du Nord de l’Italie, ainsi que leur
processus de déclin et leur renversement qui a conduit au retour et
à la domination des relations féodales. Une
caractéristique de l'étendue qu’avaient atteint les relations
capitalistes dans les villes italiennes, ce sont les âpres conflits de
classe, avec des révoltes et des grèves, organisés par les
ouvriers salariés contre les bourgeois artisans, les marchands et les
banquiers. Un événement caractéristique est celui de la
révolte de 4.000 ouvriers des manufactures textiles de Florence en 1343.
Durant le 15e siècle, l'industrie des manufactures
était assez limitée et les habitants riches des villes ont
transféré leurs fonds vers les activités agricoles. Un
élément caractéristique témoigne du retour en
arrière : au 13e siècle, dans certaines villes,
le servage avait été aboli ou réduit ; la seconde
moitié du 15e siècle a été
marquée par le retour de celui-ci (volume III, 2, p. 962-964).
[5] V.I.
Lénine, Œuvres
complètes, L’Etat et la
Révolution.
[6] Karl
Marx, Le Capital, Ed. Synchroni
Epochi, Livre I, p.91-92.
[7] K. Marx, Critique du Programme de Gotha, 1e
partie, et F. Engels, Anti-Dühring,
VI. Travail simple et travail composé
[8] K. Marx,
Le Capital, Ed. Synchroni Epochi, Livre I, p. 91-92.
[9] K. Marx, Le Capital, Livre II, Ed. La
Pléiade p.863.
[10] A la
veille de
[11] En 1913,
le PNB par habitant de la Russie était 11,5% de celui des USA.
Près des 2/3 de la population étaient complètement
analphabètes.
[12] Comme cela
a été révélé dans l’histoire du PCUS, il y a
eu un débat très vif au Présidium du CC en juin 1957, un
an après le 20e Congrès. Les membres du
Présidium, Malenkov, Kaganovitch, Molotov, se sont
déclarés contre la ligne du 20e Congrès, sur la
politique intérieure et extérieure : contre
l’élargissement des pouvoirs des républiques de l’Union dans
l’édification économique et culturelle, contre les mesures
restreignant le mécanisme d’État et la réorganisation de
l’administration industrielle et la construction, contre les mesures de
restriction de l’appareil d’Etat et de la réorganisation de l’industrie
et de la construction, contre l’augmentation des stimulants matériels
pour les paysans des kolkhoz, contre la suppression de la contribution
obligatoire de produits ruraux provenant des ménages individuels
kolkhoziens. Molotov s’est opposé à l’extension vers les
territoires vierges et sauvages. Tous trois ont pris position contre la ligne
politique extérieure du parti. Finalement, Malenkov, Kaganovitch,
Molotov et Sépilov ont été chassés du CC et du
Présidium à
[13]
Orientation tracée par le 15e congrès (1927) : le PCUS
(Bolchevik) a insisté sur la croissance de la productivité des
petites et moyennes entreprises et sur la fourniture et l'équipement
technologique. La nationalisation de la terre n’entrait pas en conflit avec les
droits d’usage des petits et moyens paysans. Elle bénéficiait aux
petits paysans et aux formes de coopération entre les paysans
dispersés, de la plus simple, des associations jusqu’à l’artel. La position envers les petits
paysans, la petite production, était une relation d'aide et non de
conflit. La destruction des formes inférieures de production au nom des
plus grandes a été rejetée.
[14] Les
sovkhozes étaient des organes agricoles d’État à la base
de la mécanisation de la production agricole. Le premier sovkhoze a
été créé en 1918 sur des terres expropriées
de grands propriétaires. Le produit des sovkhozes était
entièrement remis à l’État. Les travailleurs des sovkhozes
avaient un revenu sous forme de salaire, ils étaient
considérés comme des travailleurs de la propriété
sociale, tout en ayant le droit de garder une petite parcelle agricole
individuelle, comme d'ailleurs tous les travailleurs qui vivaient dans les
régions rurales. Ils avaient le droit, comme les paysans des kolkhozes,
de mettre sur le marché une partie de la production de leurs parcelles
individuelles. Certaines sources estiment qu’il existaient 21 600 sovkhozes
comptant 12 millions de travailleurs (contre 26 400 kolkhozes et 13 millions de
kolkhoziens). Économie rurale,
Ed. Agence Novosti, 1983.
[15] Décision du CC du 15/3/1930 et article personnel de J.I.
Staline (Le vertige du succès,
J.I. Staline, Œuvres complètes, V. 12, pp. 218-227) où sont
indiquées des erreurs qui nuisaient à la stabilisation de
l’alliance ouvriers-paysans, erreurs à reconnaître et à
corriger dans toutes les domaines et toutes les circonstances possible si des
faits irréversibles et des déviations avérées n’ont
pas été créés.
[16] L’« affaire Chakhty » concerne les
sabotages commis dans l’industrie du charbon de la région du Donbass par
des spécialistes bourgeois, cadres de l’industrie, recrutés par
le pouvoir soviétique pour organiser et diriger
[17]
L. Trotski et ses partisans (ultérieurement Zinoviev et Kamenev)
soutenaient que l’URSS ne pouvait construire le socialisme si la
révolution socialiste n’avait pas triomphé dans un certain nombre
de pays capitalistes développés, sinon le pouvoir
soviétique se désintégrerait inévitablement. Cette
position l'a amené au début de la révolution à
émettre le point de vue que la production rurale devait être
soumise par la force à l'industrie (la « dictature de l'industrie »). Plus tard cependant (1932), il
a dénoncé la collectivisation et l'effort d'industrialisation
comme de « l’aventurisme
bureaucratique ».
N. Boukharine prétendait que pour construire le socialisme en URSS, le
capitalisme devait d'abord être développé dans les secteurs
arriérés et en particulier dans la production agricole. Il
réagissait à la promotion de la collectivisation de la production
agricole, estimant que ce n'est qu'à travers les coopératives de
consommateurs et de fournisseurs et la libéralisation du marché
que la production agricole pourrait être mise sur la voie du socialisme.
Boukharine et ses partisans maintenaient que les koulaks pouvaient
progressivement être intégrés dans le socialisme et
soutenaient la poursuite de
[18]
Ceci a été confirmé par les faits avec la
découverte de centres contre-révolutionnaires au milieu des
années 30. En dépit des excès dans les mesures prises pour
traiter ces centres, les procès de 1936 et 1937 ont
révélé qu’il y avait eu coopération entre ces
centres et des sections de l’armée (cas Toukhatchevski, qui a
été réhabilité après le 20e
Congrès du PCUS), ainsi qu’avec les services secrets d’Allemagne,
d’Angleterre, de France, etc. De plus, des sources émanant d’Etats
capitalistes ont confirmé l’existence de tels plans et la participation
dans ceux-ci de cadres dirigeants comme Boukharine. Un exemple
caractéristique est le rapport de Joseph Davies (alors ambassadeur des
Etats-Unis à Moscou), concernant le procès Boukharine, qu’il a
suivi du début à
[19] J.V. Staline, Les problèmes économiques du socialisme en URSS, Editions sociales, Moscou, 1952,
[20] J.V. Staline, Les problèmes économiques du socialisme en URSS, Editions sociales, Moscou, 1952,
[21] GOSPLAN,
Comité étatique pour la planification, organe d’Etat
chargé de la planification centrale en URSS.
[22] N. A.
Voznesensky, L’économie de guerre
de l’URSS à l’époque de la Guerre patriotique, Moscou, 1947,
p.118.
[23] J.V. Staline, Les problèmes économiques du socialisme en URSS, Editions sociales, Moscou, 1952,
[24] « Il est certain
qu’avec l’abolition du capitalisme et du système d’exploitation, avec le
renforcement du régime socialiste dans notre pays, devait
disparaître l’opposition des intérêts entre la ville et la
campagne, entre l’industrie et l’agriculture. C’est ce qui advint. […]Sans
doute, les ouvriers et la paysannerie kolkhozienne forment cependant deux
classes qui se distinguent l’une de l’autre par leur situation respective. Mais
cette distinction n’affaiblit en aucune manière leur amitié. Au
contraire, leurs intérêts se situent sur le même plan, celui
de la consolidation du régime socialiste et de la victoire du
communisme.[…] Si l’on considère, par exemple, la différence
entre l’agriculture et l’industrie, elle consiste chez nous non seulement en ce
que les conditions de travail dans l’agriculture diffèrent des
conditions de travail dans l’industrie, mais avant tout et principalement en ce
que dans notre industrie les moyens de production et les objets produits
appartiennent au peuple,tandis que dans l’agriculture la propriété
n’est pas celle du peuple entier mais celle d’un groupe, du kolkhoze. Ce fait,
on l’a déjà dit, aboutit au maintien de la circulation des
marchandises, et ce n’est qu’avec la disparition de cette différence
entre l’industrie et l’agriculture que peut disparaître la production
marchande avec toutes les conséquences qui en découlent. Par
conséquent, on ne peut nier que la disparition de cette
différence essentielle entre l’agriculture et l’industrie doive avoir
pour nous une importance de premier plan. » J.V. Staline, Problèmes
économiques du socialisme en URSS, Editions sociales, Moscou 1952.
[25] Il y avait
de nombreux petits kolkhozes comprenant 10 à 30 familles, sur de petites
étendues de terres, où n'étaient pas mis
entièrement en valeur les moyens techniques et où les coûts
de gestion administrative étaient très élevés.
[26] En
dépit des succès dans la réalisation du 4e plan
de cinq ans (1946-1950), la direction du PCUS notait les problèmes
suivants durant cette période : rythmes lents dans l'introduction
des nouvelles découvertes scientifiques et technologiques dans une
série de secteurs industriels et dans la production agricole. Des usines
avec un équipement technique désuet et une faible
productivité, la production de machines-outils et d'instruments
technologique dépassés. Des phénomènes
d’auto-satifsfaction, de routine, d’inertie dans la gestion des entreprises,
l’indifférence envers l'introduction du progrès technique, en
tant que stimulus constant pour le déploiement des forces productives.
Retard dans le redressement de la production agricole, faible rendement
à l’hectare dans la culture des céréales, faible
productivité de la production vivrière, dont la production totale
n’a même pas atteint le niveau d'avant-guerre, créant des
pénuries en viande, lait, beurre, légumes et fruits qui ont
affecté l'objectif général d’élévation du
niveau de prospérité sociale. (G. Malenkov, Rapport
d'activité du CC du PC(b) de l'URSS au 19e Congrès du Parti »,
Ed. CC du KKE, pp. 48-64.
[27] Retard
dans le développement d’un mécanisme qui refléterait dans
la planification centrale les ratios réellement nécessaires entre
les branches et secteurs de l'économie.
[28] Il est
important de noter comment les forces bourgeoises ont alors
caractérisé les réformes de 1965 :
a) la pensée économique bourgeoise les a qualifié de
retour au capitalisme (publications de The
Economist, Financial Times).
b) elles avaient le soutien des économistes bourgeois occidentaux de
l’école keynésienne et de la social-démocratie, laquelle a
caractérisé les « réformes » comme une amélioration
de la planification accompagnée d’une lutte contre la bureaucratie.
[29] Les
tracteurs et autres étaient jusque là propriété de
l'Etat et étaient rassemblés dans des stations SMT (stations de
machines et tracteurs) et utilisés par des ouvriers.
[30] En
février 1958, la session plénière du CC du PCUS a
décidé la dissolution des SMT et la vente de leur
équipement technique aux kolkhozes, politique qui a conduit à une
large extension de la propriété kolkhozienne et à la
réduction correspondante de la propriété sociale.
[31] Les sovnarkhozes ont été
abolis en 1965 et les ministères sectoriels réinstallés.
[32] Session
plénière du CC du PCUS de mars 1965, avec un rapport de L.
Brejnev sur le thème : « Les
mesures urgentes pour le développement ultérieur de
l'économie rurale de l'URSS ».
[33] Jusqu'en
1958 en URSS, des formes d'approvisionnement de produits agricoles de la part
des kolkhozes étaient en vigueur, ce qui limitait
l’élément de marché qui n’était que formel, avec
les marchandises, non en substance : livraisons obligatoires
d'approvisionnement à bas prix, avec le pouvoir d’un
d'impôt ; contrats, c'est-à-dire la vente de produits des
kolkhozes sur base de contrats avec les organes d'approvisionnement ;
paiement en nature du travail des SMT ; mise sur le marché des
produits dépassant les livraisons obligatoires à des prix plus
élevés que l'approvisionnement. Le système des livraisons
a été instauré en 1932-1933. Le contrat était
apparu plus tôt et avait été étendu aux produits
techniques.
[34] En 1970,
la production auxiliaire en URSS fournissait 38% des légumes, 35% de la
viande et 53% des oeufs. Globalement, ce surplus des ménages
représentait 12% des produits de l’économie rurale vendus sur le
marché (8% de produits de l’agriculture et 14% de l'élevage). La
production auxiliaire fournissait 41% des pommes de terre, 13% des
légumes, 17% de la viande, 9% des oeufs, 6% du lait et 15% de la laine,
vendus comme marchandises. (Faculté économique de
l'université Lomonosov de Moscou, Economie
politique, Ed. Gutenberg, Athènes 1984, T. 4, p. 319.)
[35] Session
plénière du CC du PCUS, septembre 1965, ayant pour thème :
«Amélioration de la gestion de
l'industrie, perfectionnement de la planification, renforcement des stimulants
économiques de la production industrielle ». Les « réformes Kossyguine »
se sont intensifiées durant toutes les années 70.
[36]
Dans l'industrie, les réformes ont été appliquées
de manière expérimentale en 1962, dans le fonctionnement de deux
usines de fabrication de vêtements, selon le modèle de gestion du
professeur Liberman (connu comme le système de Kharkov). Liberman
soutenait que le calcul des suppléments de salaires (primes) des
directeurs, selon la réalisation du plan, introduisait une contradiction
entre les intérêts des directeurs et les intérêts de
la société soviétique dans son ensemble. Et ceci parce que
les directeurs dissimulaient la capacité de production réelle des
entreprises, ils créaient des stocks de matières premières
et de produits, ils étaient indifférents à l’arrêt de
la production de « produits inutiles », ils empêchaient
l'application de nouvelles technologies, de façon à ne pas
modifier les « normes », c'est-à-dire les indicateurs de la
production sociale, sur base desquelles était évaluée la
réalisation du plan. Ainsi par exemple, ils fabriquaient du papier
épais au lieu du mince, parce que les normes étaient
évaluées au poids. Il a donc tiré des conclusions
correctes, en proposant cependant une politique erronée. Sur cette base,
des communistes et des ouvriers ont été convaincus de la
nécessité de ces mesures.
[37] V.M.
Gkloushkov, Hypothèques pour ceux
qui restent, KOMEP (Revue communiste), 1/2005 et N.D. Pikhorovich, Solution alternative à la
réforme de marché de 1965 sans destinataires, KOMEP, 3/2005.
[38] Documents
de la conférence nationale du KKE (1996), Analyse et réflexions sur les facteurs qui ont
déterminé le renversement du système socialiste en Europe.
La nécessité et l'actualité du socialisme, p. 23-24.
[39] V.
Tioulkine, aujourd'hui Secrétaire général du CC du
PCOR-PCR, dans son discours à la conférence internationale de
commémoration des 80 ans de
· La 19e
conférence du PCUS a décrété le pluralisme
politique.
· La route vers la politique du
marché a été ouverte par le 28e Congrès
du PCUS.
· La session
plénière du CC du PCUS (avril 1991) a ouvert la voie à la
politique de privatisation.
· Une politique
d'indépendance (sécession de l’URSS) a été suivie
par un groupe des communistes au Congrès des soviets.
· La dissolution de l'URSS a
été confirmée par une prétendue majorité
communiste au Soviet suprême.
· Dans un article en 2000,
à l'occasion des 10 ans de la convocation du 28e
Congrès du PCUS, Tioulkine mentionne qu’à la conférence
nationale pour la création du PC de la Fédération de
Russie (au sein du PCUS) est apparue pour première fois le groupe « Mouvement d'initiative
communiste » qui, avec d’autres, a voté contre les
décisions du 28e Congrès du PCUS.
[40] République socialiste
fédérative soviétique de Russie (Российская Советская Федеративная Социалистическая Республика - Rossiïskaïa Sovietskaïa
Federativnaïa Sotsialistitcheskaïa Respoublika)
[41] Le rapport de A. Jdanov à la
session plénière du CC du PCUS (février-mars 1937)
mentionne les problèmes suivants que cherchait à résoudre
le nouveau système électoral : « Nous devons dépasser la psychologie néfaste,
qu’ont certains de nos cadres du parti et des soviets, qui estiment qu'ils
peuvent acquérir pour rien la confiance populaire et dormir tranquillement,
en attendant qu’on leur offre des sièges parlementaires à
domicile, sous les applaudissements, pour leurs services antérieurs.
Avec le vote secret, cette confiance n’est plus acquise. (…) Nous avons une
couche importante de cadres dans les organisations du parti et des soviets, qui
considèrent que leur tâche se termine, en substance, lorsqu'ils
sont élus aux soviets. En témoigne le grand nombre de
responsables qui ne se présente pas aux sessions plénières
des soviets, aux groupes parlementaires et aux départements de nos
soviets, qui évitent d’accomplir leurs devoirs parlementaires de base
(…). Nombre de nos cadres dans les soviets tentent d’acquérir des postes
bureaucratiques et ont de grandes faiblesses dans leur travail, ils sont
prêts à répondre dix fois de leur travail devant le bureau
du comité du parti, dans un cercle étroit et familial,
plutôt que d’apparaître à la session plénière
des soviets, y présenter leur autocritique et écouter la critique
des masses. Je pense que vous savez cela aussi bien que moi. » KOMEP,
4/2008.
[42] Les
comités ouvriers constituaient des organes de contrôle ouvrier de
la période 1917-1918. Ces organes sont apparus en mars 1917. Le
contrôle ouvrier était réalisé sur la base du
décret publié en novembre 1917. En 1919, les comités
ouvriers ont fusionné avec les syndicats. Ultérieurement, dans
les années 20, les Conseils de production ont fonctionné en tant
qu’organes de contrôle ouvrier dans les usines.
[43] Pour
comprendre cette question, voir l’analyse et les conclusions établies
par le CC du KKE : « Pour les
60 ans de la victoire antifasciste des peuples, le 9 mai 1945 », avril
2005.
[44]
Initialement, le 9 septembre 1939, le secrétariat du Comité
exécutif de l’Internationale communiste a caractérisé la
guerre comme impérialiste et prédatrice des deux
côtés, appelant les sections nationales de l’IC des pays
impliqués dans la guerre à lutter contre celle-ci.
[45]
Académie des Sciences de l’URSS, Histoire
de
[46] A noter
que le 7e Congrès du KKE (1945) avait voté une
décision sur « l'unité politique internationale de la classe
ouvrière », qui mentionnait notamment : « … Le 7e Congrès du KKE (…) exprime le voeu que
tous les partis ouvriers du monde, qui croient au socialisme,
indépendamment de leurs différences, soient
intégrés le plus rapidement possible en une organisation
politique internationale unifiée de la classe ouvrière ».
KKE, Textes officiels, Ed. Synchroni
Epochi, T. 6, p. 113.
[47]
Déjà, en 1935, le 7e Congrès de l’IC « recommandait au CE de l’IC de
déplacer le poids principal de son action vers l’analyse des
thèses politiques de base et des thèses concernant la tactique du
mouvement ouvrier mondial, en évaluant les conditions spécifiques
et les particularités de chaque pays » et,
simultanément, il a conseillé au CE de l’IC « d'éviter en règle générale
l'ingérence directe dans les affaires organisationnelles des partis
communistes ». Après le 7e Congrès, a
débuté la réorganisation proprement dite du fonctionnement
de l’IC, selon laquelle « la
direction opérationnelle des départements est passée
directement dans les mains des départements eux-mêmes…, les
secrétariats régionaux ont été abolis, qui
précédemment exerçaient aussi un certain niveau de
direction opérationnelle (…) À la place des départements
du CE de l’IC, deux organes seulement ont été
créés : le département des cadres et le
département de la propagande et des organisations de masse ».
Académie de sciences de l'URSS, Histoire
de
[48] Kominform (Bureau
d’information des PC) : dans ce bureau étaient
représentés les partis communistes et ouvriers de Bulgarie,
Hongrie, Italie, Pologne, Roumanie, URSS, Tchécoslovaquie et France.
[49] Rapport d'action du CC du PC (b) au 19e
Congrès, Ed. CC du KKE, p.28.
[50] 20e Congrès du PCUS,
Ed. Zogia, 1965, p. 8.
[51] « La préparation de la nouvelle
guerre est étroitement liée à l'assujettissement des pays
d'Europe et des autres continents à l'impérialisme américain.
Le plan Marshall, l'Union occidentale et le Traité de l’Atlantique Nord
(Otan) sont les maillons de la chaîne du complot criminel contre la
paix ; ce sont également les maillons de la chaîne avec
laquelle les monopoles étrangers étranglent les autres peuples.
Le devoir des partis communistes et ouvriers dans les pays capitalistes est de
lier la lutte pour l'indépendance nationale au combat pour la paix, de
révéler continuellement le caractère antinational et
perfide de la politique des gouvernements bourgeois, transformés en
laquais de l'impérialisme américain, d’unir et de rallier toutes
les forces patriotiques démocratiques de chaque pays autour des slogans
visant à mettre fin à l'assujettissement honteux envers les
Etats-Unis, pour le passage vers une politique extérieure et
intérieure indépendante, conforme aux intérêts
nationaux des peuples. Les partis communistes et ouvriers doivent brandir haut
le drapeau de la défense de l'indépendance nationale et de la
souveraineté des peuples. » Archives du KKE, Résolution du bureau d'information des partis communistes et
ouvriers, Session de novembre 1949, Ed. Nea Ellada, p.73-74.
[52] V. I.
Lénine, Du mot d'ordre des
Etats-Unis d'Europe, Œuvres complètes, Vol. 21, et Le
programme militaire de la révolution prolétarienne, Vol.23,
[53] V I.
Lénine, Le gauchisme, maladie
infantile du communisme, Œuvres complètes, V.31,
[54]
À cette époque, Lénine défendait la position que
dans les pays à niveau « intermédiaire »
de développement capitaliste, il est « plus
facile de commencer, plus difficile de continuer » la
révolution socialiste.
[55] Le
programme du KKE, adopté à son 15e Congrès
(1996) précise dans le chapitre D sur la construction du socialsme : « La conception du KKE sur la construction
du socialisme s’appuie sur la théorie marxiste-léniniste et son
enrichissement sur base des conclusions et des réflexions de notre parti
concernant la construction du socialisme au 20e siècle. » 15e
Congrès, Documents, Ed. du CC du KKE (1996), p.124.
e-mail:cpg@int.kke.gr