L'Union européenne est le gendarme européen des profits des monopoles
à la conférence de presse du 30/03/2009.
« Selon nous, l'UE ne mérite qu'une appellation : celle de gendarme des profits des monopoles à travers l'Europe et dans chaque pays individuel. L'Union européenne n'est rien d'autre qu'une coopération entre pays en vue de coordonner les intérêts de la bourgeoisie et des monopoles, qui ont leur quartier-général au niveau national, en vue de déployer leurs activités dans toute l'Europe, et plus loin encore », a déclaré Aleka Papariga, la SG du CC du KKE, lors de la conférence de presse concernant les élections du Parlement européen qui s'est tenue le 30/03/2009. Ci-dessous, le texte complet du discours de la SG du KKE.
Je vous rappelle qu'il y a plusieurs mois, le Comité Central avait publié la Déclaration à propos des élections du Parlement européen. Cependant, le texte a dû être mis à jour étant donné que la crise a éclaté depuis. Le texte final de la Déclaration électorale a été publié comme supplément de "Rizopastis" le 29/03/2009.
Par ailleurs, je vous rappelle que la Déclaration électorale ne comprend pas uniquement nos observations, ni l'étude des évolutions ou les positions du KKE. Il comprend également des objectifs précis et des fronts de lutte, la position du Parti sur des questions générales qui, pourrait-on dire, affectent des questions spécifiques. Ainsi, ceux qui liront la Déclaration auront une vision à la fois globale et spécifique des objectifs et propositions du KKE concernant la classe ouvrière et d'autres couches populaires.
J'aimerais me concentrer sur certaines questions générales car elles déterminent notre position à propos de questions importantes et précises. Il faut considérer les élections du Parlement européen comme intimement liées à la crise qui sévit actuellement en Europe et en Grèce. Surtout maintenant que la crise touche l'Europe et la Grèce, le KKE doit être encore plus fort au sein du mouvement, de la lutte et du processus électoral.. Ce Parti est solide, expérimenté et il a été testé au niveau national et européen.
La classe ouvrière ne doit faire aucun sacrifice à cause de la crise
Tout le monde doit prendre en compte que, malgré ce qu'on nous raconte, il a été prouvé que l'UE ne peut ni éviter la crise, ni arriver à une convergence du niveau de développement parmi les peuples, ni assurer une croissance stable du niveau de vie. Qui plus est, elle ne peut garantir la paix, la démocratie, le développement culturel –qui améliore également la vie des gens -, la sécurité d'aujourd'hui et encore moins celle de demain.
Il n'existe aucune possibilité de sortie de crise au profit du peuple dans une Grèce où les monopoles et le capital en général dominent ou dans une Europe de monopoles. Les autres partis et gouvernements des États membres de l'UE prétendent qu'il existe une issue à la crise qui défendrait aussi bien les intérêts des capitalistes que ceux des travailleurs. Ceci n'est pas réaliste. La position du KKE, elle, l'est : les travailleurs ne doivent faire aucun sacrifice pour la crise. Dans le cadre de l'UE, il ne peut exister d'issue qui favorise les travailleurs. Afin qu'une telle issue soit envisageable, un front de lutte en faveur de la classe ouvrière et des peuples au niveau national et européen doit exister. Les peuples doivent s'opposer à l'Union européenne et aux gouvernements au niveau national. Ces gouvernements sont soit libéraux, sociaux-démocrates, soit des soi-disant gouvernements de centre-gauche.
Selon nous, l'UE ne mérite qu'une appellation : celle de gendarme des profits des monopoles à travers l'Europe et dans chaque pays individuel. L'Union européenne n'est rien d'autre qu'une coopération entre pays en vue de coordonner les intérêts de la bourgeoisie et des monopoles qui ont leur quartier-général au niveau national, en vue de déployer leurs activités dans toute l'Europe, et plus loin encore. En partant de ce point de vue, ceux qui désirent se battre contre l'UE, la condamner et même soutenir le fait que la Grèce n'ait aucun avenir en son sein et qu'elle devrait choisir la voie de la rupture en s'en retirant, devraient s'exprimer au travers du KKE. Ils devraient punir la ND (Nouvelle démocratie – conservateurs, ndt) et le PASOK (social-démocratie, ndt) et ne pas faire confiance à des partis comme le SYRIZA (membre du Parti de la Gauche européenne, ndt) qui critiquent légèrement l'UE. Lorsque le mouvement est en déclin et le mécontentement du peuple en retrait, ils soutiennent pleinement l'UE. Lorsque le peuple se soulève, alors ils lancent des critiques et se contentent d'adopter une phraséologie gauchiste. De même, le LAOS encourage les positions conservatrices parmi le peuple. Le LAOS n'accepte aucune mesure, pas même l'imposition des entreprises. Quoiqu'il en soit, il n'accepte aucune réduction de leurs profits. C'est un parti raciste, nationaliste, qui représente le passé.
Le critère principal devrait être la position des partis concernant le Traité de Maastricht.
Le critère principal pour juger les partis devrait être leur position concernant le Traité de Maastricht. Les travailleurs ne devraient ni considérer la question du Traité de Maastricht comme faisant partie du passé, ni exiger un retour aux discussions de 1992. La situation actuelle en Europe n'est pas simplement le résultat du Traité de Maastricht, elle incarne le Traité de Maastricht lui-même. Tous les traités qui ont suivi précisent ses principes généraux. Permettez-moi de vous rappeler que le KKE fut le seul parti, dans des conditions difficiles, à ne pas suivre la tendance pro-européenne. Nous en sommes fiers, nous sommes fiers d'avoir voté contre le Traité de Maastricht. En juillet 1992, le Parlement grec a ratifié le Traité de Maastricht qui a instauré le pilier du marché commun interne. Les frontières internes de l'UE ont été abolies en faveur des profits des monopoles. Cependant, elles ne sont abolies qu'en parole, que pour le capital. La rivalité entre les bourgeoisies allemande, française et anglaise, continue d'exister. Les "quatre libertés" ont ainsi été instaurées : la libre circulation des personnes, services, marchandises et du capital.
Que disaient alors les représentants de la ND, du PASOK et de SYNASPISMOS? Kostas Mitsotakis, le Premier ministre de l'époque, a dit : "Je reviens fier et heureux. Nous avons obtenu ce que nous voulions à Maastricht. Premièrement, la sécurité garantie par l'Europe politiquement unifiée et notre participation à l'UE, que nous avons obtenue malgré les nombreuses réactions."
Le peuple yougoslave peut répondre ! Car, ce qu'on entend par la sécurité, n'est pas la sécurité de plusieurs pays, mais la sécurité de tous en général. Bien sûr, lorsque nous parlons de sécurité, nous parlons de la sécurité des personnes, ce qui signifie que les personnes ne devraient pas se sentir menacées par le chômage et la pauvreté, par la détérioration de leurs droits et de leur niveau de vie.
Andreas Papandreou, qui était le président du PASOK, dans l'opposition, disait : « le PASOK votera pour la ratification du Traité de Maastricht. Bien sûr, ces objectifs de taux sont la vision d'un propriétaire de banque européenne. Cependant, nous devrions quand même voter pour le Traité de Maastricht. » En d'autres termes, on formule des critiques afin de duper les gens et puis on vote pour le traité !
La position du SYNASPISMOS était comparable. Mais, observons ce que le président du SYNASPISMOS, qui est supposé être plus cohérent, dit aujourd'hui : « C' était important pour nous à l'époque », en d'autres termes, lorsque le SYNASPISMOS a voté pour le Traité de Maastricht, « il fallait savoir si nous allions totalement rejeter l'unification et l'intégration à l'Europe, ou si nous allions la tolérer tout en critiquant sa mise en place. Nous avons choisi la deuxième option.»
La voie facile ! Je vote pour et puis je critique en espérant que de cette manière je recueillerai l'indulgence du public.
La conclusion est que la ND et le PASOK ont contribué et participé activement à toutes les décisions de l'UE.
Nous devrions mettre les choses au clair. Nous ne disons pas que cette UE impose à elle seule cette politique. C'est une question de décisions mutuelles et c'est cela qui compte. En fin de compte, personne ne peut imposer quelque chose à elle seule si nous n'en voulons pas. Ce sont des décisions mutuelles.
Nous aimerions rajouter quelque chose. L'UE n'est pas simplement un marché commun, il y a aussi l'Euro-armée, qui est le pilier européen de l'OTAN. Ceci estune question critique. La ND et le PASOK ont tout deux accepté la fondation et le renforcement de l'Euro-armée, que ce soit en tant que gouvernement ou en tant qu'opposition. Le SYN a offert un important soutient à l'Euro-armée dès le début. Selon le SYNASPISMOS, « la mise en place de l'Euro-armée est importante à condition qu'elle soit liée à la perspective d'indépendance et d'intégration politique de l'Europe. »
De plus, il veut une Euro-armée qui encourage l'intégration et l'indépendance de l'Europe. L'indépendance par rapport à quoi ? Par rapport aux États-Unis. Mais l'Union européenne est indépendante des États-Unis ! Cependant, elle n'est pas idéologiquement et politiquement indépendante de l'impérialisme. C'est un autre problème. En d'autres termes, pourquoi voulez-vous une Euro-armée ? Pour menacer les États-Unis dansla lutte pour les marchés ? D'autre part, il inclut l'Euro-armée dans la politique d'intégration. L'Euro-armée est impérialiste, c'est clair. Et elle reste le pilier européen de l'OTAN. L'UE elle-même déclare qu' « il n'est pas nécessaire pour l'OTAN d'aller partout, nous pouvons y aller à sa place. » Nous avons tous expérimenté ce rôle; je ne veux pas entrer dans les détails.
En outre, nous croyons que la bataille des élections du Parlement européen devrait avoir le même contenu que la bataille des élections nationales. Existe-t-il une différence entre les deux batailles ? Oui, il en existe une mais elle n'est pas déterminante selon nous. La première bataille débouche sur l'élection du Parlement national et la seconde, sur l'élection du Parlement européen. Dans les deux cas, il y a nécessité de condamner la politique de l'UE. Il est important de condamner la ND et le PASOK. De plus, les partis qui tentent de rendre la conscience populaire plus conservatrice ou qui tentent d'en empêcher sa radicalisation, ne devraient pas être considérés comme des alternatives.
L'UE est une alliance prédatrice.
La condamnation de l'UE est un "chemin à sens unique". Et je voudrais souligner le point suivant : les mythes qui ont été cassés ces dernières années. Il y a quelques années, on pouvait expliquer la foi en certaines promesses-mensonges et mythes. De nos jours, il n'existe plus de telle excuse. Actuellement, l'UE est un "chemin à sens unique" mais seulement pour les intérêts de la ploutocratie des États membres et des partis à son service. En réalité, la sortie de la Grèce de l'UE créerait des problèmes pour le capital grec car ils perdraient une partie de leur arsenal, notamment la législation et le soutien de l'UE. Ainsi, ils définissent eux-mêmes leur propre "chemin à sens unique" du profit, un chemin sans issue pour le peuple.
Notre position selon laquelle la Grèce et les Grecs peuvent trouver leur propre chemin à travers une lutte qui commencerait par la désobéissance et l'indiscipline et qui passerait par la rupture substantielle avec l'UE elle-même, est réaliste. Nous croyons que la coopération en Europe ne sera bénéfique qu'à partir du moment où il n'existera plus de ploutocratie dans autant de pays de l'UE que possible, et bien sûr qu'en fin de compte il n'en existe plus nulle part en Europe. Et lorsque l'Europe sera socialiste, alors nous pourrons reparler de coopération européenne, de l'Europe à laquelle les peuples adhéreront volontairement et non plus par la force des armes ou des mythes des fonds municipaux. Ils adhéreront volontairement parce qu'une telle Europe servira leurs intérêts. Ce ne sera plus au nom d'un quelconque arrangement financier.
L'Union européenne n'est pas une fraternité mais plutôt une alliance prédatrice. Lorsque la Communauté économique européenne fut fondée, ses forces furent rassemblées par opposition, lutte et haine face au système socialiste. Aujourd'hui, elle demeure unie afin d'augmenter l'exploitation des peuples et de renforcer l'UE au détriment des peuples; afin de s'approprier des parts de marché au-delà de l'Europe, en Amérique latine et ailleurs, contre les États-Unis mais également au sein des puissances capitalistes régionales grandissantes.
L'UE n'est une fraternité que lorsqu'elle prend des décisions communes contre les peuples. À l'heure actuelle par exemple, dans le cadre de la crise, la France se dispute avec l'Allemagne, l'Allemagne s'entend avec la Russie et l'Angleterre se rapproche des États-Unis. Alors qu'au début les autorités des anciens pays socialistes, maintenant des membres de l'UE, ont supplié de pouvoir adhérer à l'UE, elles recherchent actuellement le soutien des États-Unis afin de recevoir des fonds communautaires supplémentaires pour leurs propres hommes d'affaires, pour leur propre classe.
Ce n'est qu'un mythe que les fonds communautaires ont sauvé la Grèce. Si la Grèce ne s'était pas engagée au sein de l'UE, si la Grèce était entre les mains du peuple, des ouvriers, si c'était eux qui organisaient l'économie et la société en fonction des besoins humains et non en fonction des profits, n'aurait-elle pas de revenus ? N'aurait-elle pas d'argent ? Elle concentrerait alors la richesse qui appartiendrait au peuple.
Indiscipline et désobéissance
Bien sûr, nous pourrions nous demander s'il est possible pour la Grèce d'être autosuffisante et de vivre seule. Nous ne croyons pas que cela soit possible, pas dans ce monde. De toute façon, la Grèce pourrait lutter pour des relations égales et mutuellement bénéfiques avec d'autres pays en profitant des contradictions entre les pays capitalistes et en s'appuyant sur les résultats positifs qui surviendront, progressivement et graduellement, en Europe et dans le monde entier, puisque la Grèce ne sera pas le seul pays à se heurter à l'Union européenne. Ces affrontements, plus ou moins profonds, se développeront au cours des prochaines années en Europe et ailleurs. En dehors de l'UE, ce serait bien pire pour le capital, bien que bien meilleur pour le peuple grec.
Ceci est le point central que nous tenterons d'élucider lors de la campagne électorale. Nous allons l'illustrer à l'aide de deux exemples.
Tout d'abord, les subsides pour les fermiers, qui ne firent pas long feu, et qui leur avaient été accordés afin de vendre leurs produits, à bas prix, aux manufactures et autres industries.
Le deuxième exemple. Tous ces fameux programmes sociaux : les programmes sociaux pour les "services domestiques", "directeurs d'écoles", ou les programmes qui emploient des contractuels. Les personnes employées dans ces fonctions l'ont été grâce aux fonds de l'Union européenne et une fois ces fonds épuisés, la responsabilité incombait aux municipalités. Les municipalités prétendirent ne pas avoir les fonds nécessaires, de ce fait, elles ne payaient pas les salaires, etc.
C'est pourquoi, nous lançons un appel, même à ceux qui ne sont pas d'accord avec nous pour ce qui est du pouvoir politique et économique du peuple ou sur la sortie de l'UE, de se joindre à nous. Il est nécessaire pour eux de montrer leur volonté de contre-attaquer, qu'ils désirent une réorganisation du mouvement; qu'ils désirent punir.
Une fois de plus, permettez-moi de clairement déclarer qu'il n'est pas nécessaire qu'ils soient d'accord avec nous sur tout. Quoiqu'il en soit, nous ne pouvons pas manipuler les personnes. Cependant, nous pouvons nous mettre d'accord sur l'indiscipline et la désobéissance.
Un dernier exemple : que se passera-t-il lorsque l'âge de retraite pour les femmes passera à 65 ans ? Ce qui est train de se produire est répugnant. Le PASOK et la ND, et les porte-paroles de la GSEE (Confédération générale des travailleurs grecs) et de l'ADEDY (Confédération des syndicats de fonctionnaires publics) ainsi que d'autres cherchent des échappatoires légales. Cette affaire est liée à la politique, à la lutte des classes et à la société. La tendance générale veut que l'âge limite de la pension atteigne les 65, 67,71 ans. Cela n'a rien avoir avec l'égalité des sexes. Au contraire, cette parité entre les deux sexes représente une indication de l'inégalité. Il existe des raisons biologiques et sociales qui l'interdisent. Baisser l'âge de la retraite pour, à la fois, les hommes et les femmes, est une chose différente. Il y aura, et il devrait y avoir, dans le socialisme, une différence de 5 ans entre les hommes et les femmes.
Plus encore, ils encouragent les fonds professionnels, le second pilier le plus privatisé de l'assurance, qui à côté de celui de l'État pauvre, est celui au sein duquel les travailleurs trouveront des ressources et partageront les pensions en conséquence. Donc, il s'agit d'un second pilier qui supprime les fonds auxiliaires. De ce fait, ceux qui peuvent se tourner vers le troisième pilier, celui de l'assurance privée, le feront. Ne nous moquons pas des gens.
Indiscipline et désobéissance, afin que ces mesures ne soient pas appliquées. Voilà ce que nous disons. Et c'est bien plus réaliste que de dire qu'il faut adopter et trouver des chemins de transition afin de gagner du temps. Enfin, et c'est ce que le PASOK demande aussi, que les droits des personnes, surtout de celles qui s'approchent de l'âge de la retraite, ne devraient pas être touchés. Bien sûr, en déclarant ceci, le PASOK essaye d'éviter d'avouer qu'à partir de maintenant, l'âge limite moyen pour tout le monde est de 65 ans. En déclarant ceci, je crois que nous venons d'adopter une position claire. Nous croyons que nos thèses défendent l'intérêt des gens. Nos positions, qui sont nos armes, seront discutées en profondeur d'ici les élections.
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*** Many thanks to the WP of Belgium for the translation to French
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