Thèses et évaluations sur la guerre impérialiste contre l'Irak
Communiqué du CC du KKE
1. Le 20 mars 2003, l'Irak a été attaqué par des forces militaires des impérialistes américano-britanniques. Malgré la suprématie militaire écrasante des envahisseurs, le peuple irakien a résisté, indépendamment de l'opinion qu'il se faisait du régime de Saddam Hussein. Il a défendu l'indépendance et l'intégrité territoriale de sa patrie. Dès le premier jour, le peuple irakien a démenti les arguments des impérialistes qui soutenaient qu'il recevrait les envahisseurs à bras ouverts comme des libérateurs. Aujourd'hui, le peuple irakien se trouve sous occupation militaire américano-britannique. Les facteurs déterminants qui ont conduit à la ''chute de Bagdad'' sans résistance substantielle, contrairement à ce qui s'est passé avec les villes du reste du pays, ne sont pas encore perceptibles.
Les impérialistes européens, sous la houlette de l'axe franco-allemand, recherchent l'intervention de l'ONU dans le but de participer au partage du butin, pour que les contrats pétroliers conclus avec l'Irak ne soient pas menacés, et pour prendre part à la reconstruction. Ils tentent par le biais du Conseil de sécurité de l'ONU de légitimer rétroactivement la guerre illégale, et réaliser le partage sous le toit de l'ONU. Ces pays ont adopté une position négative face au lancement de cette guerre avant que n'ait pu être rédigé le rapport final des inspecteurs de l'ONU, sans pour autant exclure leur participation à la guerre s'il avait pu être démontré que l'Irak n'est pas désarmé. Ils ont par conséquent agi avec comme base de discussion les prétextes des Etats-Unis.
Nous saluons les mobilisations grandioses et massives du peuple grec et des jeunes contre la guerre impérialiste en l'Irak, ainsi que les grandes mobilisations dans le monde entier et, en particulier, celles du peuple américain.
Le PCG invite le peuple grec, les jeunes, à rester résolument aux côtés du peuple irakien, à rester solidaire de la résistance qu'il va déployer contre l'occupation impérialiste.
2. Le CC du PCG, dans un communiqué en date du 14 décembre 2002, a analysé le caractère impérialiste de cette guerre. Il l'a intégrée dans la stratégie de la ''guerre préventive''. Il a rejeté comme mensongers et trompeurs les arguments avancés que la guerre avait lieu soi-disant pour le désarmement de l'Irak des armes de destruction massive et pour le renversement de Saddam Hussein, qui avait été aidé et armé par les impérialistes eux-mêmes. La guerre avait été pré-décidée dans le but de redistribuer les marchés du Moyen Orient, avec au départ le territoire de l'Irak, afin que les Etats-Unis puisse asseoir et étendre leur hégémonie mondiale, acquérir le plein contrôle des ressources énergétiques de la péninsule d'Arabie où se situent les plus grandes réserves de pétrole confirmées du monde.
La guerre est directement liée aussi à la récession continue de l'économie américaine, à la nécessité de canaliser des capitaux accumulés dans la reconstruction de l'Irak, une fois qu'il aura été dévasté. L'intervention militaire en Afghanistan n'a pas appporté les résultats escomptés à la relance de l'économie américaine. Des groupes puissants de l'oligarchie boursière aux Etats-Unis appelaient à une nouvelle "guerre rapide'' contre l'Irak, comme un facteur indispensable à la relance économique, un avis partagé et promu par le président de la FED (Banque fédérale des Etats-Unis), ainsi que par le Fonds monétaire international (FMI). La mise en route de la machine de guerre meurtrière se traduit elle aussi par des profits considérables et de nouveaux contrats lucratifs.
Les plans de guerre ne s'arrêtent pourtant pas en Irak. D'ores et déjà, les Etats-Unis ont menacé ouvertement d'étendre la guerre contre la Syrie et l'Iran. En même temps, et avec la contribution de l'UE aussi, la question palestinienne est en passe d'être enterrée. L'agressivité impérialiste a placé dans son colimateur une longue liste de 60 pays, dont en première ligne la République populaire de Corée et Cuba. Les prétextes des Etats-Unis contre la République populaire de Corée et Cuba sont adoptés aussi par l'UE.
La guerre impérialiste a fait ressortir encore plus l'exacerbation des contradictions intra-impérialistes entre les Etats-Unis et les puissances dirigeantes de l'UE, les contradictions avec la Russie et la Chine. Sont également ressorties les contradictions internes au sein de l'UE.
La guerre contre l'Irak n'était pas à l'origine des contradictions, mais le détonateur pour qu'elles se manifestent. Les impérialistes euro-atlantiques n'ont pas pu se mettre d'accord ''pacifiquement'' dans le partage de l'Irak. L'impérialisme américain voulait tout pour lui avec certaines concessions à des intérêts anglo-néerlandais (Royal Dutch / Shell Group). Les perdants, surtout les intérêts monopolistes francais, allemands et russes, voulaient la fin des sanctions contre l'Irak et la matérialisation de leurs propres contrats.
Ces contradictions se sont exprimées aussi au sein du Conseil de sécurité de l'ONU, où les impérialistes américano-britanniques ne sont pas parvenus à faire voter une nouvelle résolution qui leur aurait donné l'approbation formelle à leur intervention. Les impérialistes américains et britanniques ont empêché les inspecteurs de l'ONU d'achever leur mission conformément à la résolution 1441 du 8 novembre 2002 du Conseil de sécurité de l'ONU et ont procédé unilatéralement à l'attaque contre l'Irak.
Ces contradictions ont fait apparaître de nouvelles divisions au sein des gouvernements des Etats capitalistes, au sein de l'UE elle-même.
Les développements confirment les thèses du PCG concernant la lutte interne au sein de l'UE en fonction d'intérêts conflictuels. Il y a confirmation d'un développement déséquilibré, de l'inégalité des relations et du creusement du fossé avec l'élargissement de l'Union. Ce qui est crucial et qui importe par conséquent le plus, c'est que le peuple grec prenne conscience que la division s'opère sur le terrain de l'impérialisme entre deux groupes de brigands qui se sont empoignés parce qu'ils n'ont pas pu se mettre d'accord dans le partage, et non pas entre deux camps, guerre ou paix.
3. Les gouvernements de l'UE, parmi lesquels aussi le gouvernement grec, ont eu un rôle actif dans la mise sur la touche de l'ONU en mars 1999, avec leur accord pour le raid contre le peuple yougoslave, s'alliant aux Etats-unis et à l'OTAN, alors que tout juste un mois plus tard, en avril 1999, ils votaient le nouveau dogme de l'OTAN qui ne reconnaît aucune frontière, légitime l'intervention contre des peuples et des mouvements rebelles. Et au Sommet de l'OTAN à Prague en novembre 2002, ils ont approuvé les nouveaux dogmes de l'impérialisme américain sur l'utilisation d'armes nucléaires et les attaques "préventives'' contre des pays sous prétexte de la lutte contre le terrorisme.
Si l'Allemagne, la France, la Belgique et d'autres pays, qui avaient des objections à la guerre, n'avaient pas fourni leur espace aérien, leurs bases et autres facilités à la guerre, la coalition noire aurait eu des difficultés insurmontables à mener cette guerre injuste.
Le gouvernement grec s'est joint de son plein gré, une fois encore, aux prétextes et aux choix criminels des impérialistes. Non seulement il n'a pas fait de son côté tout ce qui était de son possible pour empêcher la guerre, mais il a en plus donné apporté une aide décisive en autorisant les Etats-Unis à utiliser ses bases. Il a accordé toutes les facilités nécessaires pour les frappes meurtrières contre le peuple irakien. Il a placé sous le contrôle des Etats-Unis l'espace aérien de la Grèce, les ports et les aéroports. Il a accepté que des patrouilleurs américains contrôlent le golfe de la base aéro-navale de Souda, qu'un groupe de militaires américains s'installe à la base aérienne d'Araxos. Il a envoyé la frégate ''Koundouriotis" en mission d'intendance militaire en faveur de la flotte américaine, il a donné des équipages grecs pour les avions-espions AWACS. C'est-à-dire qu'il a donné terre et eau aux Etats-Unis, qu'il a participé à la guerre.
Le PASOK s'est comporté outrageusement face au peuple grec qui a, dans sa majorité écrasante, condamné la guerre. Il s'est fait passer hypocritement pour le défenseur et l'organisateur de manifestations anti-guerre en mettant en avant l'argument mensonger et fourbe que ''autre chose le parti, autre chose le gouvernement''.
Le gouvernement a avancé l'argument qu'il était tenu de respecter ses obligations émanant des accords signés avec les Etats-Unis et l'OTAN, en assimilant la politique au service de la ploutocratie à l'intérêt du peuple grec.
Le peuple grec ne peut pas et ne doit pas se sentir lié par les accords impérialistes léoniens, tels que le "nouveau dogme'' de l'OTAN, la politique de l'UE, la ''guerre préventive'', l'installation de bases américano-atlantiques, l'action de l'armée grecque en dehors des frontières nationales. Il faut qu'il résiste et désobéisse aux accords impérialistes, qu'il lutte pour les supprimer, parce qu'ils sont diamétralement opposées à ses propres intérêts.
4. La Nouvelle Démocratie (ND) a pris, dans la question de la guerre, le parti des intérêts de classe qu'elle défend et s'est identifiée à la politique gouvernementale, sous le slogan de la dite concorde nationale, c'est-à-dire de la concorde avec l'ordre impérialiste.
Il est évident qu'il faut la plus grande unité possible du peuple grec, mais qu'il soit uni contre cette guerre et contre l'ordre impérialiste. Cela signifie que notre peuple ne doit manifester aucune tolérance à tous ceux qui ont contribué à la construction du "nouvel ordre", et ont transformé la Grèce en une base d'attaque criminelle contre le peuple irakien, tout comme ils l'ont fait avant contre les peuples yougoslaves et afghans.
Le parti de la Coalition n'a pas pris clairement position dans la question de la sortie unilatérale de la Grèce de la guerre, alors qu'elle a soutenu le PASOK dans son effort de se faconner un profil pacifiste, en organisant des manifestations anti-guerre en commun avec des cadres pro-gouvernementaux dans le mouvement syndical. Elle a demandé au gouvernement de s'associer à l'axe franco-allemand qui joue un rôle actif dans le nouvel ordre impérialiste en défendant ses propres intérêts. Main dans la main avec le PASOK et la ND, elle a choisi de se placer sous la bannière d'un des pôles impérialistes contre l'autre, en faisant la distinction entre bons et mauvais impérialistes. Elle a accepté, comme les deux autres partis aussi (PASOK et ND), de laisser le choix des prises de décision aux pays impérialistes dirigeants qui produisent et commercialisent des armes de destruction massive, notamment de décider quels seront les armements des autres pays, leurs gouvernements, leurs régimes politiques, et tout cela indépendamment de l'attitude, de la volonté et du choix de chaque peuple.
5. La guerre contre l'Irak crée une situation encore plus dangereuse pour l'enjeu de la paix dans la région, de l'indépendance et de l'intégration territoriale des Etats de la région, une nouvelle situation menacante pour toute l'humanité. La stratégie de l'impérialisme multiplie les guerres locales, engendre le danger d'un conflit généralisé.
Il est urgent pour les peuples de la terre, les mouvements, d'organiser un front de lutte puissant au niveau national et international contre la politique des Etats-Unis qui lancent la guerre préventive et ambitionnent l'hégémonie mondiale. La lutte doit se développer en même temps aussi contre la politique impérialiste de l'UE, de l'OTAN, des unions et organisations impérialistes internationales. Une lutte anti-guerre, mais aussi une lutte pour des droits sociaux et démocratiques modernes. L'impérialisme est la cause de la guerre.
Il est urgent de développer une lutte systématique pour fermer les bases de la mort en Grèce, pour que les contingents militaires grecs ne sortent pas à l'extérieur des frontières nationales, pour interdire toute forme de facilités aux profiteurs de guerre impérialistes. Il faut que les soldats et les officiers qui sont en fonction en dehors des frontières rentrent. Il est impératif de lutter contre la constitution de forces de mercenaires qui seront envoyées prendre part à la guerre contre des peuples frères. Il faut condamner l'envoi d'un contingent de militaires ''volontaires" grecs en Irak, comme l'ont demandé les Etats-Unis. L'aide humanitaire qui doit être apportée ne peut être canalisée ni par des contingents militaires, ni bien sûr par l'armée d'occupation.
Il faut exiger la fin immédiate de l'occupation américano-britannique en Irak, le retrait des troupes, tout comme que ce soit le peuple irakien qui donne la solution à la nouvelle situation qui s'est aménagée dans son pays.
6. La classe ouvrière en Grèce, dans une action commune et en alliance avec les petits commercants, les petits et moyens agriculteurs, le mouvement pacifiste anti-guerre, les mouvements de la jeunesse, des femmes, des droits démocratiques, les mouvements pour les droits sociaux, la culture, l'education et la santé, tout mouvement qui résiste à la politique impérialiste, doit se dresser aussi longtemps qu'il est encore temps pour faire échec aux nouveaux plans belliqueux qui se dessinent tous proches à l'horizon. Il faut exprimer sur-le-champ et avec des actes la solidarité au peuple de Syrie, d'Iran, au peuple palestinien et à tout peuple du Moyen Orient, qui sont la cible de l'intervention impérialiste avec toutes ses conséquences. Il faut exprimer à temps la solidarité aux peuples de la République populaire de Corée et de Cuba qui sont dans le colimateur de l'impérialisme américain. Il faut revendiquer une solution juste de la question chypriote.
La lutte pour la paix et les droits sociaux est indissociablement liée avec la lutte pour le renversement du rapport de force actuel en Grèce. C'est une lutte contre les gouvernements et les politiques des forces qui soutiennent et participent à la politique impérialiste, qui la tolère au nom du réalisme. Une lutte qui pose la perspective du pouvoir populaire, de l'économie populaire.
Il faut punir le PASOK et la ND à la fois au plan politique et électoral parce que, entre autres, ils ont exposé le pays à des dangers considérables par son engagement dans les aventurismes guerriers des impérialistes. Ils mettent en danger directement la paix et l'intégrité territoriale du pays.
La politique de soumission et de participation active à l'ordre impérialiste a conduit au renforcement des prétentions de la Turquie, à faire de l'Egée une mer sous contrôle de l'OTAN, à promouvoir la légitimation de l'invasion et de l'occupation de Chypre.
Dans la conjoncture actuelle, la nécessité de construire le Front de lutte démocratique anti-impérialiste, anti-monopoliste devient un impératif. Il sera le point de départ du développement de la contre-offensive populaire efficace qui ouvrira la perspective d'avenir.
L'action pour rallier les forces anti-impérialistes, anti-monopolistes dépend décisivement du renforcement du PCG, du renforcement et de la galvanisation de ses lignes, de la lutte contre l'idéologie impérialiste, contre les conceptions et les dogmes qui cultivent le fatalisme, le compromis et le consensus.
Le peuple, avec ses grandes mobilisations contre la guerre, contre les restructurations capitalistes, doit répondre comme il se doit aux théories sournoises et dangereuses selon lesquelles ''nous vivons dans un petit pays'', et que par conséquent il ne peut y avoir d'autre solution que de se conformer, de s'intégrer, de se soumettre. Il doit combattre les idéologies des parias. Il dispose aujourd'hui aussi des armes nécessaires pour les combattre.
7. Les événements de ces dernières années, après la victoire de la contre-révolution dans les pays socialistes d'Europe centrale et orientale, les nuages de la guerre qui s'amoncellent aujourd'hui, rendent d'actualité la grande contribution du socialisme dans la cause de la paix, les victoires qu'ont remportées les peuples contre l'impérialisme au XXe siècle, les conquêtes sociales. Dans la conjoncture présente, l'optique du socialisme devient encore plus d'actualité, étant donné que les intérêts de ce système sont absolument associés, s'identifient pleinement à la paix. C'est le seul système qui ne fait pas de compromis avec l'exploitation de classe et avec l'oppression nationale, avec le profit capitaliste, avec tous les facteurs qui génèrent et provoquent la guerre impérialiste.
La défense du socialisme contre la diffamation impérialiste et le nihilisme délibéré est une lutte qui contribue aussi à la lutte pour la paix, puisqu'il soustrait aux impéralistes les prétextes de la guerre.
Elle crée les conditions pour conquérir la prospérité sociale populaire.
C'est une lutte qui fait ressortir les valeurs et les idéaux, les vertus du dévouement à l'intérêt populaire. Elle cultive l'optimisme et la combativité, qui constituent des facteurs idéologiques, politiques et culturels importants pour l'essor de la lutte populaire''.
Athènes, le 13/4/2003
1. Le 20 mars 2003, l'Irak a été attaqué par des forces militaires des impérialistes américano-britanniques. Malgré la suprématie militaire écrasante des envahisseurs, le peuple irakien a résisté, indépendamment de l'opinion qu'il se faisait du régime de Saddam Hussein. Il a défendu l'indépendance et l'intégrité territoriale de sa patrie. Dès le premier jour, le peuple irakien a démenti les arguments des impérialistes qui soutenaient qu'il recevrait les envahisseurs à bras ouverts comme des libérateurs. Aujourd'hui, le peuple irakien se trouve sous occupation militaire américano-britannique. Les facteurs déterminants qui ont conduit à la ''chute de Bagdad'' sans résistance substantielle, contrairement à ce qui s'est passé avec les villes du reste du pays, ne sont pas encore perceptibles.
Les impérialistes européens, sous la houlette de l'axe franco-allemand, recherchent l'intervention de l'ONU dans le but de participer au partage du butin, pour que les contrats pétroliers conclus avec l'Irak ne soient pas menacés, et pour prendre part à la reconstruction. Ils tentent par le biais du Conseil de sécurité de l'ONU de légitimer rétroactivement la guerre illégale, et réaliser le partage sous le toit de l'ONU. Ces pays ont adopté une position négative face au lancement de cette guerre avant que n'ait pu être rédigé le rapport final des inspecteurs de l'ONU, sans pour autant exclure leur participation à la guerre s'il avait pu être démontré que l'Irak n'est pas désarmé. Ils ont par conséquent agi avec comme base de discussion les prétextes des Etats-Unis.
Nous saluons les mobilisations grandioses et massives du peuple grec et des jeunes contre la guerre impérialiste en l'Irak, ainsi que les grandes mobilisations dans le monde entier et, en particulier, celles du peuple américain.
Le PCG invite le peuple grec, les jeunes, à rester résolument aux côtés du peuple irakien, à rester solidaire de la résistance qu'il va déployer contre l'occupation impérialiste.
2. Le CC du PCG, dans un communiqué en date du 14 décembre 2002, a analysé le caractère impérialiste de cette guerre. Il l'a intégrée dans la stratégie de la ''guerre préventive''. Il a rejeté comme mensongers et trompeurs les arguments avancés que la guerre avait lieu soi-disant pour le désarmement de l'Irak des armes de destruction massive et pour le renversement de Saddam Hussein, qui avait été aidé et armé par les impérialistes eux-mêmes. La guerre avait été pré-décidée dans le but de redistribuer les marchés du Moyen Orient, avec au départ le territoire de l'Irak, afin que les Etats-Unis puisse asseoir et étendre leur hégémonie mondiale, acquérir le plein contrôle des ressources énergétiques de la péninsule d'Arabie où se situent les plus grandes réserves de pétrole confirmées du monde.
La guerre est directement liée aussi à la récession continue de l'économie américaine, à la nécessité de canaliser des capitaux accumulés dans la reconstruction de l'Irak, une fois qu'il aura été dévasté. L'intervention militaire en Afghanistan n'a pas appporté les résultats escomptés à la relance de l'économie américaine. Des groupes puissants de l'oligarchie boursière aux Etats-Unis appelaient à une nouvelle "guerre rapide'' contre l'Irak, comme un facteur indispensable à la relance économique, un avis partagé et promu par le président de la FED (Banque fédérale des Etats-Unis), ainsi que par le Fonds monétaire international (FMI). La mise en route de la machine de guerre meurtrière se traduit elle aussi par des profits considérables et de nouveaux contrats lucratifs.
Les plans de guerre ne s'arrêtent pourtant pas en Irak. D'ores et déjà, les Etats-Unis ont menacé ouvertement d'étendre la guerre contre la Syrie et l'Iran. En même temps, et avec la contribution de l'UE aussi, la question palestinienne est en passe d'être enterrée. L'agressivité impérialiste a placé dans son colimateur une longue liste de 60 pays, dont en première ligne la République populaire de Corée et Cuba. Les prétextes des Etats-Unis contre la République populaire de Corée et Cuba sont adoptés aussi par l'UE.
La guerre impérialiste a fait ressortir encore plus l'exacerbation des contradictions intra-impérialistes entre les Etats-Unis et les puissances dirigeantes de l'UE, les contradictions avec la Russie et la Chine. Sont également ressorties les contradictions internes au sein de l'UE.
La guerre contre l'Irak n'était pas à l'origine des contradictions, mais le détonateur pour qu'elles se manifestent. Les impérialistes euro-atlantiques n'ont pas pu se mettre d'accord ''pacifiquement'' dans le partage de l'Irak. L'impérialisme américain voulait tout pour lui avec certaines concessions à des intérêts anglo-néerlandais (Royal Dutch / Shell Group). Les perdants, surtout les intérêts monopolistes francais, allemands et russes, voulaient la fin des sanctions contre l'Irak et la matérialisation de leurs propres contrats.
Ces contradictions se sont exprimées aussi au sein du Conseil de sécurité de l'ONU, où les impérialistes américano-britanniques ne sont pas parvenus à faire voter une nouvelle résolution qui leur aurait donné l'approbation formelle à leur intervention. Les impérialistes américains et britanniques ont empêché les inspecteurs de l'ONU d'achever leur mission conformément à la résolution 1441 du 8 novembre 2002 du Conseil de sécurité de l'ONU et ont procédé unilatéralement à l'attaque contre l'Irak.
Ces contradictions ont fait apparaître de nouvelles divisions au sein des gouvernements des Etats capitalistes, au sein de l'UE elle-même.
Les développements confirment les thèses du PCG concernant la lutte interne au sein de l'UE en fonction d'intérêts conflictuels. Il y a confirmation d'un développement déséquilibré, de l'inégalité des relations et du creusement du fossé avec l'élargissement de l'Union. Ce qui est crucial et qui importe par conséquent le plus, c'est que le peuple grec prenne conscience que la division s'opère sur le terrain de l'impérialisme entre deux groupes de brigands qui se sont empoignés parce qu'ils n'ont pas pu se mettre d'accord dans le partage, et non pas entre deux camps, guerre ou paix.
3. Les gouvernements de l'UE, parmi lesquels aussi le gouvernement grec, ont eu un rôle actif dans la mise sur la touche de l'ONU en mars 1999, avec leur accord pour le raid contre le peuple yougoslave, s'alliant aux Etats-unis et à l'OTAN, alors que tout juste un mois plus tard, en avril 1999, ils votaient le nouveau dogme de l'OTAN qui ne reconnaît aucune frontière, légitime l'intervention contre des peuples et des mouvements rebelles. Et au Sommet de l'OTAN à Prague en novembre 2002, ils ont approuvé les nouveaux dogmes de l'impérialisme américain sur l'utilisation d'armes nucléaires et les attaques "préventives'' contre des pays sous prétexte de la lutte contre le terrorisme.
Si l'Allemagne, la France, la Belgique et d'autres pays, qui avaient des objections à la guerre, n'avaient pas fourni leur espace aérien, leurs bases et autres facilités à la guerre, la coalition noire aurait eu des difficultés insurmontables à mener cette guerre injuste.
Le gouvernement grec s'est joint de son plein gré, une fois encore, aux prétextes et aux choix criminels des impérialistes. Non seulement il n'a pas fait de son côté tout ce qui était de son possible pour empêcher la guerre, mais il a en plus donné apporté une aide décisive en autorisant les Etats-Unis à utiliser ses bases. Il a accordé toutes les facilités nécessaires pour les frappes meurtrières contre le peuple irakien. Il a placé sous le contrôle des Etats-Unis l'espace aérien de la Grèce, les ports et les aéroports. Il a accepté que des patrouilleurs américains contrôlent le golfe de la base aéro-navale de Souda, qu'un groupe de militaires américains s'installe à la base aérienne d'Araxos. Il a envoyé la frégate ''Koundouriotis" en mission d'intendance militaire en faveur de la flotte américaine, il a donné des équipages grecs pour les avions-espions AWACS. C'est-à-dire qu'il a donné terre et eau aux Etats-Unis, qu'il a participé à la guerre.
Le PASOK s'est comporté outrageusement face au peuple grec qui a, dans sa majorité écrasante, condamné la guerre. Il s'est fait passer hypocritement pour le défenseur et l'organisateur de manifestations anti-guerre en mettant en avant l'argument mensonger et fourbe que ''autre chose le parti, autre chose le gouvernement''.
Le gouvernement a avancé l'argument qu'il était tenu de respecter ses obligations émanant des accords signés avec les Etats-Unis et l'OTAN, en assimilant la politique au service de la ploutocratie à l'intérêt du peuple grec.
Le peuple grec ne peut pas et ne doit pas se sentir lié par les accords impérialistes léoniens, tels que le "nouveau dogme'' de l'OTAN, la politique de l'UE, la ''guerre préventive'', l'installation de bases américano-atlantiques, l'action de l'armée grecque en dehors des frontières nationales. Il faut qu'il résiste et désobéisse aux accords impérialistes, qu'il lutte pour les supprimer, parce qu'ils sont diamétralement opposées à ses propres intérêts.
4. La Nouvelle Démocratie (ND) a pris, dans la question de la guerre, le parti des intérêts de classe qu'elle défend et s'est identifiée à la politique gouvernementale, sous le slogan de la dite concorde nationale, c'est-à-dire de la concorde avec l'ordre impérialiste.
Il est évident qu'il faut la plus grande unité possible du peuple grec, mais qu'il soit uni contre cette guerre et contre l'ordre impérialiste. Cela signifie que notre peuple ne doit manifester aucune tolérance à tous ceux qui ont contribué à la construction du "nouvel ordre", et ont transformé la Grèce en une base d'attaque criminelle contre le peuple irakien, tout comme ils l'ont fait avant contre les peuples yougoslaves et afghans.
Le parti de la Coalition n'a pas pris clairement position dans la question de la sortie unilatérale de la Grèce de la guerre, alors qu'elle a soutenu le PASOK dans son effort de se faconner un profil pacifiste, en organisant des manifestations anti-guerre en commun avec des cadres pro-gouvernementaux dans le mouvement syndical. Elle a demandé au gouvernement de s'associer à l'axe franco-allemand qui joue un rôle actif dans le nouvel ordre impérialiste en défendant ses propres intérêts. Main dans la main avec le PASOK et la ND, elle a choisi de se placer sous la bannière d'un des pôles impérialistes contre l'autre, en faisant la distinction entre bons et mauvais impérialistes. Elle a accepté, comme les deux autres partis aussi (PASOK et ND), de laisser le choix des prises de décision aux pays impérialistes dirigeants qui produisent et commercialisent des armes de destruction massive, notamment de décider quels seront les armements des autres pays, leurs gouvernements, leurs régimes politiques, et tout cela indépendamment de l'attitude, de la volonté et du choix de chaque peuple.
5. La guerre contre l'Irak crée une situation encore plus dangereuse pour l'enjeu de la paix dans la région, de l'indépendance et de l'intégration territoriale des Etats de la région, une nouvelle situation menacante pour toute l'humanité. La stratégie de l'impérialisme multiplie les guerres locales, engendre le danger d'un conflit généralisé.
Il est urgent pour les peuples de la terre, les mouvements, d'organiser un front de lutte puissant au niveau national et international contre la politique des Etats-Unis qui lancent la guerre préventive et ambitionnent l'hégémonie mondiale. La lutte doit se développer en même temps aussi contre la politique impérialiste de l'UE, de l'OTAN, des unions et organisations impérialistes internationales. Une lutte anti-guerre, mais aussi une lutte pour des droits sociaux et démocratiques modernes. L'impérialisme est la cause de la guerre.
Il est urgent de développer une lutte systématique pour fermer les bases de la mort en Grèce, pour que les contingents militaires grecs ne sortent pas à l'extérieur des frontières nationales, pour interdire toute forme de facilités aux profiteurs de guerre impérialistes. Il faut que les soldats et les officiers qui sont en fonction en dehors des frontières rentrent. Il est impératif de lutter contre la constitution de forces de mercenaires qui seront envoyées prendre part à la guerre contre des peuples frères. Il faut condamner l'envoi d'un contingent de militaires ''volontaires" grecs en Irak, comme l'ont demandé les Etats-Unis. L'aide humanitaire qui doit être apportée ne peut être canalisée ni par des contingents militaires, ni bien sûr par l'armée d'occupation.
Il faut exiger la fin immédiate de l'occupation américano-britannique en Irak, le retrait des troupes, tout comme que ce soit le peuple irakien qui donne la solution à la nouvelle situation qui s'est aménagée dans son pays.
6. La classe ouvrière en Grèce, dans une action commune et en alliance avec les petits commercants, les petits et moyens agriculteurs, le mouvement pacifiste anti-guerre, les mouvements de la jeunesse, des femmes, des droits démocratiques, les mouvements pour les droits sociaux, la culture, l'education et la santé, tout mouvement qui résiste à la politique impérialiste, doit se dresser aussi longtemps qu'il est encore temps pour faire échec aux nouveaux plans belliqueux qui se dessinent tous proches à l'horizon. Il faut exprimer sur-le-champ et avec des actes la solidarité au peuple de Syrie, d'Iran, au peuple palestinien et à tout peuple du Moyen Orient, qui sont la cible de l'intervention impérialiste avec toutes ses conséquences. Il faut exprimer à temps la solidarité aux peuples de la République populaire de Corée et de Cuba qui sont dans le colimateur de l'impérialisme américain. Il faut revendiquer une solution juste de la question chypriote.
La lutte pour la paix et les droits sociaux est indissociablement liée avec la lutte pour le renversement du rapport de force actuel en Grèce. C'est une lutte contre les gouvernements et les politiques des forces qui soutiennent et participent à la politique impérialiste, qui la tolère au nom du réalisme. Une lutte qui pose la perspective du pouvoir populaire, de l'économie populaire.
Il faut punir le PASOK et la ND à la fois au plan politique et électoral parce que, entre autres, ils ont exposé le pays à des dangers considérables par son engagement dans les aventurismes guerriers des impérialistes. Ils mettent en danger directement la paix et l'intégrité territoriale du pays.
La politique de soumission et de participation active à l'ordre impérialiste a conduit au renforcement des prétentions de la Turquie, à faire de l'Egée une mer sous contrôle de l'OTAN, à promouvoir la légitimation de l'invasion et de l'occupation de Chypre.
Dans la conjoncture actuelle, la nécessité de construire le Front de lutte démocratique anti-impérialiste, anti-monopoliste devient un impératif. Il sera le point de départ du développement de la contre-offensive populaire efficace qui ouvrira la perspective d'avenir.
L'action pour rallier les forces anti-impérialistes, anti-monopolistes dépend décisivement du renforcement du PCG, du renforcement et de la galvanisation de ses lignes, de la lutte contre l'idéologie impérialiste, contre les conceptions et les dogmes qui cultivent le fatalisme, le compromis et le consensus.
Le peuple, avec ses grandes mobilisations contre la guerre, contre les restructurations capitalistes, doit répondre comme il se doit aux théories sournoises et dangereuses selon lesquelles ''nous vivons dans un petit pays'', et que par conséquent il ne peut y avoir d'autre solution que de se conformer, de s'intégrer, de se soumettre. Il doit combattre les idéologies des parias. Il dispose aujourd'hui aussi des armes nécessaires pour les combattre.
7. Les événements de ces dernières années, après la victoire de la contre-révolution dans les pays socialistes d'Europe centrale et orientale, les nuages de la guerre qui s'amoncellent aujourd'hui, rendent d'actualité la grande contribution du socialisme dans la cause de la paix, les victoires qu'ont remportées les peuples contre l'impérialisme au XXe siècle, les conquêtes sociales. Dans la conjoncture présente, l'optique du socialisme devient encore plus d'actualité, étant donné que les intérêts de ce système sont absolument associés, s'identifient pleinement à la paix. C'est le seul système qui ne fait pas de compromis avec l'exploitation de classe et avec l'oppression nationale, avec le profit capitaliste, avec tous les facteurs qui génèrent et provoquent la guerre impérialiste.
La défense du socialisme contre la diffamation impérialiste et le nihilisme délibéré est une lutte qui contribue aussi à la lutte pour la paix, puisqu'il soustrait aux impéralistes les prétextes de la guerre.
Elle crée les conditions pour conquérir la prospérité sociale populaire.
C'est une lutte qui fait ressortir les valeurs et les idéaux, les vertus du dévouement à l'intérêt populaire. Elle cultive l'optimisme et la combativité, qui constituent des facteurs idéologiques, politiques et culturels importants pour l'essor de la lutte populaire''.
Athènes, le 13/4/2003
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